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28 juillet 2021 3 28 /07 /juillet /2021 14:21
 
 

 

   
 
 
Merci papa! Tu as raison… toutes ces années de course ensemble ont été un grand support pour me préparer pour cette course. Tous les conseils que l’on a reçu en faisant nos premiers marathons. Patrice m’a entraîné depuis plus d’un an en allant à la piscine, en vélo (il est même tombé en vélo sur une plaque de glace cet hiver pour suivre l’entraînement et puis les course en vélo qu’il a fait avec moi. Ensuite les enfants ont été d’un grand soutien le jour J. Il était la. Marc a couru les derniers 5 km avec moi à mon rythme et m’a motivé. Arpad a marché 3 km pour venir me retrouver sur le parcours. Je n’ai pas vu d’autres enfants. Bref c’est grâce à vous tous. MERCI! Quelques photos….
 
La veille samedi à Columbus… 
 
 Le départ qq minutes avant de rejoindre la queue des nageurs… je me suis placée dans les 50/55 min estimation parce que dans un lac. En piscine j’ai fait le 1.9km en 45/50min en temps   
 
 Mon équipe de supporters…. A 5h du matin. Llyona avait emmené le drapeau français. 
 
 Photo avec les enfants…
 
 Mes ongles colorés  
 
 Le départ…. Nerveuse
 
 L’arrivée 2hrs après la ligne d’arrivée.  Le vélo m’a été prêtée par une copine. Un Trek des années 1990. Un vieux vélo pour ce genre de course mais au moins la structure était carbone donc léger. Le mien est acier. Pas mal du tout pour moi. J’ai même dépassée des vélos très sophistiqués… 
 
 L’arrivée de la course à pied avec médaille. Ils annoncent ton nom à l’arrivée… il a fait très chaud 75% d’humidité - 90oF de température en pleine course. 
 


A l’arrivée à 2:30pm . Je vois Patrice & Marc-Aurèle derrière les grilles pour la première fois. Arpad est toujours sur la course à marcher pour rentrer au village Ironman. Il aura marcher seul 4mi - 6km. Marc-Aurèle est ensuite aller le retrouver sur la route… bref c’était une journée épique! Tu étais dans mes pensées tout le long.❤

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14 juillet 2021 3 14 /07 /juillet /2021 09:34

 

Ce récit fût transmis par ma belle-mère qui l'a vécue dans sa chair .Ainsi en est-il de la mémoire orale................rassembler les faits et reconstituer ce puzzle autant que faire ce peut en étant le plus précis soit-il .

Cette histoire se situe dans les années 1935/1936 en France dans cette ville française du canton de Thizy, département du rhône, Cours situé à 80 km de Lyon, au confin du département .

En ce temps là vivait la famille Bournet et sa veuve et ces trois enfants .

Le père Bournet était décédé vers 1930, il s'était suicidé quelques années auparavant, il avait fait toute la guerre de 14/18, il était revenu vivant, mais marqué à vie par cette orgie horrible et n'avait pu supporter ce fardeau si lourd, alors un jour qu'il s'était alcoolisé, il s'est donné un coup de fusil qui le tua sur le coup .

 

Il en fut de même pour le père Dulac en cette année 1929, même histoire, même guerre, même conséquence, même alcool, lui il se défenestra du haut de son troisième étage ou il habitait dans le quartier dit de Vivi, il mourru trois jours plus tard, avant cela il était conducteur du train de Cours, voie privée crée par les industriels pour acheminer les marchandises aux industriels { de Cours à Amplepuis } cette voie fut supprimé car l'écartement des voies n'était standard, les voies industrielles étaient de 900 mm, l'écartement standard est de 1 435 mm (soit quatre pieds huit pouces et demi). Ce train transportait aussi des voyageurs et je me souviens l'avoir pris une fois dans ma jeunesse, issue d'une famille nombreuse, nous avions jusqu'à 75% de réduction. Cette voie fut définitivement fermée dans les années 1955 .

 

Revenons à notre famille, cette Jeanne Papot-Libéral épouse Bournet, elle à 37 ans en 1935, veuve et a trois enfants à charge : L'ainé Roger 17 ans puis Lucienne 15 ans et Raymonde 13 ans .

Roger épousera "Nénette" Chassignol et ils auront un fils Jean-Claude Bournet.

Lucienne épousera Joseph Butty et ils auront deux enfants Christian et Evelyne .

Raymonde épousera Jean Lacroix et ils auront une fille Danielle Jeannine .

Jeanne est locataire dans une maison attenante à un corps de ferme situé au lieu-dit: bas de Cours.

Elle travaille dans une usine de couvertures, pour nourrir cette famille, sans aucune allocation d'aucune sorte à cette époque. Aujourd'hui sa famille est sauvée, les enfants travaillent tous dans les usines de tissage et ils aident leurs mère pour acheter la nourriture, payer le loyer et les charges, le fils Roger remplace le père, le seul homme de la famille, il fait le jardin à l'ouest de la maison pour produire les légumes pour tout ce petit monde .

La journée fatidique, personne ne se souvient ce qui a déclanché cet incendie qui pris sans doute dans le grenier à foin attenant à la ferme qui servait à nourrir les vaches, les longs mois d'hiver.

 

Très rapidement ce fut l'embrasement général de l'ensemble de ces batiments, toute la famille était là, c'est affolement général, l'on jette par la fenêtre, dans la cour ce que l'on veut sauver: linges, couvertures, objets divers.....................puis dans la panique avant de s'enfuir toute cette famille jette la vaisselle par la fenêtre qui va s'écraser dans la cour, même le réveil est jeté et puis comme pour forcer le destin il se mettra à carilloner . Plus tard arriveront les pompiers avec leur pompe à bras, il y a si peu d'eau dans la marre qui est dans le pré qui sert à donner à boire aux animeaux, les tuyaux en toile son percés et le peu d'eau qui arrive sur le bâtiment en proie aux flammes depuis plusieurs heures à bien du mal à arrêter les flammes.L'incendie s'arrêtera seul quand il ne restera que les murs en pierres, qui eux ne brûlent pas.....

La famille est sauvée, elle est là prostrée, regroupée dans la cour autour de la mère, ils ont tout perdu,les meubles, les lits, tout est calciné, ils ne leurs restent rien que leurs vêtements et quelques couvertures épargnés ..........................ils contemplent les ravages des flammes qui a tout détruit..............Ils n'ont plus de larmes pour pleurer, à quoi bon, il faut penser à dormir cette nuit déjà là, l'entraide existe, les voisins vont leur venir en aide pour les héberger provisoirement, et ce n'est que quand les travaux de réparation seront réalisés qu'ils pourront rejoindre leur maison. A cette époque là  il n'existe pas d'assurance, ni aucune aide de l'état ou de la mairie en pareille circonstance ................... petit à petit la maison retrouvera son maigre confort, la fameuse gasinière qui sert à se chauffer ainsi qu'à faire à manger, une table, des matelas pour dormir, quelques assiettes , des bols, des verres et c'est presque tout ......................

En ce temps là, les incendies sont fréquents . Mais ceux qui l'ont vécus s'en souviennent toute leur vie .

En ce souvenir je n'oublie pas que c'est Jeanne qui adouba le prénom de Laurent que je donnai à mon fils ce 8 juin 1967.

Jeanne s'en est allée d'une vie bien remplie en 1969 d'une jaunisse à l'hôpital de Cours fin juillet de cette année là .

Ainsi va la vie .

 

 

 

 

 

 

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19 novembre 2020 4 19 /11 /novembre /2020 10:52
Vincent Reffet : 'l'homme volant' meurt lors d'un entraînement
Vincent Reffet muni d'ailes en fibre de carbone et de mini-réacteurs, Dubai en 2015

Vincent Reffet muni d'ailes en fibre de carbone et de mini-réacteurs

Un cascadeur français célèbre pour ses exploits spectaculaires dans les airs muni d'ailes en fibre de carbone et de mini-réacteurs a été victime d'un accident mortel lors d'un entraînement à Dubaï.

Vincent Reffet faisait partie de la société Jetman Dubai.

Le cascadeur de 36 ans était connu pour ses exploits aériens au-dessus du Golfe et des Alpes et pour s'être élancé de la plus haute tour du monde, la Burj Khalifa.

Le communiqué indiquant la mort du pilote Jetman, Vincent Reffet, "lors d'un entraînement à Dubaï" n'a pas donné plus de détails. Une enquête sur les circonstances de sa mort est en cours.

"Vince était un athlète talentueux et un membre très apprécié et respecté de notre équipe", indique le communiqué.

"Nos pensées et nos prières vont à sa famille et à tous ceux qui l'ont connu et ont travaillé avec lui" indique le porte-parole de Jetman Dubaï, Abdallah ben Habtour.

Vincent Reffet during a photo shoot in September 2020

"Il y a tout à faire, chaque chose qu'on fait est un truc nouveau", avait déclaré Vincent Reffet

Doté d'un équipement permettant d'atteindre des vitesses de 400 km/h, de planer et d'effectuer des loopings, ses exploits avec Jetman Dubai ont rapidement gagné en popularité.

"Il y a tout à faire, chaque chose qu'on fait est un truc nouveau", avait déclaré Vincent Reffet dans une interview à l'AFP le mois dernier.

Avec Fred Fugen, son associé et compatriote français, Vince Reffet avait sauté d'une montagne dans un avion en mouvement, des images devenues virales.

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11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 09:45

 

Faits réalisés sous la Présidence Trump

Sur les 4 années de Présidence de Donald Trump, plus de 4 millions d'américains sont sortis du seuil de pauvreté en trouvant un travail. Ceux qui en ont le plus bénéficié sont les latinos et les Blacks. ❤
🔴 En 2 ans Donald Trump a été nominé trois fois pour le prix Nobel de la paix, il n'a fait aucune guerre!
Sur ses 4 années de sa Présidence :
🔴 Il renonce à son salaire de président (400 000 dollars annuels) et fait don de l’intégralité de son salaire à l'Amérique
🔴 Il a réformé la fiscalité et baissé massivement les impôts des entreprises et particuliers
🔴 Il a obtenu le taux de chômage des minorités, des noirs, des latinos, des handicapés, des anciens combattants et des femmes le plus bas de toute l’histoire des Etats-Unis.
🔴 Il a fait diminuer le chômage grâce aux nombre d'embauches dans les secteurs des services aux entreprises, de la santé et de l'assistance sociale...
🔴 Il a multiplié le montant des retraites par deux ou trois avec les records historiques de la Bourse.
🔴 Il a supprimé les aides à l’Autorité palestinienne tant qu’elle ne renoncera pas à salarier à vie les terroristes et leurs familles.
🔴 Il a relancé des projets de construction de deux oléoducs, Keystone XL (du Canada aux États-Unis), qui avait été bloqué par Barack Obama pour des raisons environnementales,
🔴 Il a remplacé l’ALENA qui favorisait les entreprises étrangères au détriment des constructeurs Américains avec l’USMCA.
🔴 Déménagé l’ambassade des États-Unis à Jérusalem.
🔴 Il a chassé l’Etat islamique de son Etat et éliminé les deux principaux terroristes au monde dont Abou Bakr al-Baghdadi
🔴 Il a taxé les Etats profiteurs de l’OTAN qui ne payaient pas leur taxe obligatoire
🔴 Il a abandonné le terrible accord nucléaire avec l’Iran
🔴 Il a autorisé les Pipelines Keystone et Dakota
🔴 Réalisé l’accord de normalisation économique entre la Serbie et le Kosovo.
🔴 Il a permis à l’Amérique de devenir le premier producteur de pétrole au monde, et exportateur pour la première fois de son histoire.
🔴 Il prend des mesures en 2018 pour étendre considérablement le forage en mer dans les eaux américaines.
🔴 Mis au broyeur des montagnes de réglementations fédérales qui bridaient les entreprises
🔴 Il lance une renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain. Le nouvel accord, entré en vigueur le 1er octobre 2018, contient notamment des dispositions visant à protéger l'industrie automobile américaine
🔴 Mis fin à la guerre contre le charbon, le charbon est "Roi" aux États-Unis
🔴 Il a financé les patrouilles frontalières
🔴 Financé des parcs nationaux
🔴 Il a financé les collèges Black
🔴 Il a débloqué 100 millions de dollars pour le logement à faible revenu
🔴 Débloqué 100 millions d’euros pour Flint, Michigan
🔴 Imposé des tarifs douaniers équilibrés à la Chine communiste. il met en place pour une période de quatre ans des taxes douanières sur les machines à laver, les panneaux solaires, dont la Chine est une grande exportatrice!
🔴 En 2017 il acté le retrait des États-Unis de l'accord de partenariat transpacifique, qu'il qualifie de traité destiné à avantager la Chine.
🔴 Il a mis fin à la stupide politique d’immigration "Capture et Libération"!
🔴 Détruit l’obligation tyrannique de souscrire à Obamacare
🔴 Il a annulé le suicidaire partenariat transpacifique !(TPP)
🔴 Engagé des discussions avec les ennemis nucléaires sans condition préexistantes
🔴 Il a rétabli le Conseil national de l’espace et créé la force spatiale.
🔴 Il a fait le plus grand avancement pour la paix au Moyen-Orient avec l’accord d’Abraham.
🔴 Il a doublé le financement de la lutte contre les incendies de forêt
🔴 Réformé la loi qui pénalise les minorités dans le maintien en prison par la loi pour une "seconde chance"!
🔴 Il a nommé 53 juges dans les 13 cours de circuit des États-Unis
🔴 Installé 205 juges à la Cour fédérale
🔴 Obtenu 2 (bientôt 3) juges à la Cour suprême
🔴 Il a déclenché une chasse à MS-13, le pire gang des Etats-Unis.
🔴 Il a fait reconnaître les médias comme l’industrie du mensonge et des Fake News!
🔴 Il s'est attaqué aux finances de la mafia pharmaceutique internationale qui ruine les peuples et empoisonne les populations
🔴 Il a Imposé des baisses massive des prix des médicaments sur ordonnance.
🔴 Il n’a pas utilisé le Covid-19 comme excuse pour profiter des citoyens des États-Unis.
🔴 Il a donné 100.000 dollars pour financer un traitement Covid
🔴 Il a mené une lutte pour sauver les enfants d'un immense trafic international d’êtres humains qui rapportait des milliards de dollars à l’État profond. Donald Trump a mené ouvertement cette lutte contre ces trafics depuis son élection en 2016 et c'est pour cela qu'il est si décrié par les médias à la solde de l'état profond. Partout désormais, des articles sortent sur les pédophiles et les ventes d'enfants sur internet, et les gens commencent à découvrir les horreurs. Pendant 4 ans, l'administration Trump a procédé à l'établissement de dizaines de milliers de dossiers judiciaires scellés ! L'arrestation de Epstein puis celle de Guilaine Maxwell ont grandement aidé à démonter les réseaux!
La liste est longue...
Quoi qu'en pense les médias, les démocrates, les anti-Trump, Donald Trump a été un bon président qui à tenu ses promesses à ses électeurs. Respects à Mr Donald et Mélania Trump.👏❤️🇺🇸
D.F
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15 septembre 2020 2 15 /09 /septembre /2020 16:32

