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29 décembre 2018 6 29 /12 /décembre /2018 17:38

Loïk Le Floch-Prigent

né le à Brest, est un ingénieur et dirigeant d'entreprises français.

Son ascension à la tête d'entreprises publiques a été favorisée, dans un premier temps, par les fonctions qu'il a occupées au cabinet du ministre de l'Industrie et son entregent dans le monde politique. Il fut notamment PDG de l'entreprise pétrolière Elf entre juillet 1989 et 1993, puis président de la SNCF de décembre 1995 à juillet 1996, date de sa mise en examen dans le cadre de l'affaire Elf.

Note de Monsieur Le Loïc Le Floc-Prigent sur Monsieur Carlos Ghosn .

Depuis l’arrestation de Carlos Ghosn à sa sortie d’avion sur l’aéroport de Tokyo, il n’y en a que pour le train de vie du célèbre industriel et les « révélations » distillées dans la presse japonaise par le Procureur Japonais. L’industrie française et ses représentants sont aux abonnés absents, l’Etat a disparu et les journalistes se font les gorges chaudes des avions et des résidences multiples du globe-trotter de l’industrie automobile. Être ainsi franco-libanais-brésilien , patron à Paris et à Tokyo et assembleur de véhicules dans un nombre impressionnant de pays conduisait Carlos Ghosn à passer 110 nuits en avion « privé » par an pour travailler partout à la fois ! De quoi exciter la jalousie certes, mais aussi d’avoir à tenir un rythme exigeant une organisation d’habitudes ne conduisant pas à utiliser « aussi » les chambres d’hôtels.

Mais est-ce que la vie personnelle de Carlos Ghosn est si importante à connaitre, à visiter, à imaginer, est-ce le sujet de cette aventure singulière conduisant l’industriel à dormir sur un tatami en prison japonaise ?  Personne ne peut le croire et remuer des épisodes que l’on désirerait croustillants n’est d’aucune utilité pour aider à comprendre ce qui s’est passé.

L’industrie automobile a été au centre de l’évolution de notre civilisation pendant les cent dernières années . L’objet, de la ferraille sur quatre roues avec un moteur thermique, exerce une fascination incroyable , symbole de liberté individuelle, de réussite, de virilité, aide à une organisation de l’espace avec habitat pavillonnaire, unificateur familial, aide à l’émancipation féminine, véhicule de l’aventure, des aventures, lieu privilégié des amours débutantes …et plus récemment récepteur principal des nouvelles technologies , aides électroniques à la conduite et avancées vers le véhicule autonome avec une motorisation devenue électrique. On le voit, restreindre l’automobile et son évolution au concept de mobilité des personnes et des biens est stupidement réducteur. Pour 65 millions d’habitants en France on compte 30 millions de véhicules individuels, et donc 30 millions d’usages et de représentations de l’automobile. Que les 7 milliards d’habitants de la planète en possèdent une ou pas, ils se sont appropriés une idée de ce qu’ils ont ou de ce qu’ils désirent, et la simplification est forcément un abus de langage.

La mutation de l’industrie de l’automobile à travers la mondialisation des échanges a conduit un certain nombre de visionnaires à orienter les investissements colossaux de production des véhicules pour satisfaire le plus grand nombre possible de consommateurs. Si les Américains, malgré le talent de leur grand ancêtre Ford se sont laissés endormir par une essence trop bon marché conduisant à des gros véhicules chromés, l’Europe et le Japon ont montré une autre facette et illustré d’autres concepts. Cette rencontre entre une vision de l’évolution de la société et des automobiles n’a pu se réaliser qu’à travers des techniciens parfaitement intégrés dans les désirs profonds de millions d’individus et qu’européens et japonais , tout seuls ou ensemble aient pu en quelques dizaines d’années emplir le monde entier de leurs véhicules avec les adaptations nécessaires aux cultures est toujours pour moi l’objet d’un émerveillement. Parmi ces hommes la France a eu le bonheur d’en connaitre un, Carlos Ghosn, et sans doute un deuxième, Carlos Tavares. Ne gonflons pas trop le torse, il y a eu aussi beaucoup d’Allemands et de Japonais, mais on peut dire qu’après bien des années sombres on a vu revenir des hommes de la trempe des Renault, Citroën, Peugeot et autres Berliet .

Parlons donc de Carlos Ghosn qui a transformé une société issue de la sphère publique française en une société mondiale, organisatrice d’une alliance franco-japonaise avec des ramifications en Roumanie devenue le premier producteur de véhicules mondial avec plus de 10 millions d’unités par an. Il a saisi au bon moment le deuxième fabricant japonais Nissan en pleine déconfiture. Devenu son dirigeant il l’a redressé , tandis qu’il maintenait les intérêts de Renault premier actionnaire avec 43% , pour ne pas dire propriétaire et ainsi éviter de vexer l’empire nippon. Mais il utilise aussi la marque roumaine Dacia pour lancer un véhicule low cost …qui finit par intéresser le monde entier , tandis que cette expérience le conduit à imaginer le véhicule qui va convenir aux Indiens que le groupe Tata avait cru pouvoir convaincre avec un genre de « Trabant » le véhicule des anciens pays de l’Est . Qui pouvait imaginer que ce personnage peu mondain et très sur de lui allait ainsi révolutionner la planète tout en misant avec Nissan sur la « Leaf » première voiture électrique de grande série mondiale ? On n’a peu l’occasion de  voir à l’œuvre un génie, et en France on sait que cela fait peur, mais il était partout , citoyen du monde, polyglotte, et voyageur infatigable . On ne savait pas, effectivement où il pouvait s’arrêter, et il y a eu un os, en 2015, quand il a voulu organiser le futur de l’alliance franco-japonaise qu’il avait jusque là maitrisée.

Cet os  c’était un Ministre, devenu depuis Président de la République, mais c’est surtout un Corps de l’Etat, l’inspection des finances, qui sait tout et qui voit tout, c’est le mélange d’une frustration devant le réel génie et la jalousie devant une réussite insolente, c’est le pouvoir de celui qui peut empêcher contre celui qui fait et qui sait faire.

De ce combat de coqs qui était un non-sens national est né un ressentiment profond, une humiliation,  chez les japonais jusque là conscients du coup de main apporté pour éviter la déconfiture d’une de leurs sociétés phares. Mais surtout pour calmer les esprits il a fallu abandonner le pouvoir , évident, de Renault avec ses  43% chez Nissan ! Ahurissant de naïveté, d’amateurisme, un véritable sabotage !   Il ne restait alors plus qu’un seul espoir pour conserver le joyau bâti par Carlos Ghosn : que celui-ci manœuvre correctement pour maintenir et pérenniser l’alliance et les intérêts de la France .

J’entends et je lis que la presse japonaise, relayée par la presse française, parle de « rééquilibrage «  de l’Alliance entre Nissan et Renault au titre d’une production plus importante chez les Japonais ! Voilà bien le résultat d’un manque de culture industrielle ! Et si Dacia réalise la même opération , on rééquilibrerait avec les Roumains, et ainsi de suite …un fonctionnement nouveau de l’économie mondiale où il serait dangereux de faire croitre une filiale étrangère serait ainsi initié par cette opération ! On croit rêver ! Il existe même des propriétaires qui ne produisent rien et qui n’auraient plus rien à dire sur l’évolution de ce qu’ils ont bâti à partir du moment où l’opération connaitrait un succès ! On reviendrait à la nationalisation soviétique où nos amis japonais auraient beaucoup à perdre en Europe comme aux USA. Après les FCPA qui permettent aux USA de racketter l’industrie mondiale, les japonais auraient inventé le « rééquilibrage «  qui permet de nationaliser en douceur (sauf pour Carlos Ghosn) son tissu industriel…mondial.

