Le pétrolier est l'opérateur du champ d'Egina au Nigeria, dont il détient 24 %. Le projet a coûté 10 % de moins que le budget initial.

A 150 kilomètres, au large des côtes du Nigeria, les eaux profondes (1.600 mètres) du champ d'Egina ont commencé à livrer leur pétrole, a annoncé ce mercredi Total. Avec 24 % des parts, le groupe pétrolier français en est l'opérateur, au côté du chinois CNOOC (45 %), du brésilien Petrobras (16 %) et du nigérian Sapetro (15 %).

Pour Total, Egina marque une nouvelle étape dans l'exploitation pétrolière sous-marine, démarrée il y a plus de cinquante ans au Gabon.  La barge (FPSO) de 330 mètres de long est la plus grande jamais construite pour le groupe (qui en compte dix en Afrique de l'ouest). Elle servira à pomper le pétrole, à le stocker et à le décharger dans des tankers. Construite dans les chantiers navals sud-coréens, elle a été acheminée dans le port de Lagos il y a un an, où six des dix-huit modules de la plate-forme ont été construites dans les installations de SHI-MCI (une coentreprise détenue majoritairement par Samsung Heavy Industries).

 
Contenu local

Un niveau de contenu local inédit, imposé par une loi du Nigeria. « 77 % des heures travaillées sur le projet l'ont été dans le pays », a précisé Total dans un communiqué. Les hydrocarbures assurent  90 % des exportations du Nigeria et la moitié des recettes fiscales du pays, mais le PIB par tête de ce pays très peuplé (185 millions d'habitants) reste inférieur à celui de nombreux pays du continent africain.

Avec une production attendue, à terme, de 200.000 barils de pétrole par jour, le champ d'Egina représentera quelque 10 % de la production nationale. Lancé en 2013, juste avant la chute brutale des cours du pétrole, le projet a finalement coûté moins cher que prévu. Le démarrage « a pu être réalisé pour un coût de près de 10 % inférieur au budget initial, soit une économie de plus d'un milliard de dollars », a indiqué Total.

 

Une performance réalisée notamment « grâce à l'excellente performance des opérations de forage ayant permis de réduire de 30 % le temps de forage par puits », précise le groupe pétrolier.

 
Afrique, Brésil et Golfe du Mexique

Alors que tous les pétroliers ont coupé dans leurs budgets d'exploration pétrolière pour réduire leur point mort, Total mise notamment sur l'offshore profond pour développer sa production. A l'occasion de sa journée investisseurs en septembre, le groupe a ainsi indiqué viser une production de 500.000 barils équivalent pétrole par jour à l'horizon 2020 contre environ 350.000 à 400.000 actuellement (soit 15% de sa production totale).

Au-delà de l'Afrique où le groupe développe de nouveaux projets en Angola, au Nigeria ou au Congo, Total investit au Brésil et  mise sur le Golfe du Mexique .

Egina fait partie du bloc OML 130 dont une partie a déjà été mise en production (Akpo a démarré en 2009). Une décision d'investissement doit être prise cette année sur un autre gisement de ce bloc « prolifique », Preowei. Pour mutualiser les coûts, Total étudie d'ailleurs la possibilité de raccorder la découverte voisine de Preowei à sa plateforme Egina.

Véronique Le Billon Journal français les Echos le 02/01/2019