 

Je voulais écrire sur la société de ce 21eme siècle, je commence par rappeler notre histoire commune .

 

Portrait de Norbert Elias

Evolution des mœurs dans le temps  et des civilisations

 Biographie de Norbert Elias    est un écrivain et sociologue allemand, né le à Breslau et mort le à Amsterdam.

 

Elias est né en Allemagne à Breslau, ville aujourd'hui polonaise. Il est issu d'une famille aisée d'intellectuels juifs particulièrement intéressés par la psychanalyse. Mobilisé durant la Première Guerre mondiale, il fait rapidement une dépression nerveuse et est jugé inapte puis exempté. Il entreprend, dès 1918, des études de philosophie et de médecine (universités de Breslau, Heidelberg, où il se forme à la sociologie allemande, et Fribourg). La psychanalyse freudienne est alors en plein essor. En 1930, il devient l'assistant de Karl Mannheim à l'Institut für Sozialforschung de Francfort. Fuyant l'Allemagne nazie, il s'exile en 1933 en Suisse, puis en France, où il essaye en vain de trouver un poste.Amie de Alexandre Koyré, le grand spécialiste de l'histoire des idées. Il arrive en Angleterre en 1935, où il passera une grande partie de sa carrière. Au début cependant, Elias ne parle pas l'anglais et il a du mal à faire connaître ses travaux en allemand. Il vit d'emplois précaires à Londres. De 1945 à 1954, il donne ainsi des cours particuliers à la London School of Economics. Finalement, il obtient en 1954 un poste d'enseignant à l'université de Leicester et devient en 1956, à 59 ans, professeur de sociologie.

 

Sa thèse sur la société de cour, rédigée en 1933 (mais jamais soutenue), tout comme son premier ouvrage sur le « processus de civilisation », paru en allemand, à Bâle, à la veille de la guerre, ne se diffusent qu'à partir de 1969 avec leur réédition en Allemagne. Très tardivement traduits en anglais (Sur le processus de civilisation ne le fut qu'en 1978 et 1982), ses ouvrages ne le furent en français que plus tardivement encore. Ils portent sur de nombreux thèmes :

 

l'histoire de l'auto-contrôle de la violence et l'intériorisation des émotions ; le sport ; la musique ; le rapport à la mort ; le rapport au temps.

 

Une citation :

 

« La mort ne recèle aucun mystère. Elle n'ouvre aucune porte. Elle est la fin d'un être humain. »

 

 

Les mœurs et les civilisations

 

 Norbert Elias a été un précurseur de la société moderne. Il a décrit à travers son ouvrage principal « La civilisation des mœurs » des phénomènes culturels auxquels la sociologie et l'ethnologie ne donnaient pour ainsi dire aucune importance. Ses études sont  le prolongement de la pensée de Marcel Mauss. Le dernier ouvrage paru de son vivant « La société des individus » démontre en trois chapitres le processus de mondialisation sur les sociétés humaines, et décrit les étapes que nous sommes entrain de vivre. La mondialisation ou la globalisation se fera en plusieurs étapes pour que l'humanité toute entière ne forme plus qu'une seule et unique « société-monde », pour son bien mais aussi pour son malheur. Les conflits entre les civilisations que nous vivons actuellement sont la conséquence des différences de mode de développement à travers les diverses nations de la planète. Nous souhaitons chacun imposer notre mode de développement pour garder nos caractéristiques culturelles propres. Aujourd'hui, l'occident est la partie du monde qui a été le plus loin dans son développement industriel et économique. Par conséquent, il souhaite l'imposer au reste du monde, mais il se trouve confronté à un paradoxe que le sociologue Bertrand Badie appelle « l'impuissance de la puissance ». On peut définir ce concept comme suit : à un espace de puissance s'opposent désormais des autres formes nouvelles de construction de l'espace mondial. Du court temps de la puissance économique se distingue celui du moyen, des mobilisations sociales et celui beaucoup plus long de la transformation totale des sociétés en une seule et unique par diffusionnisme. Pour illustrer cette évolution des mœurs à l'intérieur d'une même société, je vous invite à vous reporter aux extraits du"manuel scolaire catholique d'éducation domestique des femmes en 1960",et de "La sociologie est un sport de  combat" 2001 (question à Pierre Bourdieu en 1997) ci-dessous. Vous pourrez ainsi constater que les mœurs ont bien changé.

 

 

AUTHENTIQUE extrait d'un manuel scolaire catholique d'ECONOMIE DOMESTIQUE pour les  femmes, publié en 1960.

 

 

FAITES EN SORTE QUE LE SOUPER SOIT PRET

 

Préparez les choses à l'avance, le soir précédent s'il le faut, afin qu'un délicieux repas l'attende à son retour du travail. C'est une façon de lui faire savoir que vous avez pensé à lui et vous souciez de ses besoins. La plupart des hommes ont faim lorsqu ils rentrent à la maison et la perspective d'un bon repas (particulièrement leur plat favori) fait partie de la nécessaire chaleur d'un accueil.

 

SOYEZ PRETE

 

 Prenez quinze minutes pour vous reposer afin d'être détendue lorsqu'il rentre. Retouchez votre maquillage, mettez un ruban dans vos cheveux et soyez fraîche et avenante. II a passé la journée en compagnie de gens surchargés de soucis et de travail. Soyez enjouée et un peu plus intéressante que ces derniers. Sa dure journée a besoin d'être égayée et c'est un de vos devoirs de faire en sorte quelle le soit.

 

RANGEZ LE DÉSORDRE

 

Faites un dernier tour des principales pièces de la maison juste avant que votre mari ne rentre. Rassemblez les livres scolaires, les jouets, les papiers etc. et passez ensuite un coup de chiffon à poussière sur les tables.

 

PENDANT LES MOIS LES PLUS FROIDS DE L'ANNÉE

 

Il vous faudra préparer et allumer un feu dans la cheminée, auprès duquel il puisse se détendre. Votre mari aura le sentiment d'avoir atteint un havre de repos et d'ordre et cela vous rendra également heureuse. En définitive veiller à son confort vous procurera une immense satisfaction personnelle.

 

RÉDUISEZ TOUS LES BRUITS AU MINIMUM

 

 Au moment de son arrivée. Éliminez tout bruit de machine à laver, séchoir à linge ou aspirateur. Essayez d'encourager les enfants à être calmes.

 

Soyez heureuse de le voir. Accueillez-le avec un chaleureux sourire et montrez de la sincérité dans votre désir de lui plaire.

 

ECOUTEZ-LE

 

 Il se peut que vous ayez une douzaine de choses importantes à lui dire, mais son arrivée à la maison n'est pas le moment opportun. Laissez-le parler d'abord, souvenez-vous que ses sujets de conversation sont plus importants que tes vôtres. Faites en sorte que la soirée lui appartienne.

 

NE VOUS PLAIGNEZ JAMAIS S'IL RENTRE TARD À LA MAISON

 

Ou sort pour dîner ou pour aller dans d'autres lieux de divertissement sans vous. Au contraire, essayez de faire en sorte que votre foyer soit un havre de paix, d'ordre et de tranquillité où votre mari puisse détendre son corps et son esprit.

 

NE L'ACCUEILLEZ PAS AVEC VOS PLAINTES ET VOS PROBLÈMES

 

 Ne vous plaignez pas sil est en retard à la maison pour le souper ou même s'il reste dehors toute la nuit. Considérez cela comme mineur, comparé à ce qu'il a pu endurer pendant la journée. Installez-le confortablement.

 

Proposez-lui de se détendre dans une chaise confortable ou daller s'étendre dans la chambre à coucher. Préparez-lui une boisson fraîche ou chaude. Arrangez l'oreiller et proposez-lui d'enlever ses chaussures.

 

Parlez d'une voix douce, apaisante et plaisante. Ne lui posez pas de questions sur ce qu'il a fait et ne remettez jamais en cause son jugement ou son intégrité. Souvenez-vous qu'il est le maître du foyer et qu'en tant que tel, il exercera toujours sa volonté avec justice et honnêteté.

 

LORSQU'IL A FINI DE SOUPER, DÉBARRASSEZ LA TABLE ET FAITES RAPIDEMENT LA VAISSELLE

 

 Si votre mari se propose de vous aider, déclinez son offre car il risquerait de se sentir obligé de la répéter par la suite et après une longue journée de labeur, il na nul besoin de travail supplémentaire.

 

Encouragez votre mari à se livrer à ses passe-temps favoris et à se consacrer à ses centres d'intérêt et montrez-vous intéressée sans toutefois donner l'impression d'empiéter sur son domaine. Si vous avez des petits passe-temps vous-même, faites en sorte de ne pas l'ennuyer en lui parlant car les centres d'intérêts des femmes sont souvent assez insignifiants comparés à ceux des hommes.

 

A LA FIN DE LA SOIRÉE

 

 Rangez la maison afin quelle soit prête pour le lendemain matin et pensez à préparer son petit déjeuner à l'avance. Le petit déjeuner de votre mari est essentiel s'il doit faire face au monde extérieur de manière positive.

 

Une fois que vous vous êtes tous les deux retirés dans la chambre à coucher, préparez-vous à vous mettre au lit aussi promptement que possible.

 

BIEN QUE L'HYGIÈNE FÉMININE

 

Soit d'une grande importance, votre mari fatigué ne saurait faire la queue devant la salle de bain, comme il aurait à la faire pour prendre son train.