Il fallait donc  protéger et défendre Carlos Ghosn , je n’ai pas le sentiment que cela ait été fait , mais plutôt tout le contraire , et tout le monde s’y est mis et continue, pleurez donc vous qui passez votre temps à créer les malheurs tandis que le peuple souffre de sa désindustrialisation, mais ce sont des larmes de crocodiles.

La vie n’a pas permis que je fasse la rencontre de Carlos Ghosn, j’ai simplement regardé ce qu’il a réalisé et j’ai mal à mon pays de le voir si mal traité.

 

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24 décembre 2018 1 24 /12 /décembre /2018 19:41

A l'occasion de la sortie de son livre Gueule de nuit chez Flammarion, la chanteuse s'est confié à Challenges sur son parcours de "business woman" sur plus de quatre décennies.

 Ne m'appelez pas la Reine de la nuit !" A quelques jours de son 89e anniversaire, Régina Zylberberg, alias Régine, chanteuse populaire et ancienne dirigeante de nombreux établissements de nuit et discothèques de 1956 à 2004, se confie sur son parcours de femme d'affaires. Cette travailleuse acharnée a cédé son empire mais elle déploie aujourd'hui encore une activité intense. Elle vient de publier un livre Gueule de nuit (Flammarion) dans lequel elle dresse les portraits de personnages qu'elle a aimés de Simone Veil à Diane Barrière, en passant par Johnny Hallyday, Andy Warhol, Barbara et Michael Jackson.

Les juke box remplacés par des DJ

On a du mal à le croire aujourd'hui mais c'est cette petite femme énergique qui a inventé les discothèques à Paris et à Saint-Tropez au début des années 60 et qui a su créer des lieux à la mode en y invitant des célébrités toutes devenues ses amis. Elle a aussi imaginé des recettes qui restent aujourd'hui encore celle d'un métier qu'elle a imaginé et codifié. " Pour avoir du monde, je commençais toujours par refuser du monde, ça créait une envie. J'installais toujours un tapis rouge et je filtrais sévèrement les entrées ". Refuser les entrées pour créer une frustration et renforcer la fierté de ceux qui sont admis et le désir de tous les autres, personne n'avait encore osé un tel marketing, un peu brutal mais redoutablement efficace. Avant elle, il y avait des salles où l'on allait écouter des groupes et des boîtes où l'on écoutait de la musique en mettant des pièces dans un juke box. " Quand des gens adoraient un titre, ils l'achetaient cinq fois de suite, c'était pas formidable pour créer une ambiance… ". Cela parait évident aujourd'hui mais Régine est la première propriétaire de discothèque à établir des playlists et à engager des " disquaires ", des employés chargés de passer les disques qu'elle avait choisis. Le mot DJ ne sera inventé que bien plus tard. " Je faisais comme aux Etats-Unis, je ne passais jamais une chanson en entier ".

Une franchise mondiale

Elle est alors la première et sans doute la seule aujourd'hui encore, à avoir créé un groupe international de discothèques ainsi qu'une marque " Régine ", déclinée en franchise dans plusieurs pays et devenue synonyme de fête, de musique et de branchitude. Parmi ses nombreux talents, elle est alors capable de remplir plusieurs établissements chaque soir avec une foule savamment composée de gens riches et célèbres qui deviennent ensuite ses meilleurs ambassadeurs, stars montantes du rock, du cinéma américain, des affaires et des médias. Elle doit alors se démultiplier, être partout à la fois, auprès des stars comme Mick Jagger qui viennent dans ses boîtes pour la voir et lui parler (la nuit est propice aux confidences ou aux états d'âmes) mais aussi auprès de ses salariés, tout en inventant en permanence les nouveaux codes de la fête. " Quand j'ai ouvert une nouvelle boîte à Paris, j'ai eu l'idée d'inviter toute la troupe de West Side Story, je leur ai dit venez vous amuser, je vous invite ! Imaginez l'ambiance, c'était juste les meilleurs danseurs du monde ! "

Au faîte de sa réussite, elle dirige seule 25 établissements qui emploient 1.000 salariés. Propriétaire de marques, à commencer par « Chez Régine », elle perçoit d’importants revenus de leur exploitation en franchise. Précurseur, elle a l’idée de créer une carte de membre dans les années 80 qui permet à ses titulaires d’entrer dans l’ensemble de ses établissements. Cette carte de fidélité a compté jusqu’à 20.000 détenteurs à une époque où cette femme d’affaires générait un chiffre d’affaires de 500 millions de francs annuels.

Parmi les secrets de sa réussite, elle explique aujourd’hui, qu’elle a toujours beaucoup travaillé et qu’en soi, c’est déjà un énorme atout par rapport à d’autres. « Je travaillais la nuit quand les autres dormaient, et je travaillais l’été quand ils étaient en vacances, cela me permettait d’avoir de l’avance ».

Quand Johnny rencontre Elvis

Quand on lui demande si Cathy Guetta ou Laurent de Gourcuff, actuels exploitants de lieux nocturnes sont ses successeurs, elle fait la moue. « Le monde de la nuit c’est une « cata » aujourd’hui ! Les gens ne savent pas danser, au mieux ils bougent. Il faudrait tout recommencer par le début et apprendre à tout le monde à danser ».

Dans son livre, la diva à la chevelure rousse flamboyant a inséré les anecdotes piquantes qui attestent que le business de la nuit est forcément une affaire très humaine, parsemée de surprises. Ainsi, elle raconte la rencontre historique de 1960 entre Johnny Hallyday et son idole absolue Elvis Presley, alors militaire basé à Berlin venu passer quelques jours de permission à Paris. «Johnny était très intimidé, quand je lui ai présenté Elvis, il a perdu ses moyens et m’a fait promettre de ne jamais parler de cette rencontre », raconte-elle. Johnny a alors peur de devoir partir sous les drapeaux en Algérie, mais en voyant comment Elvis a su tirer partie de sa propre mobilisation dans l'armée américaine, il changera d'avis et transformera lui aussi son service militaire en une belle opération de promotion.

Dans le chapitre consacré à Andy Warhol, elle reproduit in extenso l’interview surréaliste qu’elle avait faite du pape du Pop Art … pour le magazine Egoïste. Wahrol ne répond à ses questions que par d’autres questions. Revenant sur les artistes qu’elle a croisés chez lui, elle se souvient de Jean-Michel Basquiat, « un garçon étrange, qui peignait des œuvres assez bizarres. Pour moi c’était des graffitis pour ne pas dire des gribouillis ! » s’amuse-t-elle. Si elle conserve précieusement quelques clichés de Warhol, elle n'a pas conservé de dessins de Basquiat. On ne peut pas être précurseur dans tous les domaines !

 

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23 décembre 2018 7 23 /12 /décembre /2018 19:57
'Amazon va échouer. Amazon va faire faillite':
Jeff Bezos a fait un aveu surprenant au sujet de la
durée de vie d'Amazon

Businees Insider 16 novembre 2018 Economie ,Tech

Jeff Bezos. Drew Angerer/Getty Images

  • Jeff Bezos a dit à ses employés d'Amazon qu'il prédit "qu'un jour, Amazon va échouer", selon un enregistrement d'une réunion interne écoutée par CNBC. 
  • Le patron d'Amazon a ajouté que la mission d'Amazon est de retarder cet échec aussi longtemps que possible, en se concentrant sur ses clients. 
  • Les employés d'Amazon ont dit à CNBC que les problèmes tels que la régulation gouvernementale et les violations potentielles des lois antitrust les inquiétaient.