 

Cependant, assurez-vous d'être à votre meilleur avantage en allant vous coucher. Essayez d'avoir une apparence qui soit avenante sans être aguicheuse. Si vous devez vous appliquer de la crème pour le visage ou mettre des bigoudis, attendez son sommeil, car cela pourrait le choquer de s'endormir sur un tel spectacle.

 

EN CE QUI CONCERNE LES RELATIONS INTIMES AVEC VOTRE MARI

 

 Il est important de vous rappeler vos voeux de mariage et en particulier votre obligation de lui obéir. S'il estime qu'il a besoin de dormir immédiatement, qu'il en soit ainsi. En toute chose, soyez guidée par les désirs de votre mari et ne faites en aucune façon pression sur lui pour provoquer ou stimuler une relation intime.

 

SI VOTRE MARI SUGGÈRE L'ACCOUPLEMENT

 

 Acceptez alors avec humilité tout en gardant à "esprit que le plaisir d'un homme est plus important que celui d'une femme, lorsqu'il atteint l'orgasme, un petit gémissement de votre part l'encouragera et sera tout à fait suffisant pour indiquer toute forme de plaisir que vous ayez pu avoir.

 

SI VOTRE MARI SUGGÈRE UNE QUELCONQUE DES PRATIQUES MOINS COURANTES

 

 Montrez-vous obéissante et résignée, mais indiquez votre éventuel manque d1enthousiasme en gardant le silence. Il est probable que votre mari s'endormira alors rapidement; ajustez vos vêtements, rafraîchissez vous et appliquez votre crème de nuit et vos produits de soin pour les cheveux.

 

VOUS POUVEZ ALORS REMONTER LE RÉVEIL

 

Afin d'être debout peu de temps avant lui le matin. Cela vous permettra de tenir sa tasse de thé du matin à sa disposition lorsqu'il se réveillera.

 

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16 juillet 2020 4 16 /07 /juillet /2020 08:57
Le CDC confirme un taux de mortalité du Covid-19
remarquablement bas.
La plupart des gens sont plus susceptibles de se retrouver à six pieds sous terre à cause de presque toute autre chose sous le soleil autre que COVID-19.

Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) viennent de publier un rapport qui devrait bouleverser le récit de la classe politique, mais il entrera dans la pile épaisse de données vitales et d’informations sur le virus qui ne sont pas rendues publiques. Pour la première fois, le CDC a tenté d’offrir une estimation réelle du taux de mortalité global pour COVID-19, et dans son scénario le plus probable, le nombre est de 0,26%. Les responsables estiment un taux de mortalité de 0,4% parmi ceux qui sont symptomatiques et projettent un taux de 35% de cas asymptomatiques parmi les personnes infectées, ce qui ramène le taux de mortalité global par infection (IFR) à seulement 0,26% – presque exactement là où les chercheurs de Stanford l’ont établi il y a un mois.

COVID-19 Antibody Seroprevalence in Santa Clara County, California

Jusqu’à présent, nous avons été ridiculisés pour penser que le taux de mortalité était si bas, contrairement à l’estimation de 3,4% de l’Organisation mondiale de la santé, qui a contribué à alimenter la panique et les blocages. Maintenant, le CDC accepte le taux inférieur à l’encre ordinaire.

De plus, en fin de compte, nous pourrions découvrir que l’IFR est encore plus faible parce que de nombreuses études et dénombrements durs de populations confinées ont montré un pourcentage beaucoup plus élevé de cas asymptomatiques. Un simple ajustement pour un taux asymptomatique de 50% abaisserait leur taux de mortalité à 0,2% – exactement le taux de mortalité projeté par le Dr John Ionnidis de l’Université de Stanford.

Plus important encore, le taux de mortalité global n’a pas de sens car les chiffres sont tellement déséquilibrés. Étant donné qu’au moins la moitié des décès ont eu lieu dans des maisons de soins infirmiers, une estimation au dos de l’enveloppe montrerait que le taux de mortalité par infection pour les résidents des maisons de soins non-infirmiers ne serait que de 0,1% ou 1 pour 1 000. Et cela inclut les personnes de tous âges et de tous les états de santé en dehors des maisons de soins infirmiers. Étant donné que presque tous les décès sont dus à des comorbidités.

Le CDC estime que le taux de mortalité par COVID-19 pour les moins de 50 ans est de 1 sur 5000 pour ceux qui présentent des symptômes, ce qui serait de 1 sur 6725 dans l’ensemble, mais encore une fois, presque tous ceux qui meurent ont des comorbidités spécifiques ou des conditions sous-jacentes. Ceux sans eux sont plus susceptibles de mourir dans un accident de voiture. Et les écoliers, dont nous détruisons la vie, la santé mentale et l’éducation, sont plus susceptibles d’être frappés par la foudre.

Pour mettre les choses en perspective, un commentateur de Twitter a juxtaposé les taux de mortalité liés aux infections séparées par l’âge en Espagne à la probabilité annuelle moyenne de décès de quoi que ce soit pour les mêmes groupes d’âge, sur la base des données de la Social Security Administration. Il a utilisé l’Espagne parce que nous n’avons pas d’estimation détaillée du taux de mortalité par infection pour chaque groupe d’âge dans aucune enquête aux États-Unis. Cependant, nous savons que l’Espagne s’en est tirée pire que presque tous les autres pays. Ces données fonctionnent en fait avec un IFR de 1%, soit environ quatre fois ce que le CDC estime pour les États-Unis, donc si quoi que ce soit, les chiffres correspondants pour les États-Unis seront inférieurs.

Comme vous pouvez le voir, même en Espagne, les taux de mortalité dus à COVID-19 pour les jeunes sont très faibles et sont bien inférieurs au taux de mortalité annuel pour tout groupe d’âge au cours d’une année donnée. Pour les enfants, malgré leur jeune âge, ils sont 10 à 30 fois plus susceptibles de mourir d’autres causes au cours d’une année donnée.

Bien qu’il soit évident que les taux de mortalité annuels prennent en compte une multitude de causes de décès et que COVID-19 n’est qu’un virus, il fournit toujours une perspective bien nécessaire à une réponse de politique publique qui est complètement dissociée du risque pour tous, sauf les personnes les plus âgées et les plus malades du monde.

Gardez également à l’esprit que ces chiffres représentent vos chances de mourir une fois que vous avez déjà contracté le virus, c’est-à-dire le taux de mortalité par infection. Une fois que vous avez couplé la chance de contracter le virus en premier lieu avec la possibilité d’en mourir, de nombreuses personnes plus jeunes ont plus de chances de mourir d’un coup de foudre.

Quatre médecins spécialistes des maladies infectieuses au Canada estiment que le taux individuel de décès par COVID-19 pour les personnes de moins de 65 ans est de six pour un million de personnes, soit 0,0006% – 1 sur 166 666, ce qui est « à peu près équivalent au risque de mourir d’un accident de véhicule à moteur au cours de la même période. » Ces chiffres concernent le Canada, qui a enregistré moins de décès par habitant que les États-Unis; cependant, si vous retirez New York et ses comtés environnants de l’équation, les deux pays sont à peu près les mêmes. N’oubliez pas non plus qu’une grande partie des décès est liée aux décisions politiques suicidaires de certains États et pays de placer des patients COVID-19 dans des maisons de soins infirmiers. Un incroyable 62 pour cent de tous les décès dus à COVID-19 ont été confirmés dans les six États, même s’ils ne représentent que 18% de la population nationale.

Nous avons détruit notre pays tout entier et suspendu la démocratie pour un mensonge, et ces personnes ont perpétré un degré de panique non scientifique. Vont-ils jamais admettre les graves conséquences de leur erreur ?

 

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SOURCES :

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10 juillet 2020 5 10 /07 /juillet /2020 11:24

Le ministre français de la justice Eric Dupond-Moretti.

Le ministre français de la justice Eric Dupond-Moretti. © EPA
Eric Dupond-Moretti en couple (discret) avec une chanteuse

Le ministre français de la Justice partage sa vie avec la chanteuse Isabelle Boulay depuis près de quatre ans.

Eric Dupond-Moretti et Isabelle Boulay vivent une histoire d’amour très discrète depuis 2016. Quelques mois après leur rencontre grâce à des amis en communs, leur liaison a été révélée à leur insu par un magazine people qui avait dévoilé une série de clichés pris par des paparazzis. L’avocat avait alors intenté un procès, qu'il avait gagné: “Ils nous ont piqué des photos dans des conditions dégueulasses”, avait-il confié par la suite à Laurent Delahousse. “On n’avait pas choisi ce moment-là. Isabelle a un petit garçon, elle souhaitait le protéger, il ne savait pas. On ne souhaitait pas parler de ça à ce moment-là et on nous a volé une partie de l’intimité de notre vie privée”.

Au Québec, le nouveau ministre français de la Justice a d’ailleurs été présenté comme “Monsieur Boulay”, comme le note BFMTV. “La star, ici, c’est elle”, a déclaré Fiona Collienne, correspondante de la chaîne française à Montréal.

 

Le couple a également passé le confinement séparé, comme l’avait confié M. Dupond-Moretti dans Nice Matin: “Ce n’était pas du tout volontaire, on a été pris de court. Je me suis retrouvé loin de ma famille, loin de ma compagne confinée sur la banquise...”

Isabelle Boulay.
 
https://youtu.be/4PJaz1_VKp0    

 

 

Origine

Éric Dupond-Moretti, né le à Maubeuge, est un avocat et homme politique français. Il possède également la nationalité italienne.

Avocat pénaliste, il est réputé pour le nombre d'acquittements qu'il a obtenus sur le territoire français, mais aussi par certaines controverses qu’il suscite du fait de sa forte médiatisation.

Le , il est nommé garde des Sceaux, ministre de la Justice au sein du gouvernement Jean Castex, sous la présidence d'Emmanuel Macron.

Situation personnelle

Origines et formation

Né Éric Dupond, il est le fils unique de Jean-Pierre Dupond, ouvrier métallurgiste originaire de l'Avesnois, et d'Elena Moretti, femme de ménage d’origine italienne. Il perd son père à l'âge de quatre ans, sa mère l’élève alors seule. Il fait ses études secondaires au lycée catholique Notre-Dame, à Valenciennes, où il obtient son baccalauréat.

Sa vocation d'avocat puise ses origines dans son histoire familiale. Son grand-père maternel, immigré italien, est retrouvé mort en 1957 dans des conditions suspectes, le long d'une voie ferrée. Son oncle porte plainte afin qu'une enquête soit ouverte. Ceci le décidera à choisir la voie du droit. Dupond-Moretti dira : « Je pense que c’est à l’origine de cette vocation. Cela y participe à l’évidence ». Comme plusieurs grands pénalistes orphelins de père (Robert Badinter, Georges Kiejman, Hervé Temime), son enfance est marquée par ce sentiment d'injustice. Mais le véritable déclic a lieu à 15 ans en 1976 lorsqu'il entend à la radio l'annonce de l'exécution de Christian Ranucci.

Dans son livre Directs du droit, il écrit être devenu avocat par « détestation de la peine de mort ». Il effectue plusieurs petits boulots pour financer ses études : fossoyeur, maçon, ouvrier à la chaîne, déchargeur de sacs de sable, serveur dans des boîtes de nuit ou serveur de restaurant, assistant d'éducation.

À l'issue de ses études de droit, il est reçu à l'examen d'entrée à l'école d'avocats. Il est lauréat ex æquo de la Conférence du stage, le concours d'éloquence des avocats du barreau de Lille.

Vie privée

En 1991, il épouse Hélène, une ancienne jurée rencontrée lors d'un procès d'assises, avec qui il a deux enfants.

Divorcé, il partage sa vie depuis 2016 avec la chanteuse canadienne Isabelle Boulay.

Passionné de chasse, il possède une ferme flamande avec des chiens d'arrêt et des rapaces élevés pour la chasse au faucon. Il est aussi passionné de corrida. C'est un grand lecteur d'ouvrages de politique et de droit ; il dit consacrer du temps à la rédaction de ses romans.

Carrière d'avocat

Après avoir prêté serment comme avocat le 11 décembre 1984 à Douai, il s'inscrit au barreau de Lille. Engagé dans un cabinet lillois après avoir vainement tenté d'intégrer plusieurs cabinets d'avocats réputés, il commence sa carrière dans les prud'hommes, puis dans les commissions d'office avec pour mentors l'avocat lillois Jean Descamps et l'avocat toulousain Alain Furbury dont il porte aujourd'hui la robe. Lors de sa première affaire, des pièces qui lui sont destinées sont envoyées à un confrère nommé également Dupond, c'est alors qu'il décide d'adjoindre à son patronyme, à titre d'usage, le nom de sa mère (Moretti), lui rendant ainsi hommage.

Il obtient son premier acquittement le 27 mars 1987.

En 1993, il se dit victime d'un « coup fourré » de la part du procureur José Thore qui aurait tenté de le faire tomber dans un dossier de stupéfiants, des traces de cocaïne ayant été retrouvées dans sa berline. Il subit alors une perquisition et une garde à vue qui auraient pu mettre fin à sa carrière.

 
Éric Dupond-Moretti en 2018.

En décembre 2008, il détient le record des acquittements obtenus sur le territoire français. Pour ses résultats, il est surnommé « Acquittator » dans les prétoires. Ses victoires lui valent aussi le surnom d'« Ogre du Nord ». Son aversion à l'égard d'une certaine magistrature, « institution de faux-culs, petit monde de l'entre-soi et de l'irresponsabilité » et le rapport de force qu'il engage avec les magistrats lors des procès font que certains d'entre eux voient en lui un « terroriste des prétoires ».

Selon ses propres dires, le surnom qu'on lui donne était initialement « Acquittador », en référence à sa passion pour la tauromachie. Ce surnom fut repris en « Acquittator » transformant ainsi le « D » en « T », en référence cette fois à Terminator, par un journaliste présent au moment des faits lors d'une conférence à Marseille, sobriquet qu'il n'apprécie pas.

En 2016, après trente ans à Lille, il s'inscrit au barreau de Paris et fonde, en association avec Antoine Vey, le cabinet Dupond-Moretti & Vey. Vincent Hugeux de L'Express décrit en 2018 la situation paradoxale qui fait du « tonitruant défenseur des humbles, des sans-grades », l'avocat ou le conseiller de certains chefs d’État africains peu respectueux des règles démocratiques et des droits de l'homme.

En février 2020, il obtient son 145e acquittement.

Engagement politique

Prises de position

Éric Dupond-Moretti préside le comité de soutien de Martine Aubry pour les élections municipales de 2008 à Lille. Il signe également une tribune en sa faveur dans Libération avant les primaires socialistes de 2011. Il lui prédit alors : « vous serez réélue, la souveraineté populaire est raisonnable ».

Il refuse la Légion d'honneur en 2013, tout comme il a refusé d'entrer en franc-maçonnerie, par désintérêt pour des cérémonials pesants, affirmant : « Oui, je suis un homme libre. J'admets ma fierté d'être avocat, d'avoir refusé la Légion d'honneur et la franc-maçonnerie ».

En mai 2015, Éric Dupond-Moretti se déclare partisan de l'interdiction du Front national, tout en précisant que « c’est compliqué car après, il y a reconstitution de ligue dissoute ».

En septembre 2019, il plaide pour les policiers présumés victimes de la réaction virulente de Jean-Luc Mélenchon et de ses proches aux perquisitions effectuées à son domicile et au siège de la France insoumise en octobre 2018. Au moment de l'affaire, Jean-Luc Mélenchon fait allusion à de supposées proximités entre Éric Dupond-Moretti et le pouvoir présidentiel, en réponse de quoi l'avocat lui conseille de « prendre une camomille ou de l'homéopathie pour se calmer ».

En octobre 2019, il signe avec 40 personnalités du monde du spectacle et de la culture, parmi lesquelles Denis Podalydès, Pierre Arditi, l'ex-ministre de la Culture Françoise Nyssen ou le journaliste Patrick de Carolis, un appel contre l'interdiction de la corrida aux mineurs que la député Samantha Cazebonne voulait introduire dans une proposition de loi sur le bien-être animal.

Le 20 février 2020, il se prononce contre l'utilisation de pseudonymes sur les réseaux sociaux (une pratique souvent assimilée à une forme d'anonymat). À ce sujet, il déclare : « Il faut interdire toute communication sur les réseaux sociaux qui ne serait pas signée. L'anonymat libère un tas de lâches qui peuvent dire toutes les conneries du monde ».

Ministre de la Justice

Le , il est nommé garde des Sceaux, ministre de la Justice dans le gouvernement Castex. La nomination de cette « personnalité clivante » suscite l'opposition de l'Union syndicale des magistrats, qui y voit une « déclaration de guerre à la magistrature ». Lors de la passation des pouvoirs, le lendemain, il promet de faire de son ministère « celui de l’antiracisme et des droits de l'homme ». Sa première visite officielle a lieu à la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne, le 7 juillet.

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8 juillet 2020 3 08 /07 /juillet /2020 19:33
SCANDALE – Comment la Banque centrale européenne a gavé l’homme le plus riche de France

Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, la troisième fortune mondiale, gavé par la banque centrale européenne (BCE) ? Vous ne rêvez pas. La banque centrale européenne a subventionné le rachat par LVMH, groupe de Bernard Arnault, d’un joaillier américain, pour 14 milliards d’euros. À travers des programmes de rachat d’actifs financiers, la BCE subventionne bien des milliardaires. Quand elle refuse, « en même temps », d’annuler les dettes publiques et de financer la transition écologique. Ce véritable scandale démocratique est passé totalement sous les radars médiatiques. L’insoumission vous l’explique dans un court entretien vidéo avec l’eurodéputée insoumise Manon Aubry (voir ci-dessous).

La BCE subventionne le rachat par LVMH, groupe de Bernard Arnault, d’un joaillier américain pour 14 milliards d’€

Vous n’avez pas entendu parler du scandale Arnault / BCE dans les médias traditionnels. Même pas dans Les Échos. Ce journal, possédé par Bernard Arnault, en a fait un papier très technique. Objectif : noyer le lecteur pour qu’il ne comprenne surtout pas le scandale. « La BCE offre un festin gratuit au plus riche des français » titre l’agence Bloomberg du côté de la presse anglo-saxonne. « La BCE achète des obligations LVMH pour financer l’acquisition de Tiffany, rendant encore plus riche l’homme le plus riche de France », tacle de son côté le site financier américain Zéro Hedge. Du côté de la presse française ? À part dans la presse spécialisée, silence radio.

On parle pourtant de Bernard Arnault. L’homme le plus riche de France. Le troisième homme le plus riche du monde juste derrière Bill Gates et Jeff Bezos. Le patron d’Amazon a pris « un peu » d’avance dans la course à l’accumulation de milliards. Celui-ci a en effet empoché 24 milliards de dollars pendant le confinement. Mais Bernard Arnault peut aussi se frotter les mains. Son groupe de luxe, LVMH, vient de racheter « Tiffany & Co » : une entreprise américaine de joaillerie et d’« art de la table ». Fondée en 1837 dans Manhattan à New York, cette entreprise a atteint une cotation boursière de 14 milliards de dollars au moment de son rachat par le groupe de Bernard Arnault.

Jusque-là, rien d’inhabituel pour le n°1 mondial du luxe. LVMH est coutumier du fait et engloutit les groupes de luxe les uns après les autres. Petit détail cependant. En février dernier, LVMH a lancé une émission obligataire pour un montant de 9,3 milliards d’€ dans le but de financer l’achat de « Tiffany ». Or, depuis juin 2016, un nouveau programme d’achat d’actifs financiers a été lancé par la BCE : un programme d’achat d’obligations « corporate », émises par les entreprises de la zone euro (programme CSPP). Et c’est grâce à ce dispositif que LVMH a pu se gaver auprès de la BCE. L’insoumise Manon Aubry a été une des rares élues à dénoncer le scandale. Nous l’avons donc invitée sur l’insoumission, pour nous l’expliquer. Et comme vous pourrez le constater dans notre interview, ce n’est que le premier scandale dans l’Affaire BCE-Arnault.

De directrice adjointe de la BCE au conseil d’administration de LVMH : le cas Natacha Valla

Utiliser de l’argent public pour financer le rachat de Tiffany par LVMH ? Christine Lagarde ne voit pas le problème. La présidente de la BCE répond : « le programme de rachat d’obligation corporate (CSPP) par la BCE est collé à la photographie du marché. Les titres verts représentent 20 % du marché. Ils représentent donc 20 % de nos achats. » Le réchauffement climatique ? Que nenni ! Ce n’est pas le problème de la BCE qui se borne à reproduire fidèlement la compétition et les rapports de force du marché dans sa politique monétaire. La BCE est indépendante, on vous dit ! Indépendante des États, ça oui. Indépendante des intérêts privés et financiers ? C’est plus compliqué. Un cas illustre assez bien les passerelles et potentiels conflits d’intérêts entre dirigeants de la BCE et des plus grands groupes mondiaux.

Elle a un nom, elle a une adresse : Natacha Valla, directrice adjointe de la politique monétaire de la BCE. Enfin… elle l’était jusqu’au 30 juin 2020, jour où nous écrivons ces lignes. Dès le 1er Juillet, Natacha Valla aura rejoint le conseil d’administration… de LVMH. Après avoir lu le début de l’article, compris que LVMH a bénéficié d’un programme de rachat d’obligation d’entreprise par la BCE, vous comprenez que le cas Natacha Valla pose problème. Le groupe LVMH lui même reconnaît que l’expertise acquise par Natacha Valla à la BCE lui sera utile. Sa connaissance des dossiers sûrement également. Les conflits d’intérêts sont légion au niveau européen. Celui-ci saute aux yeux.

L’annulation des dettes publiques détenues par la BCE : priorité politique absolue pour ne pas rejouer l’austérité

Des programmes de rachat d’actifs financiers ? Incompréhensible ! La politique monétaire de la Banque centrale européenne ? Au secours ! Le sujet est confisqué par la presse spécialisée. Par les pseudos experts en économie. Mais surtout, que le peuple reste éloigné du sujet. Vu de l’extérieur du champ économique, le sujet de la politique monétaire de la Banque centrale européenne peut paraître technique et rébarbatif. Il est pourtant capital. De ces orientations découlent beaucoup d’aspects de nos vies. Le serrage de ceinture des fins de mois, l’accès gratuit à l’hôpital public, à l’enseignement supérieur, aux services publics dans leur ensemble. Car oui : les politiques austéritaires sont décidées au niveau de la BCE, de la Commission européenne et du FMI, la fameuse « Troïka » qui a mis la Grèce à genoux.

La BCE détient dans ses coffres l’équivalent de 18 % de la dette publique française et des différents États membres de la zone euro. La BCE détient seule le pouvoir de création monétaire dans la zone euro depuis 1998. Pourtant, elle refuse d’annuler les dettes publiques qu’elle détient dans ses coffres. Proposition portée par Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale dans le champ politique, et par de plus en plus d’économistes dans le champ intellectuel. Aux Gaël Giraud, Laurence Scialom et autres Alain Grandjean, s’ajoutent désormais des économistes libéraux tel qu’Alain Minc ! Loin des cris d’orfraie des pseudos spécialistes des chaînes d’info en continu, cette proposition relève du bon sens. Aucune dette de cette ampleur n’a jamais été remboursée dans l’Histoire. Et avec la crise économique engendrée par la crise sanitaire, la force étatique a plus que jamais besoin de leviers économiques. Depuis des décennies, la dette publique est utilisée pour justifier les politiques austéritaires, comme prétexte pour détruire nos services publiques et privatiser des pans entiers de nos économies. Le sujet de la dette publique constitue donc une priorité politique absolue qu’on ne peut laisser aux pseudos experts. Il est temps d’une saisine citoyenne de ces questions. Car tout en découle. Il n’y aura pas de réelle bifurcation écologique sans débat sur les statuts de la BCE. Mais en attendant, silence, la BCE enrichit l’homme le plus riche de France.

Par Pierre Joigneaux.

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20 juin 2020 6 20 /06 /juin /2020 16:43
Exploitées ou adulées : quel était le rôle des prostituées d'Athènes ?

Des esclaves sexuelles aux hétaïres de luxe, l’amour tarifé offrait aux Athéniens ses mille et un visages pour satisfaire le désir masculin… à condition de maintenir la façade des fondements de la bonne citoyenneté.