Le patron d'Amazon Jeff Bezos a fait un aveu surprenant la semaine dernière lors d'une réunion avec tous ses employés, selon un enregistrement entendu par CNBC

Alors que le géant du e-commerce est valorisé à mille milliards de dollars et que Jeff Bezos est l'homme le plus riche de l'histoire moderne, le patron d'Amazon a dit que l'entreprise est loin d'être invincible. 

"Amazon n'est pas trop grand pour échouer... En effet, je prédis qu'un jour, Amazon va échouer. Amazon va faire faillite. Si vous regardez les grandes entreprises, leur durée de vie est d'environ 30 années ou plus, pas une centaine d'années et plus", aurait dit Jeff Bezos après une question à propos de Sears qui a fait faillite.

Bien que l'histoire nous montre qu'aucun empire ne dure pour toujours, c'est inhabituel pour un PDG — en particulier un dirigeant de l'une des entreprises les plus prospères — de parler de son entreprise de manière aussi abrupte. 

Jeff Bezos aurait poursuivi en disant que leur mission était de retarder l'inévitable aussi longtemps que possible — et la manière de le faire était de se concentrer sur les clients. 

"Si nous commençons à nous focaliser sur nous-mêmes, au lieu de nous focaliser sur nos clients, ça sera le début de la fin... Nous devons essayer et retarder ce jour aussi longtemps que possible", a-t-il dit. 

Plusieurs employés d'Amazon qui ont parlé à CNBC, sous condition de garder l'anonymat, ont dit que la régulation gouvernementale et les violations potentielles des lois antitrust représentent de "grandes inquiétudes" quand ils pensent à l'avenir de l'entreprise.  

"C'est un fait que nous sommes une grande entreprise", a dit Jeff Bezos dans un enregistrement entendu par CNBC. "Il est raisonnable pour de grandes institutions de toutes sortes, entreprises ou gouvernements, d'être examinées."

Amazon a annoncé cette semaine qu'elle allait s'étendre sur deux nouveaux sites pour son deuxième siège, baptisé "HQ2", qui représentera une augmentation d'environ 50.000 employés. 

Amazon n'a pas répondu à la sollicitation de Business Insider US dans l'immédiat.

Version originale: Isobel Asher Hamilton/Business Insider

 

Jeff Bezos explique pourquoi il pense que dormir 8 heures est clé pour prendre des décisions
importantes au travail

AP/Amy Harris

  • Jeff Bezos a dit la semaine dernière qu'il veillait à dormir huit heures tous les soirs, expliquant qu’il ne voulait pas prendre le risque de prendre de mauvaises décisions exécutives parce qu'il est "fatigué ou grognon".
  • Le patron d'Amazon a ajouté qu'il s’occupait des décisions et discussions "intellectuellement exigeantes" seulement avant le déjeuner — même si cela signifiait les remettre au lendemain.

Afin de s'assurer qu'il n'est pas "fatigué ou grognon" lorsqu'il doit prendre des décisions importantes, Jeff Bezos, explique qu'il fait l'effort de dormir au moins huit heures chaque nuit.

Dans un entretien qu'il a donné la semaine dernière au Washington Hilton à David Rubenstein, co-fondateur et co-directeur exécutif du conseil d’administration du Groupe Carlyle, Jeff Bezos a évoqué son quotidien et ses habitudes chez Amazon.

"C'est une priorité", a dit Bezos à propos du sommeil. "Je pense mieux. J'ai plus d'énergie. Mon humeur est meilleure."

"En tant que haut dirigeant, vous êtes payé pour prendre un petit nombre de décisions de grande qualité", a-t-il expliqué. "Votre travail n'est pas de prendre un millier de décisions par jour. Est-ce que vos décisions valent vraiment la peine d'être prises si vous êtes fatigué ou grognon?"

Bezos avait déjà parlé de l'importance de dormir huit heures. "Ces huit heures font toute la différence pour moi, et j'essaie d’en faire une priorité", a-t-il déclaré en 2016. "C'est la quantité nécessaire pour que je me sente plein d'énergie et stimulé. Il ne me paraît pas nécessaire de maximiser le nombre de décisions que l’on prend par jour. Prendre un petit nombre de décisions clés est bien plus important que prendre un grand nombre de décisions."

“Si vous empiétez sur votre sommeil, vous aurez peut-être l'impression de bénéficier de quelques heures supplémentaires où vous vous sentirez productif, mais ce ne sera qu'une illusion. Lorsqu'il s’agit de prendre des décisions et d'interagir, la qualité est à prioriser, au détriment de la quantité."

Lors de son échange avec le public au Washington Hilton, Bezos a aussi dit qu'il participait à des réunions "à QI élevé", qui pouvaient être "exigeantes intellectuellement" seulement avant le déjeuner — même s'il fallait attendre le lendemain.

"Je me couche tôt, je me lève tôt", explique Bezos. "J'aime golfer le matin. J'aime lire le journal, boire mon café, prendre mon petit-déjeuner avec mes enfants avant qu’ils partent à l'école."

Version originale: Sean Wolfe/Business Insider

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22 décembre 2018 6 22 /12 /décembre /2018 11:03

« L’interconnexion de ces deux groupes mythiques dans leurs pays d’origine sans oublier Mitsubishi, est telle aujourd’hui, que n’est pas né celui qui arrivera à les démêler. Mais l’enjeu est ailleurs »

 
 

Il est clair que les dirigeants de Nissan estiment qu’ils n’ont pas la place que les tailles respectives des différents membres de l’Alliance justifieraient qu’ils aient

Les gouvernements francais et japonais ont réaffirmé leur attachement à l’alliance Renault Nissan. C’est dire que le coup de tonnerre de l’arrestation spectaculaire de Carlos Ghosn au Japon a fait trembler le désormais premier groupe automobile mondial.

L’interconnexion de ces deux groupes mythiques dans leurs pays d’origine sans oublier Mitsubishi, est telle aujourd’hui, que n’est pas né celui qui arrivera à les démêler. Mais l’enjeu est ailleurs. Qui va régner sur le groupe ? La suprématie française sur la gouvernance est elle inéluctable ? N’assistons nous pas à un épisode décisif d’une guerre d’influence économique ?

N’est-ce pas en effet au
PDG de Nissan, Hiroto Saikawa, plutôt sévère depuis deux jours avec Carlos Ghosn, que profite l’invraisemblable imbroglio né d’une révolution de « palais impérial » ?
L’objectif est il atteint ?

Pas encore. En maintenant Carlos Ghosn à la présidence de Renault en attente d’éléments précis et en propulsant l’excellent et respecté Thierry Bolloré à la direction intérimaire du groupe, le conseil d’administration a renouvelé sa confiance au duo si respecté, sans mettre fin à près de 20 ans de règne sans partage de celui qui releva Nissan en faisant de cette alliance l’une des plus « successful » de toute l’histoire de l’industrie automobile. La présomption d’innocence est un principe sacré.