De Aurélie Damet, Maître de conférences en Histoire grecque, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
 
 
PHRYNÉ DEVANT SES JUGES - L’anecdote de Phryné nue devant l’assemblée de l’Aéropage a inspiré Jean ...
PHRYNÉ DEVANT SES JUGES - L’anecdote de Phryné nue devant l’assemblée de l’Aéropage a inspiré Jean Léon Gérôme, dans ce tableau de 1861. Kunsthalle, Hambourg
Photographie de BRIDGEMAN / ACI

 

« Les courtisanes, nous les avons pour le plaisir ; les concubines, pour les soins de tous les jours ; les épouses, pour avoir une descendance légitime et une gardienne fidèle du foyer. » Cette célèbre phrase prononcée par le plaidant du discours Contre Nééra, attribué à un certain Apollodore d’Athènes, résume en quelques mots la stricte séparation théorique que les Athéniens opéraient entre sexe et statut civique. Dans la grande cité démocratique, les plaisirs du corps étaient soigneusement réglementés, et tout citoyen, s’il avait accès à un large panel de prestations sexuelles, devait bien se garder d’approcher de trop près l’épouse d’un concitoyen, s’il ne voulait pas tomber sous le coup des lois punissant l’adultère.

C’est au législateur Solon, qui vécut au début du VIe siècle av. J.-C., que l’on doit l’organisation du secteur de la prostitution. Celui-ci était très lucratif pour la cité, qui taxait les maisons closes de l’impôt du pornikon, affermé tous les ans par le conseil des Cinq-Cents. Ainsi que l’écrit Athénée, Solon « vit que la ville était pleine de jeunes gens, que la nature les contraignait durement, qu’ils avaient des égarements contraires à la morale. Alors tu achetas des femmes et tu les installas dans des endroits où elles fussent à la disposition de tous et toutes prêtes. Elles se tiennent là toutes nues. Ne te laisse pas tromper. Regarde tout. Tu ne te sens pas bien ? Tu as des envies ? La porte est ouverte. Une obole. Précipite-toi. Pas de façons, pas de chichis. On ne se dérobe pas. Tout de suite, comme tu veux, de la manière que tu veux. Tu peux partir. Envoie-la se faire pendre. Tu t’en fiches. » La violence de ces mots rappelle que, pour le plaisir facile des citoyens athéniens, se tiennent des troupeaux de filles esclaves dont le corps n’est que marchandise à négocier ; en ceci, elles appartiennent bien à la sphère servile, où la main-d’œuvre est juridiquement et symboliquement réifiée.

 

« SUIS-MOI ! »

Pour trouver le chemin des quartiers interlopes, l’Athénien n’a qu’à suivre les traces laissées par les semelles des prostituées, sur le sol poussiéreux des rues. « Suis-moi ! », incite l’empreinte des sandales de ces pornai, que l’on appelle de leurs surnoms de métier : Gephuris (la « fille des ponts »), Peripolas (la « vagabonde ») ou Dromas (la « coureuse »). Quand elles ne sont pas claquemurées dans leurs bordels, elles attendent le client dans l’obscurité des rues, sous les porches et sur les places. Deux lieux drainent les flux de clients : le quartier du Céramique, au nord d’Athènes, à la porte du Dipylon, avec son cimetière et ses jardins, et le Pirée, port de la cité et haut lieu de trafics en tout genre. Dans le Céramique, les fouilles récentes ont révélé les vestiges d’un bâtiment, dit « Z », qui, de jour, accueillait des jeunes filles occupées à travailler la laine et, de nuit, se transformait en lupanar ; les prostituées cumulaient ainsi deux métiers, et les propriétaires rentabilisaient leur investissement immobilier.

LA VÉNUS DU CAPITOLE - Cette représentation de la déesse de l’Amour s’inspire de l’Aphrodite de ...
LA VÉNUS DU CAPITOLE - Cette représentation de la déesse de l’Amour s’inspire de l’Aphrodite de Cnide, que Praxitèle aurait sculptée en prenant sa maîtresse Phryné pour modèle. Copie romaine d’après un original grec. Musée du Louvre, Paris.
Photographie de Marie-Lan Nguyen / Wikicommons

Il n’est pas du tout honteux de tirer sa fortune du travail du sexe : l’un des plaidoyers de l’orateur Isée met en scène Euktémon, un riche citoyen athénien, marié et père de cinq enfants. Le discours rappelle sans jugement qu’il vit confortablement grâce aux revenus de deux maisons de passe gérées par des esclaves et des affranchies. Parmi les racoleuses les plus prisées, on trouve les aulétrides, ou joueuses d’aulos, cette double flûte dont le son accompagne les joyeux banquets des Athéniens. Preuve de leur importance pour la commensalité masculine, les Athéniens ont même légiféré sur le montant qu’elles peuvent demander en échange de leurs services : Aristote affirme que 10 magistrats (les astynomes) doivent veiller à ce qu’elles ne profitent pas de leur attractivité musicale et sexuelle pour dépasser le seuil réglementaire des 2 drachmes, somme forfaitaire pour une nuit de travail.

Si deux hommes jettent leur dévolu sur la même musicienne, elle doit être tirée au sort, sans avoir bien sûr son mot à dire. Et si un citoyen tente d’attirer une aulétride en lui promettant davantage que le prix autorisé, il risque même un procès d’« eisangélie », d’atteinte à la sûreté de l’État ! Dans la cité démocratique, les plaisirs doivent être accessibles à tous, et la barrière de la fortune ne doit pas priver les plus humbles citoyens de festoyer comme les riches… Cela n’empêche cependant pas certaines prostituées de s’élever dans la hiérarchie des métiers du sexe, notamment par le montant de leurs prestations : on les appelle alors des hétaïres, des courtisanes de luxe, et quelques-unes ont pénétré les arcanes du pouvoir, telle Aspasie, la compagne de Périclès.

Aspasie est une femme libre et une étrangère venant de la cité ionienne de Milet. Elle conquiert le cœur de Périclès qui, de son mariage légitime, a eu deux enfants, décédés pendant l’épidémie de peste de 430 av. J.-C. Désespéré de n’avoir plus de fils pour perpétuer sa lignée, Périclès obtient exceptionnellement de l’Assemblée athénienne la reconnaissance légale du fils bâtard qu’il a eu avec Aspasie, Périclès le Jeune. Les sources ne sont pas toujours tendres avec celle qui a partagé la vie du grand homme : les auteurs comiques, comme Aristophane, attribuent à Aspasie rien moins que la responsabilité du déclenchement de la guerre du Péloponnèse ! Des filles lui appartenant auraient été enlevées par les Mégariens, incident qui aurait constitué le premier motif du conflit : la figure d’Aspasie tenancière de maison close doit cependant être examinée avec circonspection, car les poètes comiques sont friands d’anecdotes à caractère sexuel, plus ou moins inventées.

 

UNE NUIT À 10 000 DRACHMES

Si les pornai sont rétribuées chichement à la passe et ne peuvent refuser aucun client, les hétaïres se font payer par des cadeaux somptueux ou, si elles demandent de l’argent, par des sommes astronomiques qui les distinguent de la misère des filles de bordel. Ainsi, la courtisane Phryné, originaire de la cité béotienne de Thespies, a été l’amante du sculpteur Praxitèle, qui s’en inspire pour son Aphrodite de Cnide, mais aussi de l’orateur athénien Hypéride. Elle demande, selon les commentateurs d’Aristophane, pas moins de 10 000 drachmes pour une nuit de compa gnie. Accusée par un ancien soupirant d’introduire des divinités étrangères dans l’Athènes du IVe siècle et de corrompre les femmes respectables en les attirant dans son groupe religieux dédié au dieu thrace Isodaetès, elle encourt un grave procès pour impiété. Hypéride, qui lui écrit sa défense, trouve l’argument convaincant : il arrache les vêtements de la courtisane en plein tribunal et dévoile sa poitrine. Les juges, saisis par la beauté de Phrynè, l’acquittent et l’accusateur est débouté.

JEUNE FEMME NUE JOUANT DE L'AULOS - Détail du trône Ludovisi, dont l'une des faces représente ...
JEUNE FEMME NUE JOUANT DE L'AULOS - Détail du trône Ludovisi, dont l'une des faces représente la naissance d'Aphrodite - 6e siècle av. J.-C. Musée national romain, Rome
Photographie de Marie-Lan Nguyen / Wikicommons

Les hétaïres choisissent leurs clients et créent ainsi avec eux un vrai lien de philia, d’amitié : elles peuvent décider de se fixer avec un amant, comme Aspasie avec Périclès, et devenir sa concubine, qu’un citoyen ne peut cependant pas épouser en bonne et due forme si elle n’est pas originaire d’Athènes. Depuis 451 av. J.-C. et la loi édictée – ironie de l’histoire – par Périclès lui-même, il est impossible de se marier avec une étrangère, comme Aspasie. Comparse du principal dirigeant de la cité athénienne, Aspasie est en outre reconnue pour ses qualités intellectuelles. Car les Athéniens apprécient les hétaïres certes pour leurs corps, mais aussi pour leur esprit, leur conversation et leurs talents artistiques. Contrairement à de nombreuses épouses athéniennes cantonnées à la maternité et, pour les plus pauvres, aux activités économiques et domestiques, les hétaïres reçoivent une éducation leur permettant de briller dans les banquets. Plutarque nous dit qu’Aspasie est « savante et versée dans la chose politique » ; Platon en fait d’ailleurs une interlocutrice de Socrate dans son dialogue Ménéxène, dans lequel, pastichant les habitudes oratoires civiques, elle déclame une oraison funèbre pour les soldats morts à la guerre, un rôle normalement endossé par un citoyen.

 

UN PROSTITUÉ DIALOGUE CHEZ PLATON

Mais le destin d’Aspasie ou de Phryné, étrangères et libres, ne doit pas faire oublier la misère endurée par des milliers de femmes esclaves du sexe et dépendant d’un pornoboskos (un proxénète), prostituées qui tentent, en accumulant lentement un peu d’argent, de racheter leur liberté ou qui attendent de rencontrer l’amant libérateur. C’est le cas, exceptionnel, de Nééra, une esclave d’abord attachée aux services d’une certaine Nicarété, maquerelle de Corinthe. Nééra est rachetée à sa propriétaire, pour la coquette somme de 3 000 drachmes, par deux amants qui préfèrent la posséder plutôt que de payer régulièrement ses services. Puis Nééra a la possibilité de racheter sa liberté. Affranchie, elle gagne Athènes, où elle cohabite longtemps avec un citoyen, Stéphanos, et réussit l’exploit de faire passer sa fille naturelle Phano, hétaïre elle aussi, pour une Athénienne épousable, et dupe un certain Phrastor. L’affaire finit cependant par éclater au grand jour, et Nééra est poursuivie pour usurpation de citoyenneté, un délit particulièrement grave dans l’Athènes classique ; on ne connaît cependant pas l’issue du procès.

Si l’exploitation des esclaves sexuelles, les pornai, s’effectue dans le cadre de maisons closes, il semble que les garçons qui vendent leurs corps attendent le client dans de petites stalles ouvertes sur les rues. C’est derrière la porte d’une de ces oikêma que le jeune Phédon – celui du dialogue platonicien éponyme – monnaie ses charmes, après avoir été réduit en esclavage suite à la prise de sa cité d’origine, Élis. Le jour de sa mort, Socrate s’entretient encore avec le jeune homme, dissertant sur l’immortalité de l’âme tout en caressant sa longue chevelure. S’il était parfaitement inenvisageable qu’une citoyenne athénienne se livre aux plaisirs négociés de la chair, il était de même très mal vu qu’un citoyen vende son corps. Le cas de Timarque, qui avait non seulement multiplié les amants et les maîtresses, mais aussi proposé ses services contre rétribution, est un exemple parfait de l’idéologie politico-sexuelle des Athéniens.

L’affaire de prostitution dans laquelle il est impliqué passionne la cité dans les années 340 av. J.-C. À partir du moment où un citoyen vivait dans la débauche, devenait hetairikos et se prostituait, il devait renoncer à se montrer dans les lieux de l’exercice politique, à prendre la parole à l’Assemblée ou à briguer une magistrature. Un bon citoyen était celui qui faisait montre de tempérance et de maîtrise de soi ; celui qui se laissait submerger par ses désirs ne pouvait que prendre de mauvaises décisions, et celui qui vendait son corps vendrait bientôt les intérêts de la cité. Cette équation entre bonnes mœurs et bonne conduite civique explique ainsi que Timarque fut considéré comme un piètre citoyen et que le portrait au vitriol qu’en dresse Eschine insiste avec violence sur ses pratiques sexuelles : la dépendance et l’aliénation de la liberté que symbolise le prostitué attaché à un amant-patron sont incompatibles avec les valeurs athéniennes. Ainsi Timarque, qui continuait à fréquenter l’Assemblée athénienne malgré son passé de prostitué, perdit son procès et sa citoyenneté.

Le commerce des corps revêtait donc de multiples facettes dans l’Athènes classique. Loin de se cantonner à la sphère féminine, la prostitution était envisagée avec méfiance, dès lors qu’elle remettait en cause les fondements de la bonne citoyennetté

 
 
 
 
Le temple d’Éphèse, la plus belle des sept merveilles du monde

Reconstruit après le grand incendie de 356 av. J.-C., ce temple devint l’une des mythiques « Sept Merveilles du monde antique ». Par quelle splendeur parvenait-il à éblouir tous ses visiteurs ?

De Francisco Javier Murcia Ortuño, Docteur en philologie classique, Université de Murci
À la mort du souverain Attale III, en 133 av. J.-C., Éphèse passe sous domination romaine. Outre le temple d’Artémis, d’autres monuments ont fait la gloire de la cité, comme la célèbre bibliothèque de Celsus, érigée vers 110 apr. J.-C.
Photographie de muratart / istock via Getty Images

C'est au IIIe siècle av. J.-C. qu’est élaborée dans le monde grec la célèbre liste des Sept Merveilles de l’Antiquité. Le catalogue a connu quelques variantes au cours du temps, mais l’un des monuments qui y a toujours figuré est le temple d’Artémis dans la ville d’Éphèse, sur la côte de l’Asie Mineure (la Turquie actuelle). En fait, pour plusieurs auteurs, la plus impressionnante de ces Sept Merveilles était justement celle d’Éphèse. Ainsi, au IIe siècle av. J.-C., le poète Antipatros de Sidon écrivait : « J’ai posé les yeux sur le rempart de la vaste Babylone surmontée d’une route pour les chars, sur la statue du Zeus de l’Alphée [à Olympie], sur les jardins suspendus [de Babylone], sur le Colosse du Soleil [à Rhodes], sur l’énorme travail des hautes pyramides [à Gizeh, en Égypte], sur le vaste tombeau de Mausole [à Halicarnasse] ; mais quand je vis la maison d’Artémis s’élevant jusqu’aux nues, ces autres merveilles perdirent leur éclat, et je dis : “Vois, hormis l’Olympe, jamais le Soleil ne vit si grande chose.” »

Et Antipatros n’a pas été le seul à s’extasier. Au IIe siècle apr. J.-C., le voyageur grec Pausanias écrit à propos du sanctuaire : « Trois choses contribuent à [sa] réputation : la grandeur du temple, qui dépasse toutes les constructions humaines, la splendeur de la ville d’Éphèse et la présence de la déesse. » Malheureusement, il ne reste que de rares vestiges matériels de ce monument, et les sources antiques transmettent des renseignements très partiels, souvent teintés d’éléments légendaires.

La ville d’Éphèse avait été fondée au Xe siècle av. J.-C., à l’embouchure du Caystre, par des Grecs venus de l’Attique et installés sur la côte égéenne de l’Asie Mineure. Là, dans le delta marécageux du fleuve, ils avaient trouvé un sanctuaire dédié par la population locale à une déesse de la Végétation et de la Fécondité, qu’ils identifièrent à Artémis ; dans la mythologie grecque, celle-ci était la maîtresse des animaux sauvages et de la vie agreste. Les Éphésiens ont successivement érigé jusqu’à trois temples en l’honneur d’Artémis. Mais c’est un roi étranger, le Lydien Crésus, qui a fait construire le temple monumental passé dans l’histoire. D’après l’historien Hérodote, il l’a fait après avoir conquis la ville en 560 av. J.-C., afin de s’assurer une réputation d’homme pieux et ami des Grecs.

 

DES PROPORTIONS DÉMESURÉES

Le temple est construit par l’architecte Chersiphron de Cnossos, qui entreprend les travaux avec l’aide de son fils. Mais ce sont deux architectes locaux, Démétrios et Péonios, qui l’achèvent d’après les plans laissés par Chersiphron. À l’époque romaine, le naturaliste Pline l’Ancien mentionne les immenses proportions du temple (115,1 mètres de long sur 55,1 mètres de large), qui dépassait tous ceux connus jusqu’alors ; toujours selon Pline, sa construction a duré 120 ans. Dans le temple se dressaient 127 colonnes, une véritable forêt inspirée des grands temples de l’Égypte, que l’architecte Chersiphron avait peut-être connus.

Sur place, il ne reste aujourd’hui du temple d’Artémis que deux colonnes, visibles sur cette vue ...
Sur place, il ne reste aujourd’hui du temple d’Artémis que deux colonnes, visibles sur cette vue du site. Celle de droite a été reconstruite en 1973 par l’archéologue autrichien Anton Bammer, en utilisant les tambours de plusieurs colonnes.
Photographie de SvetlanaK, iStock via Getty Images

La construction d’un monument de telles dimensions représentait un véritable défi pour l’ingénierie de l’époque. Pline décrit les ingénieux systèmes conçus par l’architecte pour transporter les blocs de marbre depuis la carrière, située à 12 kilomètres de distance. Le travail consistant à monter les pièces de l’architrave (la partie de l’édifice qui repose sur les chapiteaux) était colossal. Une légende raconte qu’en constatant l’impossibilité absolue d’encastrer le linteau (l’élément le plus lourd, destiné à couronner la porte), Chersiphron, angoissé, pensa au suicide ; mais, dans la nuit, Artémis lui apparut en rêve et l’incita à vivre, car elle avait ajusté elle-même l’énorme pièce. De fait, le lendemain, Chersiphron découvrit que le linteau avait été correctement mis en place.

L’Artémision, comme on nomma le temple, fut en son temps une institution très puissante. Le terrain tout autour était marqué de bornes indiquant qu’il appartenait à la déesse ; pour cette raison, il était inviolable et on y appliquait le droit d’asile. Le temple possédait de vastes propriétés rurales et de nombreux esclaves. Étant protégé par sa sacralité, il faisait aussi fonction de banque : on y gardait des dépôts, on y changeait la monnaie et on y accordait des prêts. On sait que le philosophe Héraclite (v. 550 av. J.-C. -v. 480 av. J.-C.), natif d’Éphèse, y déposa son livre pour le mettre en sécurité.

 

SACRIFICES DE TESTICULES

La déesse, connue sous le nom d’Artémis ou Diane d’Éphèse, réunissait en elle des éléments grecs et orientaux. Sa statue de culte arborait sur le torse des rangées de protubérances que l’on a traditionnellement prises pour des seins, en relation avec son caractère de déesse-mère ; on les interprète aujourd’hui comme des testicules de taureau, que l’on offrait en sacrifice à la déesse et qui étaient liés à la force génératrice. Une fois par an, suivant la coutume orientale, la déesse sortait en procession pour contempler ses domaines.

En 356 av. J.-C., le temple est entièrement dévasté par un incendie. La tradition raconte qu’Artémis, dont l’une des fonctions consistait à aider les femmes pendant leur accouchement, était ce jour-là tellement occupée par la naissance d’Alexandre le Grand qu’elle n’a pu venir à temps au secours de son propre temple. L’incendiaire est un fou du nom d’Érostrate, qui avoue sur le chevalet de torture avoir seulement voulu, en détruisant le fameux édifice, se rendre célèbre dans le monde entier. Les Éphésiens tentent de le châtier par l’oubli, en effaçant son souvenir par un décret, en vain : Théopompe, un historien de l’époque, conserve son nom pour la postérité.

BIBLIOTHÈQUE DE CELSUS, À ÉPHÈSE - Dans le livre I de L’Enquête, Hérodote raconte que le ...
BIBLIOTHÈQUE DE CELSUS, À ÉPHÈSE - Dans le livre I de L’Enquête, Hérodote raconte que le roi Crésus de Lydie assiégea Éphèse lors de sa conquête de l’Asie Mineure, et que ses habitants adressaient leurs prières à Artémis, dont le temple était relié à la ville par une corde.
Photographie de Pixabay

Lorsque Alexandre le Grand libère la ville des Perses en 334 av. J.-C., il propose de payer la reconstruction du temple, ce qui suppose l’ajout d’une inscription où figurera son nom. Mais les Éphésiens, ne souhaitant pas voir ce lieu associé à une autre personne, déclinent l’offre avec une très grande habileté, en disant à Alexandre qu’il ne convient pas qu’un dieu dédie un temple à un autre dieu. Pour lever les fonds, ils ont recours à une sorte de souscription populaire. D’après l’historien grec Strabon, « ils construisirent un plus beau temple en rassemblant les bijoux des femmes et les biens privés, et en vendant les colonnes précédentes ». Hormis un crépidome (plate-forme à degrés), le nouveau temple a la même structure que celui édifié antérieurement par Crésus.

Figurant sur la liste des Sept Merveilles, l’Artémision attirait un tourisme religieux, qui représentait sans doute une importante source de revenus pour la ville. On sait que les orfèvres d’Éphèse gagnaient leur vie en fabriquant de petites répliques de la statue et du temple d’Artémis pour les nombreux pèlerins. Lorsque l’apôtre chrétien Paul de Tarse s’établit dans la ville et prêche que les dieux faits par les mains des hommes ne sont pas de vrais dieux, les orfèvres provoquent une émeute au cri de « Grande est l’Artémis d’Éphèse ! ».

 

UN SACCAGE EN RÈGLE

En 263 apr. J.-C., les Goths pénètrent avec leurs bateaux en mer Égée depuis leurs bases de la mer Noire et sèment la terreur dans des régions aussi mal défendues que remplies de richesses. L’une des villes qu’ils attaquent et saccagent est Éphèse, dépourvue de remparts. Le temple d’Artémis, la fameuse bibliothèque de Celsus et les quartiers résidentiels sont dévastés. Le temple est partiellement reconstruit pendant la période de calme de la Tétrarchie, vers la fin du IIIe siècle, mais il ne retrouvera jamais sa splendeur première.

Au milieu du IVe siècle, le christianisme devient la religion dominante de l’Empire, les empereurs ferment les temples païens et interdisent le culte des images. À Éphèse, les statues d’Artémis sont abattues et remplacées par la croix des chrétiens ; le nom même de la déesse est effacé des inscriptions. Le temple est spolié par le patriarche Jean Chrysostome lors de sa visite à Éphèse, en 401.

L’Artémision devient une carrière de matériaux pour de nouvelles constructions (églises, murailles ou bains), tandis que ses statues et ses ornements en marbre partent vers le palais impérial de Justinien, à Constantinople. Au fil des siècles, les fondations du temple sont recouvertes par plus de 8 mètres d’alluvions, au point que le lieu exact où il s’est élevé tombe dans l’oubli. Jusqu’à ce qu’en 1869 John Turtle Wood, un architecte anglais qui a abandonné son emploi dans la construction des premières lignes ferroviaires dans le sud-est de la Turquie pour entreprendre des fouilles dans la ville d’Éphèse, annonce au monde qu’il a retrouvé les vestiges de la plus estimée des merveilles du monde

 
Le colosse de Rhodes, merveille du monde antique

Construite au troisième siècle avant notre ère, la statue titanesque d’Hélios de Rhodes a eu un impact colossal sur l’art, l’histoire et l’imaginaire occidentaux.

De Rosa María Mariño Sánchez-Elvira
 
La peinture de Louis de Caullery datant du 17e siècle représente le Colosse à cheval sur ...
La peinture de Louis de Caullery datant du 17e siècle représente le Colosse à cheval sur le port de Rhodes, une position qui a depuis été démystifiée par les historiens. Musée du Louvre, Paris
Photographie de Christophel Fine Art/Getty Images

C'est au poète grec Antipater de Sidon, dont l'oeuvre date du deuxième siècle avant notre ère, qu'est souvent associée la compilation des Sept merveilles du monde antique. Ces monuments exceptionnels et ces prouesses techniques étaient désignés en grec sous le nom de themata, ou « choses à voir ». 