Pardonnera-t-on un jour à Carlos Ghosn, au Japon où le code d’honneur est si surdéveloppé, d’avoir sauvé Nissan de la faillite ? Et d’avoir aggravé son cas en absorbant Mitsubishi l’année dernière ? Que penser de l’accusation portée contre lui de dissimulation de sa rémunération ? Celle-ci n’est elle pas publique et accessible à tous ?

Quid de l’implication du Premier ministre Shinzo Abe et des rumeurs de changement de législation pour permettre un achat d’actions de Renault jusqu’à ce que Renault perde ses droits de vote dans Nissan ?

Montages. Existe-t-il des montages qui peuvent lui être reprochés ? Des fuites le laissent penser. L’avenir le dira, mais si c’est le cas, alors que sa rémunération fait couler de l’encre depuis toujours, notamment au Japon où les patrons nippons perçoivent des salaires plus raisonnables que ceux des grands patrons occidentaux, ce sera le prétexte rêvé pour tenter de ravir à la France le contrôle du groupe en détrônant le mythique PDG.

 

Cette situation a-t-elle conduit les autorités japonaises à choisir une mise en scène à l’américaine, on se souvient de la spectaculaire arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New York, et à tenter de mettre fin à la suprématie de Renault sur Nissan qui a tendance à exaspérer le pouvoir ?

La très bonne forme économique de Nissan, sa productivité impressionnante, qui fait des salariés de l’entreprise les acteurs les plus performant du groupe, le double de ceux de Renault, ne donne-t-elle pas des ailes à un gouvernement japonais qui n’a jamais avalé les 15% de l’ensemble détenus par l’Etat Français ?

 

Quid de l’implication du Premier ministre Shinzo Abe et des rumeurs de changement de législation pour permettre un achat d’actions de Renault jusqu’à ce que Renault perde ses droits de vote dans Nissan ?

Le gouvernement francais ne doit pas faire preuve de naïveté et doit anticiper un scénario qui affaiblirait nos intérêts économiques et l’image de notre industrie au plan mondial. Le maintien de la confiance à Carlos Ghosn tant qu’il n’est pas condamné et la montée en puissance de Thierry Bolloré sont de bonne augure. Soyons vigilants sur la suite des événements, agissons calmement, en évitant la précipitation qui caractérisa les pires heures d’EADS après la disparition de Jean Luc Lagardère.

Frédéric Lefebvre, ancien ministre, délégué national d’Agir.

 

Selon le FT, Saikawa, le patron de n'a d'autres buts que de replacer Nissan dans la stratégie industrielle nationale nipponne, le qui est le bras opérationnel de l'état stratège nippon. La volonté de d'opérer une fusion Renault-Nissan était un casus belli...

 

 

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22 décembre 2018 6 22 /12 /décembre /2018 10:07

Courchevel .

Des skieurs qui prennent de l’âge, un marché locatif en crise, une baisse lente mais historique de la fréquentation... Les stations de ski glissent sur une mauvaise pente, alors qu’une grande partie d’entre elles lancent leur saison ce week-end.

 

 

La glissade est lente, mais certaine. Malgré une dernière saison 2017-2018 correcte, le nombre de journée-skieurs diminue en moyenne de 0,8% chaque année depuis 10 ans. Au point où cette année, pour la première fois, Domaine Skiable de France s’inquiète publiquement de cette tendance.

Source : Domaine skiable de France

"Sur les dix dernières années, […] il n’y a plus de hausse structurelle" écrit la chambre professionnelle dans un communiqué publié le 18 mai. En 2008-2009, 59 millions de journées-skieurs étaient enregistrées sur les pistes. Une année record. Dix ans plus tard, DSF n’en comptabilise plus que 53,5 millions. "On s’est coupé de la clientèle jeune" soupire Eric Adamkiewicz, maître de Conférences à la Faculté des Sciences du Sport de Toulouse et ex-directeur de l'office de tourisme de Bourg-Saint-Maurice-les-Arcs.

 

Baisse de fréquentation 15 % en

dix années  2008/2018

 

Sports d'hiver : challenge pour les seniors... et les stations !

baisse de fréquentation en prévision .

Rédigé par Frédéric SERRIERE - Le Marche des Seniors.com  étude 2004
 
Une tendance lourde pour l’avenir des sports d’hiver est le vieillissement de la population. C’est ce qu’il ressort d’un interview avec Eric Guilpart, directeur marketing de la Compagnie des Alpes. En effet le vieillissement de la population est un des plus grands challenges pour les stations de sports d’hivers pour les années avenir.

 

ll doit s’analyser sous deux angles différents, aux effets contradictoires : un effet d’âge et un effet de génération.

L’effet âge

Il est incontestable que le taux de départ aux sports d’hiver décroît avec l’âge : maximum vers 20 ans (17% des français de cet âge partent aux sports d’hivers), il atteint à peine 1% à 60 ans.

Le manque de condition physique, les conséquences importants des accidents sur le santé, la moindre résistance au froid sont les causes évidences de la baisse de pratique des Seniors.L’augmentation prévue des classes d’âge 50/60 ans et 60 ans et plus entre 1995 et 2015 va mécaniquement entraîner à la baisse le taux de départ aux sports d’hiver.

« Toutefois l’augmentation du nombre total de français entre 1995 et 2015 doit pouvoir compenser en partie l’effet âge. » explique Eric Guilpart. Chez certains de nos voisins européens, cet effet est encore plus accentué : le vieillissement de la population allemande, qui représente plus des deux tiers de clients des stations autrichiennes, est un sujet de préoccupation majeure. De même, le faible taux de fécondité des foyers italiens fragilise les perspectives des sports d’hiver en Italie.

L’effet de génération

Le deuxième fait incontestable révélé par les études menées pour la Compagnie des Alpes sur ce sujet : les habitudes de départ aux sports d’hiver prises jeunes se transmettent au travers des générations. Plus on a commencé une pratique sportive jeune, plus on a de chances de la pratiquer longtemps.

Alors qu’en 1975, les 40/49 ans, qui avaient appris pour la plupart à skier à plus de 20 ans, étaient 4,8% à partir aux sports d’hiver, on anticipe qu’en 2015, comme en 1995, 14% de cette classe d’âge partiront aux sports d’hiver. Elle aura appris à skier beaucoup plus jeune et aura conservé ses habitudes.

Cette effet de génération vient donc compenser largement l’effet démographique. Mais il a des conséquences importantes sur la nature de la clientèle et donc sur les produits à lui proposer. En effet, la combinaison des deux effets a comme résultats :

- une augmentation du taux de départ aux sports d’hiver des français qui passeraient de 10,3% en 1995 à plus de 11M en 2015. 

- Un doublement des plus de 50 ans. Ils représentaient 8% des clients en 1995, ils devraient en représenter 20% en 2015. 

- une pratique moins intense : la consommation de ski augmentera moins que la fréquentation des stations, les Seniors consomment les loisirs à leur rythme.Proposer des services adaptés

Eric Guilpart propose plusieurs remèdes : dans ce domaine, comme dans celui des actions à mettre en place les stations de sports d’hiver devront s’adapter. Elles ne pourront retenir leurs clients Seniors qu’en leur proposant des services répondant aux attentes réelles de ces catégories d’âge. On peut citer brièvement :
 

  • Proposer des hébergements plus grands et mieux équipés. Ce qui est acceptable quand on a vingt ans et un budget réduit (petites surfaces, équipement rudimentaire, confort spartiate) ne l’est plus à 50 ans et plus. La contrainte budgétaire a le plus souvent disparu et les exigences de qualité de service ont augmenté.

    La problématique du logement est particulièrement aiguë en France. Sur un parc de deux millions de lits touristiques en montagne, une large majorité a plus de 25 ans, a été occupé intensivement et n’a pas toujours été entretenue correctement par les propriétaires individuels.

    Les constructions des années 60/80 ont des surfaces réduites (18/25 m2) qui ne sont pas adaptés aux exigences des Seniors. Les stations vont donc être contraintes de s’attaque sérieusement à ce problème. Un cadre législatif existe aujourd’hui, qui permet notamment aux collectivités locales d’investir dans la rénovation du patrimoine privé.
  • Améliorer la variété et la qualité des commerces. Dans ce domaine également de gros progrès sont à réaliser pour fidéliser la clientèle Senior. L’attention devra être portée sur tous les éléments de confort, de santé, de prise en charge des tâches pénibles.

    Un Senior a plus besoin de se reposer qu’un jeune : le calme, la contemplation, sont des valeurs montantes. Le restaurant de qualité, même s’il est plus cher, sera préféré au « snack-pizzéria-tartiflette » dans un sous-sol enfumé.
  • Adapter les domaines skiables. Plus on vieillit, plus on a peur de l’accident et de ses conséquences. L’attention des exploitants de domaines skiables se porte aujourd’hui sur la suppression des obstacles de toute nature pouvant représenter une source de danger pour le skieur.

    Dans ce sens, cette préoccupation rejoint celle que vise à lutter contre les effets de manque de neige. Aujourd’hui un bon entretien des pistes assure à la fois un ski de qualité et une meilleure sécurité. Des efforts devront être poursuivis pour proposer aux clients des produits plus adaptés à leur style de consommation.

    Une grande partie des Seniors est de plus en pus réticente à payer un forfait alors que leur consommation est faible. Une évolution vers un ski à la consommation est inéluctable. La bonne vieillie « carte à points » reprendra du service sous une forme moderne : la carte à puce sans contact, débitée directement dans la poche. Les tarifs Seniors existantes aujourd’hui, supposés faibles, ont une fin programmée avec la mise en place de la carte à points.
  • Proposer des nouveaux services. La pratique du ski est le monteur de la venue d’un client dans une station de sports d’hiver. Mais cette pratique est en moyenne de quatre à cinq heures par jour. Le reste du temps libre est occupé par d’autres loisirs, qui devront s’adapter aux changements des comportements des clients. Moins de bars à bière et plus de salons de thé ? Moins de disco et plus de casinos ? Moins de bowling et plus de dinning ?

    Au-delà des slogans, il faudra certainement faire preuve d’imagination pour satisfaire une clientèle très exigeante et moins prête aux sacrifices qu’il y a vingt ans.

 

 

Le propriétaire des skis Salomon
racheté pour 4,6 milliards d'euros

Un consortium emmené par le chinois Anta Sports a soumis une offre sur le finlandais Amer Sports valorisant ce dernier, propriétaire entre autres de la marque de ski Salomon, à 4,6 milliards d'euros.

 

Un consortium emmené par le chinois Anta Sports a soumis une offre sur le finlandais Amer Sports. Jason Lee

Un consortium emmené par le chinois Anta Sports a soumis une offre sur le finlandais Amer Sports valorisant ce dernier, propriétaire entre autres de la marque de ski Salomon, à 4,6 milliards d'euros.

Ce consortium, qui comprend aussi le géant chinois de la technologie Tencent, propose 40 euros par action pour mettre la main sur le spécialiste des articles de sports, tels que les raquettes de tennis Wilson, a précisé Anta Sports vendredi.

Plus forte hausse de l'indice

Ce montant inclut une prime de 13,6% par rapport au dernier cours de clôture d'Amer et l'offre a été recommandée à l'unanimité par le conseil d'administration du groupe finlandais.

L'action Amer prenait plus de 8% à 38,11 euros vendredi en Bourse d'Helsinki vers 10h50 GMT pour se rapprocher du montant de l'offre, signant la plus forte hausse de l'indice européen Stoxx 600, en hausse de plus de 1% à ce stade.

Si cette opération aboutit, Amer Sports poursuivra ses activités de manière indépendante avec sa propre équipe de direction, promet Anta.

 
Sur le point d'accepter l'offre

Des actionnaires d'Amer Sports représentant au total une participation de 7,91% ont déjà accepté l'offre, ajoute le groupe chinois.

Parmi les autres membres du consortium figurent le fonds chinois de capital investissement Fountainvest Partners ainsi que la société Anamered Investments, qui appartient à l'homme d'affaires canadien Chip Wilson, fondateur de la marque de vêtements pour le yoga Lululemon Athletica. Dès jeudi qu'Amer Sports était sur le point d'accepter son rachat par un consortium mené par Anta pour 4,6 milliards d'euros.

(Avec Reuters )

 
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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 14:44

Alors que sa détention semblait se terminer, le PDG déchu a été accusé d’avoir fait passer des pertes personnelles sur les comptes de Nissan en 2008.

Le Monde : par Philippe Mesmer Publié aujourd’hui 21/12/2018 à 03h14

Philippe Wojazer / REUTERS

La rocambolesque affaire Carlos Ghosn a connu un nouveau rebondissement, vendredi 21 décembre. Le parquet de Tokyo a encore une fois placé en garde à vue l’ex-président de Nissan (et toujours PDG de Renault), l’accusant d’abus de confiance aggravé. Il pourrait être maintenu en détention pendant une nouvelle période de dix jours, indiquait, vendredi, la presse japonaise.

Cette nouvelle arrestation est liée aux pertes subies au moment de la crise des subprimes de 2007-2008 par la société gérant la fortune de M. Ghosn. Ces pertes, d’un montant de 1,85 milliard de yens (14,5 millions d’euros), auraient été imputées en octobre 2008 à la comptabilité de Nissan.

Elles seraient liées à des transactions effectuées sur des dérivés de devises. La hausse du yen pendant la crise en serait la cause. Entre 2009 et 2014, une filiale de Nissan aurait par ailleurs versé 14,7 millions de dollars (12,8 millions d’euros) à ce gestionnaire de fortune.

Plus d’un mois de détention

La loi japonaise sur les entreprises fixe une prescription de sept ans. Mais les procureurs soutiennent qu’elle ne s’applique pas à M. Ghosn en raison du temps qu’il a passé à l’étranger ces dix dernières années.

L’annonce de la nouvelle détention de M. Ghosn survient alors que sa libération sous caution était envisagée. Après plus d’un mois en détention, le tribunal de Tokyo avait rejeté, jeudi, une requête du parquet de prolonger de dix jours sa garde à vue, ouvrant la voie à une libération sous caution. Le parquet avait fait appel, en vain.

Carlos Ghosn avait été mis en examen le 10 décembre. Le parquet de Tokyo l’avait inculpé au terme d’une première garde à vue de vingt-deux jours pour avoir minoré les déclarations de revenus remises aux autorités financières de l’Archipel entre les exercices 2010 et 2014.

Il l’avait immédiatement replacé en garde à vue pour des faits similaires, mais pour les exercices allant de début 2015 à mars 2018. M. Ghosn a nié toute malversation, expliquant que les montants en question devaient être versés après son départ à la retraite.

Une histoire d’honneur ?