Les tremblements de terre, les incendies, la guerre, les pillages, les effets inexorables du temps ont laissé au monde une seule des merveilles recommandées par Antipater : les pyramides de Gizeh. Bien que le phare d'Alexandrie, la statue de Zeus à Olympie, le temple d'Artémis à Éphèse et le mausolée d'Halicarnasse soient tombés en ruine, l'archéologie et les récits historiques donnent une bonne idée de leur gloire passée. Ce n'est pas le cas pour le colosse de Rhodes.

Le Fort Saint-Nicolas se trouve près du Mandraki, l'un des trois ports de Rhodes. Il est ...
Le Fort Saint-Nicolas se trouve près du Mandraki, l'un des trois ports de Rhodes. Il est facile d'imaginer le grand Colosse debout à cheval sur l'entrée du port avec un pied de chaque côté.
Photographie de LUCA DA ROS/FOTOTECA 9X12

Comme les Jardins suspendus de Babylone (que d'aucuns pensent n'avoir jamais existé), l’apparence exacte du Colosse qui dominait le port de Rhodes reste un mystère. Démolie par un tremblement de terre vers 225 avant notre ère, cette statue massive a eu une existence d'un peu plus de 50 ans. Les historiens ont très peu d’informations sur la structure, la localisation exacte et la construction de cette oeuvre. Dans ce vide historique se sont glissées de nombreuses spéculations et licences artistiques, mais certains indices ont permis aux chercheurs d'élaborer des théories crédibles sur cette merveilleuse structure.

 

UN SIÈGE COLOSSAL

Heureusement pour les historiens, la raison pour laquelle le colosse a été construit peut être trouvée dans les archives historiques. L'historien du Ier siècle avant notre ère Diodore de Sicile a relaté le conflit du 4e siècle av. J.-C., connu sous le nom de siège de Rhodes.

En 408 avant notre ère, trois villes-États de l'île méditerranéenne de Rhodes (Lindos, Kameiros et Ialysos) se sont unies pour créer une nouvelle capitale fédérale et un nouveau port. La ville, également appelée Rhodes, prospéra ensuite grâce au commerce et développa de solides relations commerciales et diplomatiques avec d'autres puissances méditerranéennes.

À la fin du IVe siècle av. J.-C., une guerre éclata entre deux des successeurs d’Alexandre le Grand : Ptolémée Ier, roi d’Égypte, et le roi de Macédoine Antigone Ier (surnommé le Cyclope car il n'avait qu'un seul œil). Marins exceptionnels et habiles diplomates, les Rhodiens ne pouvaient renoncer à leurs liens avec les Égyptiens. Antigone fit de son mieux pour les convaincre de prendre parti pour lui. Quand ils refusèrent, il décida de faire usage de la force.

Copie romaine du buste d'Alexandre le Grand datant du 4e siècle avant J.-C. par Lysippe
Copie romaine du buste d'Alexandre le Grand datant du 4e siècle avant J.-C. par Lysippe
Photographie de Granger/Album

Antigone envoya son fils Démétrios faire plier Rhodes en 305 av. J.-C. Après plusieurs tentatives infructueuses, Démétrios ordonna la construction d'un hélépole, une grande tour de siège inventée par Polyeidos de Thessalie au IVᵉ siècle av. J.-C. pouvant mesurer plus de 30 mètres de haut. Protégée par des plaques de métal et dotée de catapultes, cette arme redoutable n'a pourtant pas permis à Démétrios de remporter la victoire. Rhodes tenait bon et Démétrios s'est retiré après un siège infructueux de plus d'un an. Rhodes et la Macédoine convinrent alors que les Rhodiens soutiendraient Antigone contre ses ennemis, à l'exception de Ptolémée. En échange, ils resteraient autonomes politiquement et économiquement.

 

UNE ASCENSION COLOSSALE

Pour remercier les dieux de leur avoir permis de résister aux assauts puis au siège, les habitants de Rhodes décidèrent de construire une statue extraordinaire en l'honneur d'Helios. Dans la mythologie grecque, Helios faisait partie des Titans, les dieux qui ont gouverné la Grèce avant les Olympiens. Dieu du soleil, Hélios conduisait son char chaque jour dans le ciel pour l'illuminer. Il était le protecteur de l'île de Rhodes.

Pour construire cette statue massive, Rhodes avait besoin de bronze, de beaucoup de bronze. Un traité intitulé Sur les sept merveilles du monde, attribué à Philon de Byzance, un ingénieur du IIe siècle av. J.-C., explique que la construction de la statue requérait 12 à 13 tonnes de bronze, « une opération impliquant l'industrie du bronze du monde entier ». Une partie du bronze a été récupérée sur l'hélépole abandonnée, et le reste a été acheté avec de l’argent amassé en vendant les armes et les armures laissées par l'armée de Démétrios.

Après avoir visité l'île de Rhodes, l'artiste Antonio Muñoz Degrain a imaginé le Colosse dans cette ...
Après avoir visité l'île de Rhodes, l'artiste Antonio Muñoz Degrain a imaginé le Colosse dans cette peinture à l'huile de 1914. Académie royale des beaux-arts San Fernando, Madrid.
Photographie de Oronoz/Album

Charès de Lindos, un sculpteur rhodien, a été chargé de construire le monument. Respecté dans tout le monde grec, il avait été l'élève du célèbre sculpteur Lysippe, artiste préféré d'Alexandre le Grand. En tant qu'offrande à la divinité la plus importante de Rhodes, la nouvelle statue devait être à la mesure de ce qu'elle représentait : la victoire des Rhodiens et la consécration du dieu qui l'avait rendue possible. Charès de Lindos a peut-être conçu sa commande avec à l’esprit une grande statue, celle sculptée par Phidias pour le temple de Zeus à Olympie, une statue massive, décrite comme étant sept fois plus grande qu'un homme.

S'attelant à la tâche de 294 à 282 av. J.-C., il fallut 12 ans à Charès de Lindos pour ériger le Colosse. Beaucoup de questions demeurent quant aux méthodes exactes qu'il a employées pour le construire. Le traité de Philon propose une méthode différente de la construction de la plupart des statues : le colosse aurait été construit in situ, pièce par pièce. Les travaux ont commencé par le bas, par les pieds. Philon de Byzance écrivait ainsi : « L'artiste entassait une énorme montagne de terre autour de chaque section dès qu'elle était achevée, enterrant ainsi le travail fini sous la terre accumulée et édifiant la partie supérieure sur ce premier niveau. » Puis la statue s'éleva comme un bâtiment, chaque nouvelle section étant rattachée à celle qui se trouvait en dessous. Cependant, Philon décrivit cette construction plus de 100 ans après les faits. Les historiens de l’art moderne ne savent pas sur quelles sources il s’est appuyé pour rassembler de telles informations, et beaucoup s'interrogent sur ses méthodes de reconstitution des faits.

La principale source antique des dimensions du Colosse est l'œuvre de Pline l'Ancien, Histoire naturelle, datant du premier siècle de notre èreÉcrivant environ 200 ans après la construction du Colosse, Pline mentionne l’émerveillement qui a conduit à inclure la statue gigantesque dans la liste des themata : « La [grande statue] qui est de loin la plus digne de notre admiration est la colossale statue du soleil, qui se trouvait jadis à Rhodes, et était l'œuvre de Charès de Lindos. » Le récit de Pline décrit la taille de la statue comme équivalente à « 70 coudées », soit environ 30 mètres (les dimensions exactes des coudées grecques varient quelque peu d'un endroit à l'autre).

La statue était si grande que, selon les mots de Pline, « ses doigts [étaient] plus gros que la plupart des statues ». Strabon a également écrit sur la structure et sa géographieMalgré l’émerveillement que suscitait sa taille, aucune source ne décrit à quoi elle ressemblait exactement, ni où elle se situait dans la ville portuaire, omissions qui frustrent depuis toujours les historiens.

Ce qui est indiscutable, c'est que le colosse était magnifique et forçait l'admiration. Un extrait d'un poème de l'époque témoigne ainsi : « Soleil, le peuple de Rhodes a érigé cette statue de bronze atteignant l'Olympe, après avoir pacifié les vagues de la guerre et récompensé sa ville du butin pris à l'ennemi. »

 

UNE CHUTE COLOSSALE

Le colosse, audacieux « second soleil » de Charès de Lindos n'aura tenu debout que quelques décennies : un tremblement de terre le détruisit ainsi qu'une partie de la ville de Rhodes en 226 ou 225 avant J.-C., un peu plus d'un demi-siècle plus tard. La plupart des sources s'accordent à dire que lorsque la statue s'est fracturée, elle s'est cassé au niveau des genoux.

Bien que Ptolémée III Évergète Iᵉʳ d'Égypte ait offert des fonds et du travail pour le reconstruire, Strabon nous dit que les Rhodiens n’osèrent pas s'y employer, un oracle le leur ayant déconseillé. Les ruines du colosse ont donc été laissées là où elles étaient tombées. L'intérêt de Ptolémée pour le Colosse révèle la persistance des liens étroits entre Rhodes et l'Égypte et la crainte avec laquelle la figure d'Hélios était considérée dans la région. Ptolémée III se représenta même comme Hélios sur une pièce de monnaie, portant une couronne faite de rayons du soleil.

Une pièce en or représente Ptolémée III Évergète Iᵉʳ, roi d'Égypte, au troisième siècle avant Jésus-Christ, ...
Une pièce en or représente Ptolémée III Évergète Iᵉʳ, roi d'Égypte, au troisième siècle avant Jésus-Christ, avec une couronne rappelant celle d'Hélios. Bibliothèque Nationale, Paris
Photographie de DEA/Album

Allongés sur le sol, les vastes restes de ce géant ont été admirés pendant des siècles. Même si le colosse était brisé, Pline l'Ancien notait qu'il s'agissait toujours d'une « merveille ». Son état de démantèlement a permis aux spectateurs d'observer sa structure interne, où « on peut voir de grandes masses de roche, sous le poids desquelles l'artiste l'avait stabilisée en l'érigeant ». Au deuxième siècle de notre ère, Lucien de Samosate aimait à plaisanter en disant que le colosse de Rhodes, tout comme le phare d'Alexandrie, pouvait être vu depuis la lune.

Le temps a passé et les voyageurs désirant admirer ce qu'il restait de la grande figure d'Hélios se firent moins nombreux. Au milieu du VIIe siècle, les musulmans omeyyades s'emparèrent d'une grande partie de l'est de la Méditerranée. Lorsque leur général et futur calife Muʿawiya Ier conquit Rhodes en 654, il acheva la démolition de la structure. Ses forces rassemblèrent le bronze et l'envoyèrent en Syrie où il fut acheté par un ferrailleur. Selon des sources byzantines, il aurait fallu plus de 900 chameaux pour tout emporter.

 

UN HÉRITAGE COLOSSAL

Le Colosse avait disparu, mais sa renommée perdurait dans les mémoires. Là où l’histoire se faisait floue, l’imagination envahissait le récit. À la Renaissance, le Colosse était représenté enjambant le port de Rhodes, formant une passerelle pour les navires. Chacune de ses jambes massives était plantée sur les quais de l’entrée du port.

Cette image a été transformée en une métaphore littéraire dans Jules César de William Shakespeare, écrit en 1599. Le conspirateur Cassius utilise le Colosse pour exprimer ses sentiments contraires envers César :

Eh ! ami, il enjambe comme un colosse cet étroit univers, et nous autres, chétifs, nous passons entre ses jambes énormes...

Le récit d’un pèlerin italien, Nicolas de Martoni, qui s’est rendu à Rhodes entre 1394 et 1395, est une des sources démontrant que cette idée perdure. Il a rapporté ce que les habitant de la région disaient au sujet du Colosse : « une grande idole, si admirablement formée, qu’on eût dit qu’elle avait un pied sur le quai, où se trouve l’église de Saint-Nicolas, et l’autre au bout de l’autre quai, où se trouvent les moulins à vent. »

En s'approchant de Rhodes, le Colosse - ici représenté avec les jambes écartées - aurait été ...
En s'approchant de Rhodes, le Colosse - ici représenté avec les jambes écartées - aurait été visible de loin, une scène imaginée par Gualtiero Padovano dans cette fresque du 16e siècle. Villa Godi Malinverni, Lugo di Vicenza
Photographie de Marco Covi/Electa/Album

Les historiens considèrent maintenant qu'il est très improbable que le colosse se soit tenu debout les jambes écartées. Il aurait été physiquement impossible qu'une statue de plus de 30 mètres de hauteur soit soutenue par des jambes écartées de plus de 200 mètres. La sculpture elle-même aurait été trop lourde pour être supportée par les jambes. Les spécialistes soulignent également qu’un colosse aux jambes si écartées n’aurait pas pu résister aux vents violents de la région. Le fait que de nombreuses sources attestent que, lorsque le tremblement de terre a eu lieu, le colosse s'est cassé au niveau des genoux, a conduit les historiens de l'art à penser que ses jambes devaient être jointes.

Cette figure romaine en bronze du 2e ou 3e siècle après J.-C. représente Helios, le bras ...
Cette figure romaine en bronze du 2e ou 3e siècle après J.-C. représente Helios, le bras levé, une cape et sa couronne représentant l’auréole du Soleil. Musée du Louvre, Paris
Photographie de Lewandowski/RMN-Grand Palais

Le nom de colosse donne un autre indice. À l'origine, le mot ne faisait référence ni à la hauteur ni à la taille : le mot désignant une grande statue, ou même l'adjectif colossal vient du colosse de Rhodes lui-même. Les Grecs se sont approprié ce mot connu des peuples autochtones d'Asie Mineure qui faisait référence à un type particulier de sculpture, dont aucune ne se tenait avec les jambes écartées.

Alors, à quoi pouvait bien ressembler le Colosse ? Aucune pièce de monnaie ne le représente dans son intégralité, bien que le Colosse soit un symbole de la fierté de Rhodes de maintenir son indépendance. En se basant sur des représentations connues d’Helios, les historiens de l’art pensent que le Colosse était probablement une figure d’un homme nu avec des rayons de lumière émanant de sa tête, attribut fréquent du dieu soleil.

Certaines représentations montrent le colosse tenant un flambeau, mais les historiens pensent qu'il n'en portait probablement pas. Il a été impossible de déterminer la position de ses bras, si ceux-ci étaient orientés vers le bas ou si le bras droit était levé, comme dans les représentations ultérieures du dieu-soleil.

La plupart des représentations artistiques de la statue la placent à l'embouchure du port, comme point de repère pour les marins. Il est à présent considéré comme peu probable qu'il ait été installé près de la mer ou dans la zone portuaire, en partie à cause de l'absence de sites suffisamment grands pour pouvoir le recevoir. Bien qu'il soit plausible que le Colosse ait été construit à côté d'un temple dédié à Hélios, aucun reste de temple ou de sanctuaire à ciel ouvert dédié au dieu n'a été trouvé sur l'île.

Certains archéologues suggèrent qu'un sanctuaire d'identité inconnue construit près du stade de l'Acropole de Rhodes était en fait dédié à Helios. Cette explication semble logique : le stade était le lieu de compétition des athlètes de toute la Grèce lors de la Halieia, la fête en l'honneur du dieu soleil. Dans ce cas, la statue aurait pu être coulée dans une fosse proche, puis élevée près du lieu.

Le Colosse n'est pas resté debout longtemps, mais son héritage - même s'il est basé sur des informations contradictoires - a perduré et a laissé une empreinte profonde sur la culture moderne. Son association avec la liberté, une torche et une couronne faite de rayons de soleil ont été des facteurs importants dans la conception de la Statue de la Liberté. Sa plus récente contribution à la culture visuelle est une source d'inspiration pour la statue de bronze géante de Titan qui monte la garde dans le port de Braavos dans le roman à succès A Song of Ice and Fire de George RR Martin, dont est tirée la série à succès Game of Thrones.

 

Cet article a paru dans le magazine National Geographic Histoire et Civilisations et a été traduit de l'anglais.

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9 juin 2020 2 09 /06 /juin /2020 11:23
Métaux rares : «Un véhicule électrique génère presque autant de carbone qu’un diesel»
Par Marine Ernoult
 
Dans une mine d'extraction de terres rares de la province chinoise du Jiangxi, en octobre 2010. Photo stringer. Reuters

Dans son dernier ouvrage, «La Guerre des métaux rares», Guillaume Pitron dénonce «la face cachée de la transition énergétique et numérique». Pour le journaliste, éoliennes, panneaux solaires et voitures électriques se contentent de déplacer la pollution à l’autre bout du monde.

Iridium, indium, platine, terres rares : ces métaux aux noms parfois méconnus sont essentiels pour les industries de pointe. Sans eux, pas de batteries électriques, d’éoliennes, de téléphones portables ou de fibre optique. Le journaliste Guillaume Pitron s’est intéressé aux conséquences environnementales et géopolitiques de l’extraction de ces métaux rares. A l’occasion de la sortie de son livre la Guerre des métaux rares, il revient sur six ans d’enquête à travers une douzaine de pays.

Les métaux rares, qu’est-ce que c’est ?

L’Union européenne fournit une liste de 27 matières premières rares (phosphore, cobalt, hélium, etc.), dont de nombreux métaux. Ce sont des minerais présents en quantité infime dans la croûte terrestre. Ils sont naturellement mélangés à d’autres métaux plus abondants (fer, aluminium, etc.). Pour en obtenir quelques kilos, il faut extraire des tonnes de terre. Les scientifiques parlent de rareté géologique mais aussi industrielle. Certains métaux abondants peuvent devenir rares si la demande explose.

A quoi servent-ils ?

Grâce à leurs propriétés chimiques uniques, ce sont les vitamines de la transition énergétique et numérique, le pétrole du XXIe siècle. Sans métaux rares, nos téléphones portables feraient la taille d’une brique, n’auraient ni écran tactile ni vibreur. Sans eux, impossible de propulser un TGV à 500 km/h. C’est hallucinant, ils nous ont envahis. Notre futur high-tech sera toujours plus tributaire de ces minerais dont la production ne cesse de croitre .

Quel est le principal pays producteur de métaux rares ?

La Chine a le leadership sur la production d’une ribambelle d’entre eux. Elle contrôle notamment 95% de la production mondiale de terres rares. En 1992, Deng Xiaoping (numéro un de la Chine de 1978 à 1992) aurait dit de façon prémonitoire, «le Moyen-Orient a le pétrole, la Chine a les terres rares». Historiquement, les Etats-Unis étaient leader sur le marché. Mais avec la prise de conscience écologique des années 80, les Occidentaux ne veulent plus de mines chez eux. Extraire des métaux rares est trop sale et coûteux en énergie.

Les Chinois, dans une quête de croissance effrénée, récupèrent le job. Pendant des décennies, au prix d’un dumping social et environnemental sans précédent, l’Empire du milieu inonde l’Occident de métaux rares très peu chers. Cette situation arrange tout le monde, d’un côté les pays occidentaux développent leurs nouvelles technologies à faible coût, de l’autre les Chinois s’enrichissent.

 

Tout va bien dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce que la Chine prenne conscience des leviers économiques et géopolitiques qu’elle peut actionner avec ces ressources. Au tournant des années 2000, sa croissance et ses besoins en métaux rares explosent. Pour satisfaire sa demande intérieure et développer ses propres technologies, Pékin décide de fermer le robinet. Après avoir gavé l’Occident de métaux rares, le pays restreint ses exportations. C’est la fameuse politique des quotas qui chauffe les oreilles de l’Organisation mondiale du commerce.

A lire aussi La Chine, receleuse de terres rares…

La Chine en a profité pour développer sa propre transition énergétique…

Exactement, au détriment de la nôtre. Le mot innovation est devenu un mantra en Chine. Les technologies vertes et le numérique sont les nouveaux moteurs de la croissance chinoise, indispensable à la survie du Parti communiste. Pour assurer son avance industrielle, Pékin n’a pas hésité à s’approprier les technologies occidentales. En échange d’un accès direct et illimité aux métaux rares, de nombreux industriels ont migré vers l’Empire du milieu. Les Chinois ont accédé à leurs laboratoires de recherche. Sous couvert de co-innovation, ils ont sinisé les brevets européens et américains. Grâce à ce chantage aux métaux, la Chine est devenue le leader mondial de la transition énergétique. Le pays est sorti de l’âge de pierre auquel les Occidentaux voulaient le cantonner.

Trouve-t-on des métaux rares dans d’autres pays ?

Il y en a partout, du lithium en Bolivie et en Argentine, du cuivre au Chili, du cobalt en république démocratique du Congo. L’Indonésie est également une grande puissance minière qui regorge d’étain. Tous ces pays veulent s’inspirer de l’exemple chinois et capter la valeur ajoutée des métaux rares. Plus aucun Etat ne veut reproduire le schéma néocolonialiste selon lequel les pays en développement produisent les minerais bruts, le vendent une poignée de dollars aux Occidentaux ; et ces derniers le valorisent avec quelques brevets pour le revendre dix fois plus cher.

 

Au-delà des ambitions, c’est très dur à mettre en place car ça veut dire ouvrir des routes, installer des lignes électriques, faire venir des savoir-faire. En 2015, l’Indonésie a tenté un embargo sur l’exportation de minerais brut. Derrière, elle n’avait pas un tissu industriel suffisamment développé pour transformer la ressource. Elle a dû faire marche arrière deux ans plus tard. Seule certitude, les Occidentaux doivent accepter de partager le gâteau technologique auquel toutes les nations aspirent.

Quelles sont les conséquences écologiques de cette course aux métaux rares ?

Qui dit mine, dit dégâts environnementaux. C’est le revers de la croissance verte à tous crins. En Mongolie intérieure, la principale région minière chinoise, c’est un enfer de Dante. Aucune réglementation n’est appliquée. Les usines rejettent leurs effluents toxiques directement dans les sols. La population paye un lourd tribut avec un taux de cancer très élevé. Le problème c’est que le recyclage coûte plus cher que l’extraction. Piégés par une logique du moindre coût, les industriels préfèrent renvoyer leurs déchets en Chine et s’approvisionner directement en nouveaux minerais.

La transition énergétique ne fait donc que déplacer la pollution ?

Cette transition est un leurre. Un fabuleux marketing nourrit l’illusion que les énergies renouvelables sont vertes. Nous oublions sciemment qu’elles sont tributaires de l’extraction de métaux sales. Nous avons juste délocalisé la pollution et faisons semblant de faire du propre. Prenez l’exemple des voitures électriques. Le terme «zéro émission» est délirant. Sur l’ensemble de son cycle de vie, un véhicule électrique génère presque autant de carbone qu’un diesel. Comment peut-on qualifier cette technologie de durable ?

 

La révolution numérique, essentielle au développement de nouvelles sources d’énergie, entretient aussi le mirage d’un monde moins physique. En réalité, derrière un courriel se cachent des milliers de kilomètres de câbles de cuivre. Nous oublions que la quantité de matière est finie. Les experts connaissent déjà le jour exact où on extraira le dernier minerai rentable. Les technologies pourront toujours évoluer et repousser la date butoir, mais à quel prix ? C’est une course de vitesse qui épuise la terre.

Au nom de la sobriété, du moindre impact de l’homme sur l’environnement, nous creusons toujours plus. Nous vivons en plein paradoxe. Les plus productivistes pensent déjà aux océans et aux astéroïdes où le potentiel minier serait gigantesque. Les grandes puissances sont en train de s’approprier des endroits que la communauté internationale s’était juré de laisser à l’abri des appétits industriels. En 2015, Barack Obama a ouvert la danse. Il a autorisé les citoyens américains à devenir propriétaires d’astéroïdes pour exploiter des gisements de métaux rares. C’est en rupture totale avec l’idée que l’espace est un bien commun de l’humanité.

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Pour susciter une prise de conscience, vous plaidez pour la réouverture des mines françaises…

Je ne le propose pas de gaieté de cœur mais c’est indispensable. Si les Français ont sous leur fenêtre la tonne de minerais qui a servi à la construction de leur voiture électrique, ils seront obligés d’ouvrir les yeux. Je plaide pour ce choc visuel, psychologique et physique. Nous sortirons peut-être de cette transition au rabais et rationaliserons notre utilisation de métaux rares. Nous devons partager le fardeau écologique de la transition énergétique. En France, nous avons la chance d’avoir de bonnes réglementations environnementales, la transition serait un peu moins sale.

 

Je suis conscient que la réouverture des mines nécessite un immense courage politique et beaucoup de pédagogie. La transition énergétique a besoin de sauts de conscience et pas seulement de sauts technologiques. Nous nous sommes enfermés dans l’idée qu’avec quelques technologies de plus nous allons tout résoudre.

Marine Ernoult
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