Encerclé par les journalises, l’avocat de Carlos Ghosn tente de quitter le centre de détention de Tokyo, le 20 décembre. ISSEI KATO / REUTERS

L’avocat de Carlos Ghosn, Motonari Otsuru, n’a fait aucun commentaire sur la nouvelle arrestation. Dans la matinée de vendredi, la chaîne publique NHK, citant le conseil de M. Ghosn, rapportait que le PDG de Renault avait juré de rétablir son honneur en justice et de s’adresser à la presse dès sa sortie. Excluant de fuir – l’une des raisons du maintien en détention d’étrangers au Japon serait que les procureurs craignent de les voir quitter le pays –, il aurait également demandé de pouvoir quitter le Japon.

Arrêté en même temps que Carlos Ghosn le 19 novembre, son proche et ex-directeur délégué de Nissan, Greg Kelly, n’a pas été arrêté vendredi. L’un de ses avocats s’est rendu en fin de matinée au tribunal pour déposer une demande de libération sous caution.

La société Nissan, également mise en examen dans cette affaire, a refusé de commenter les derniers développements, tout comme le ministre de la justice, Takashi Yamashita. Au sujet des critiques émises à l’international contre le fonctionnement de la justice japonaise, il a expliqué que les procédures « se font dans le respect des textes » et que, de ce fait, « il n’y a pas lieu de critiquer ».

Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)

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18 décembre 2018 2 18 /12 /décembre /2018 17:50

Philippe Ries / ancien directeur du bureau de Tokyo de l’AFP /2018

Carlos Ghosn a été arrêté dans la soirée du 19 novembre. - Toru Yamanaka/AFP

LE CERCLE/TRIBUNE - Pour le journaliste Philippe Riès, la mise hors circuit de Carlos Ghosn est une machination pilotée par Nissan pour « rejapaniser » le constructeur automobile.

Il y a quarante ans ce mois-ci, j'étais arrêté à Szczecin, ramené dans la nuit à Gdansk et incarcéré sous l'accusation d'espionnage par le pouvoir polonais. C'est dire que la nouvelle retentissante de  l'arrestation à Tokyo de Carlos Ghosn, mon coauteur pour « Citoyen du monde » (2003), a raisonné chez moi d'une manière particulière. Parce que je sais que  ses conditions de détention dans le Japon démocratique sont pires que celles que j'ai connues dans la Pologne « communiste ».

Contrairement au bâtisseur de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, je ne fus pas mis à l'isolement, mais avec deux codétenus polonais de « droit commun », qui me furent d'un grand secours. J'avais gardé mes vêtements civils. Notre cellule était bien chauffée. Et mon épouse, venue de Paris, avait arraché un droit de visite quotidien de quelques minutes. Pendant les longues heures d'interrogatoire, Pendant les longues heures d'interrogatoire, il y avait du thé et des biscuits.

Traitement discriminatoire
Qui connaît le Japon sait que les pouvoirs exorbitants accordés aux procureurs nippons relèvent d'un système totalitaire bien plus que d'une démocratie avancée. Ils visent à donner à l'accusation tout le temps et les moyens nécessaires pour « briser » le prévenu et le pousser à confesser un crime dont il peut être innocent. L'aveu. C'est ce qui explique un taux d'élucidation des crimes et délits de 99,9 %, inconnu partout ailleurs, même dans l'URSS de Joseph Staline.
La mise hors circuit de Carlos Ghosn pendant des semaines est un élément essentiel dans la machination montée par le « Vieux Nissan », piloté par Hiroto Saikawa, afin de promouvoir la « rejapanisation » du constructeur automobile. Une enquête interne conduite dans le dos de la personne concernée et de l'actionnaire majoritaire de l'entreprise. Des « lanceurs d'alerte » dont on sait qu'ils appartiennent à l'état-major de Nissan. Une plainte auprès du procureur de Tokyo planifiée pour permettre la cueillie de Carlos Ghosn et de Greg Kelly à l'atterrissage du jet de Nissan à Haneda, devant les caméras de TV Asahi.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La question n'est pas de savoir si Carlos Ghosn aurait droit, e la part de la justice japonaise, à un régime de faveur parce qu'il est étranger, mais au contraire pourquoi il est traité de manière aussi manifestement discriminatoire. La liste est longue des scandales, fraudes diverses et variées, malversations financières qui ont émaillé ces dernières années la chronique des affaires au Japon. De Tepco (Fukushima) à Toshiba, de Olympus à Takata. Avec, dans certains cas, des morts à la clef (Takata) ou des milliards évaporés (Toshiba). Combien de patrons nippons responsables de ces malversations ont-ils été inquiétés par le bureau du procureur de Tokyo, sans parler d'une incarcération ? Zéro. Pas un seul.
Purge violente

Comme j'ai pu le dire et l'écrire, Carlos Ghosn a beaucoup appris de François Michelin, mais pas le mépris de l'argent qui faisait la réputation de l'austère dynastie auvergnate. Et prendre sa défense, dans la France des « gilets jaunes », est d'une incorrection politique absolue. La passivité apparente de la diplomatie française, qui s'était, comme l'opinion, mobilisée en 1978 pour la libération d'un simple journaliste (militant) embastillé en Pologne, est troublante.

Est en cause l'avenir d'un leader industriel qui associe non pas trois entreprises, mais neuf (dont DongFeng Chine, Avtovaz Russie ou Siam Motor) et emploie un demi-million de salariés dans le monde. Il est temps que Renault, actionnaire pivot de l'Alliance, parce qu'il a gagné le pari pris en 1999 de venir au secours de Nissan, exerce ses prérogatives.

L'action de Hiroto Saikawa et de ses complices, la purge violente au sein du conseil d'administration de Nissan, représentent une claire violation du pacte de 2015 (au demeurant calamiteux), qui transformait quasiment Renault en « sleeping partner ». Le retour du Vieux Nissan n'est pas l'avenir de l'Alliance, mais la certitude de son délitement, au moment où l'industrie automobile fait face à des bouleversements sans précédent depuis sa naissance.

Philippe Riès est journaliste, ancien directeur du bureau de Tokyo de l'AFP (1998-2003).

 
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15 décembre 2018 6 15 /12 /décembre /2018 15:54

Deutsch: Yuval Noah Harari at an interview in Berlin, presenting the German translation of "Homo Deus".

 

Yuval Noah Harari, né le à Kiryat Ata, est un historien et professeur d’histoire israélien, auteur du best-seller international Sapiens : Une brève histoire de l'humanité et de sa suite Homo Deus : Une brève histoire de l'avenir. Il enseigne au département d’histoire de l’université hébraïque de Jérusalem.

Biographie

Yuval Harari est né à Kiryat Ata en Israël de parents juifs libanais séfarades ayant des racines en Europe de l'Est. Il se spécialise en histoire médiévale et militaire et obtient son doctorat au Jesus College de l'université d'Oxford en 2002. Il devient enseignant de World History à l'université hébraïque de Jérusalem en 2005.

Harari pratique la méditation Vipassana telle qu’enseignée par S. N. Goenka et ses assistants-enseignants, dans la tradition de Sayagyi U Ba Khin (en). Son livre Homo Deus est d'ailleurs dédié à son maître S. N. Goenka. Il médite deux heures par jour et fait souvent de longues retraites.

Harari se dit végétalien, et le sort des animaux, en particulier des animaux d'élevage, est traité à plusieurs reprises dans ses ouvrages.

Il est homosexuel, ce qui lui permet selon lui « de remettre en question les idées reçues », et vit avec son conjoint et manager Itzik Yahav dans le moshav (communauté agricole coopérative) Mesilat Zion près de Jérusalem.

Ses conférences en hébreu sur l’histoire du monde ont été visionnées par des dizaines de milliers d’internautes en Israël. Yuval Harari a proposé également en 2014 une série de cours en ligne gratuits en anglais (MOOC) intitulée « A Brief History of Humankind ». Plus de 100 000 personnes y étaient inscrites . Harari a pu se faire connaître dans le monde entier par le biais de ses Ted talks.

Ouvrages

Son ouvrage le plus connu s’intitule Sapiens : Une brève histoire de l'humanité. D’abord publié en hébreu sous le titre Une brève histoire de l’humanité, il a été traduit dans près de 30 langues. Le livre retrace toute l'histoire de l'humanité, depuis l’évolution de l’homo sapiens de l’âge de pierre au XXIe siècle.

Sapiens est basé sur un cours qu'avait donné Harari alors qu'aucun de ses collègues ne voulait s'en charger. Après avoir été refusé par la majorité des grandes maisons d'éditions israéliennes, le livre fut finalement accepté par un éditeur et est devenu depuis un bestseller publié dans plus de 20 pays.

En 2017, il publie Homo Deus : Une brève histoire de l'avenir.

Ses travaux ont suscité l’intérêt des universitaires aussi bien que celui du grand public et ont rapidement fait d’Harari une célébrité, sa recommandation par Mark Zuckerberg dans son club de lecture y ayant contribué, tout comme Barack Obama qui a « adoré cette histoire de l'humanité vue du ciel » et Bill Gates qui a chaudement recommandé ce livre « vivifiant ».

En 2018, il publie 21 leçons pour le XXIe siècle.

Prises de position

Fin juillet 2018, Yuval Noah Harari refuse de participer à une manifestation du consulat israélien à Los Angeles, pour protester contre la promulgation par Israël de la loi sur l'État-nation, la qualifiant d'« érosion des normes libérales de base d'Israël ». Il réitère ainsi ses propos concernant le conflit israélo-palestinien : « La véritable anomalie du conflit israélo-palestinien est que l’ordre mondial est prêt à laisser ces anomalies s’envenimer pendant des décennies, comme si elles étaient parfaitement normales. » .

Publications

Ouvrages
  • (en) Renaissance Military Memoirs : War, History and Identity, Woodbridge, Boydell & Brewer,
  • (en) Special Operations in the Age of Chivalry, 1100–1550, Woodbridge, Boydell & Brewer,
  • (en) The Ultimate Experience: Battlefield Revelations and the Making of Modern War Culture, 1450–2000, Londres, Palgrave Macmillan,
  • Sapiens : Une brève histoire de l’humanité [« Sapiens : a Brief History of Humankind »] (trad. de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat), Paris, éd. Albin Michel, , 501 p., 25 cm
  • Homo Deus : Une brève histoire de l’avenir [« Homo Deus : a Brief History of Tomorrow »] (trad. de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat), Paris, éd. Albin Michel, , 463 p., 25 cm
  • 21 leçons pour le XXIe siècle [« 21 Lessons for the 21st Century »] (trad. de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat), Paris, éd. Albin Michel, , 375 p., 25 cm .
Articles
  • "The Military Role of the Frankish Turcopoles – a Reassessment", Mediterranean Historical Review 12 (1) (June 1997), p. 75-116.
  • "Inter-Frontal Cooperation in the Fourteenth Century and Edward III’s 1346 Campaign", War in History 6 (4) (September 1999), p. 379-395
  • "Strategy and Supply in Fourteenth-Century Western European Invasion Campaigns", The Journal of Military History 64 (2) (April 2000), p. 297-334.
  • "Eyewitnessing in Accounts of the First Crusade: The Gesta Francorum and Other Contemporary Narratives", Crusades 3 (August 2004), p. 77-99
  • "Martial Illusions: War and Disillusionment in Twentieth-Century and Renaissance Military Memoirs", The Journal of Military History 69 (1) (January 2005), p. 43-72
  • "Military Memoirs: A Historical Overview of the Genre from the Middle Ages to the Late Modern Era", War in History 14:3 (2007), p. 289-309
  • (en) Yuval Noah Harari, « The Concept of ‘Decisive Battles’ in World History », Journal of World History, no 18:3,‎ , p. 251-266* "Knowledge, Power and the Medieval Soldier, 1096–1550", in In Laudem Hierosolymitani: Studies in Crusades and Medieval Culture in Honour of Benjamin Z. Kedar, ed. Iris Shagrir, Ronnie Ellenblum and Jonathan Riley-Smith, (Ashgate, 2007)
  • "Combat Flow: Military, Political and Ethical Dimensions of Subjective Well-Being in War", Review of General Psychology (September, 2008)
  • (en) Yuval Noah Harari, « Armchairs, Coffee and Authority: Eye-witnesses and Flesh-witnesses Speak about War, 1100-2000 », Journal of Military History, no 74:1,‎ , p. 53-78

Distinctions

  • 2009 et 2012 : « prix Polonsky pour la créativité et l'originalité »
  • 2011 : « Society for Military History’s Moncado Award » pour les articles qu'il a rédigés sur l’histoire militaire
  • 2012 : élu membre de l'Académie israélienne junior des sciences.
  •  

Source Wikipédia  et journal Le point 20 septembre 2018 .

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9 décembre 2018 7 09 /12 /décembre /2018 16:30

 

FIGAROVOX/TRIBUNE - Pour Coralie Delaume, si les revendications des Gilets jaunes sont légitimes, leur application ne pourra se faire sans une remise en cause du fonctionnement de l'Union européenne. En l'état actuel des traités, les États membres ne peuvent plus mener de politiques économiques et commerciales souveraines, explique-t-elle.

 


Coralie Delaume est essayiste et vient de publier Le Couple franco-allemand n'existe pas (Michalon, octobre 2018). Elle anime également, depuis 2011, le blog L'Arène nue.


Augmentation du SMIC et des retraites, taxation des très grandes entreprises, protection de l'industrie française, fin de la politique d'austérité et redéploiement des services publics: telles sont les revendications des Gilets jaunes révélées la semaine dernière dans la presse. Le rétablissement d'une véritable démocratie fait également partie des demandes récurrentes.

 

L'Europe est en revanche absente des mots d'ordre et des slogans. Pourtant, aucune des demandes formalisées n'est réalisable dans l'Union européenne actuelle, dans le Marché unique et dans l'Euro, qui sont le cadre à l'intérieur duquel prennent place les politiques nationales. Les gouvernements nationaux ne sont finalement que des relais consentants de l'UE, des fondés de pouvoir satisfaits de leur impuissance.

L'Union européenne est plus qu'une simple organisation internationale.

Il ne peut y avoir de démocratie dans le cadre de l'Union européenne

L'Union européenne est plus qu'une simple organisation internationale. Elle n'est pas intergouvernementale mais supranationale. Les juristes disent que la Cour de justice des communautés a «constitutionnalisé les traités» via deux jurisprudences de 1963 et 1964. Autrement dit, la Cour a fait naître un ordre juridique inédit et posé les bases d'un proto-fédéralisme sans que les peuples soient consultés - ni même avertis - de la venue au monde d'une quasi-Constitution.

Les Français ont fini par l'être mais... quarante ans plus tard! Le référendum de 2005 sur le Traité constitutionnel européen consistait finalement à demander aux électeurs de légitimer a posteriori une situation qui préexistait de longue date. C'est l'une des raisons pour lesquelles il n'a pas été tenu compte du «non» français (ni du «non» néerlandais), et pour lesquelles le texte a été réintroduit sous le nom de «Traité de Lisbonne». Pour pouvoir respecter le verdict des urnes, il eût fallu admettre qu'on avait validé un processus de «fédéralisation furtive» de l'Europe, et rebrousser une partie du chemin parcouru dans cette voie.

Le Parlement européen n'en est pas un.

Si la mutation quasi-constitutionnelle des traités a commencé très tôt, le processus d'évidemment démocratique s'est poursuivi ensuite. La fin du principe de l'unanimité au sein du Conseil européen, par exemple, a aggravé le problème. Comme l'explique le juriste allemand Dieter Grimm, elle a en effet rompu «la chaîne de légitimation» allant des peuples jusqu'au Conseil et dont le maillon essentiel était les gouvernements nationaux élus. Avec la fin de l'unanimité, un État peut tout à fait se voir appliquer une règle de droit ayant été explicitement rejetée par l'un des maillons de la chaîne de formation de sa propre volonté nationale, même si le poids relatif de la France au Conseil l'immunise en principe.

Pour pallier l'immense «déficit démocratique» de l'édifice communautaire, le Traité de Lisbonne a accru les pouvoir du Parlement européen. Problème: ce Parlement n'en est pas un. Il ne représente pas le «peuple européen» (puisqu'il n'en existe aucun) mais se contente de faire cohabiter les représentants nationaux de vingt-huit États. En outre, il n'est pas, tant s'en faut, le principal producteur de droit communautaire. Ce rôle revient à la Cour de Luxembourg, laquelle émet de la norme à jet continu, de manière jurisprudentielle et sans en référer à personne. Enfin, le Parlement européen n'a aucune possibilité de modifier les traités alors même que ceux-ci contiennent des éléments de politique économique. Une majorité «de gauche» ou «souverainiste» régnerait-elle sur l'Assemblée de Strasbourg qu'aucune réorientation ne se produirait. Quoi qu'il se passe dans les urnes lors des Européennes de 2019, le pack juridique composé des traités et des arrêts de la Cour continuera d'imposer plus de libre-échange, plus d'austérité, plus de concurrence.

Il ne peut y avoir de réorientation de la politique économique dans le cadre du Marché unique et de l'euro

Les traités européens sont la «constitution économique» de l'Europe. Leur position de surplomb explique pourquoi la politique économique menée en France est la même depuis le milieu des années 1980, bien que se succèdent à la tête de l'État des hommes d'obédiences différentes. C'est «l'alternance unique» selon la formule de Jean-Claude Michéa, le pareil qui succède au même tout en se donnant les apparences du changement. En Union européenne, on a beau voter cela ne change rien.

En Union européenne, on a beau voter cela ne change rien.

C'est pourquoi l'ancienne Commissaire Viviane Reding pouvait par exemple affirmer: «il faut lentement mais sûrement comprendre qu'il n'y a plus de politiques intérieures nationales».

Les gouvernements des pays membres ne disposent que d'un très petit nombre d'instruments de politique économique. Aucune politique industrielle volontariste ne leur est possible puisque les traités interdisent de «fausser la concurrence» par le biais d'interventions étatiques. Aucune politique commerciale protectrice ne leur est possible puisque la politique commerciale est une «compétence exclusive» de l'Union. Aucune politique de change n'est possible puisque dans le cadre de l'euro, les pays ne peuvent dévaluer. Aucune politique monétaire n'est possible puisque c'est la Banque centrale européenne qui la conduit. Enfin, aucune politique budgétaire n'est possible puisque les pays qui ont adopté la monnaie unique sont soumis à des «critères de convergence», notamment la fameuse règle - arbitraire - des 3 % de déficit public. En outre, depuis 2010 et dans le cadre d'un calendrier appelé «Semestre européen», la Commission encadre méticuleusement l'élaboration des budgets nationaux.

Dans ces conditions, ne restent aux gouvernants nationaux que deux outils disponibles: la fiscalité et le «coût du travail».

Quant à la fiscalité, ils choisissent généralement de diminuer celle qui pèse sur le capital délocalisable et d'augmenter celle qui pèse sur les classes sociales qui ne peuvent échapper à l'impôt. En 1986 a été posé le principe de «libre circulation des capitaux» au sein du Marché unique. Depuis lors, le capital peut exercer sur chaque États un véritable chantage en menaçant de fuir vers les États voisins. Les pays membres se livrent une concurrence fiscale effrénée, certains (Luxembourg, Irlande) s'étant même constitués paradis fiscaux et vivant des possibilités d'évitement fiscal qu'ils proposent aux multinationales.

Les revenus et le droit du travail sont l'une des cibles privilégiées de l'échelon supranational.

Quant aux revenus (et au droit) du travail, ils sont l'une des cibles privilégiées de l'échelon supranational. Il suffit, pour s'en apercevoir, de lire les documents de cadrage incessamment produits par la Commission européenne, des «lignes directrices pour l'emploi» à «l'examen annuel de croissance» en passant par les «recommandations du Conseil» rédigées chaque année dans le cadre du Semestre européen. Toutes les réformes du droit du travail ayant été mises en œuvre dans les pays membres, du Jobs act en Italie à la loi El Khomri en France, ont été prescrites dans l'un ou l'autre de ces épais documents.

Enfin, les principes de «libre circulation des personnes» et de «libre prestation de service» à l'intérieur le Marché unique favorisent la course au moins-disant social. En dépit de la grande disparité des niveaux de rémunération d'un pays à l'autre, ces «libertés» mettent en concurrence tous les salariés d'Europe les uns avec les autres. Elles favorisent toute une gamme de pratiques relevant du dumping social, la plus connue d'entre elles étant le recours au travail détaché. Pour les pays dotés de l'euro, c'est encore plus grave: ne pouvant dévaluer leur devise pour doper leur compétitivité, ils sont contraints de pratiquer la «dévaluation interne», donc de faire baisser les salaires.

Pourquoi les gouvernements français successifs ont-ils œuvré à l'édification de cette Europe?

L'usage des catégories traditionnelles du marxisme contribue à la compréhension des événements actuels. Si, comme l'explique Jérôme Sainte-Marie, le mouvement des gilets jaunes remet au jour l'existence du conflit de classes, celui-ci n'a, en réalité, jamais disparu. L'Europe du marché et de la monnaie est une Europe de classes. Elle a vocation à éroder sans fin les revenus du travail et à détruire tous les outils redistributifs, en particulier les services publics, sous prétexte «d'ouverture à la concurrence» d'une part, de «maîtrise des dépenses publiques» et de «résorption de la dette» d'autre part.

Comme cela s'est déjà produit dans l'Histoire, cette politique de classe s'accommode fort bien d'un «régime d'occupation» permettant aux classes dirigeantes de se défausser et/ou de confier à plus fort qu'elles le soin de garantir un certain Ordre. Comme l'occupation stricto sensu, par une puissance étrangère ayant envahi le territoire militairement, est bien sûr inenvisageable, la fraction postnationale des élites françaises a élaboré les modalités d'une occupation soft. L'ancien président de la Commission José Manuel Barroso disait de l'Union européenne qu'elle est un «empire non impérial», une formule qui suggère à juste raison que l'agrégation des territoires à l'empire s'est faite par l'économie et par le droit, non par la force. Une fois l'unification continentale réalisée, les règles communautaires jouent le rôle qui leur revient: celui de contrainte extérieure choisie en régime de servitude volontaire.

Pour redevenir maîtres de leur destin, les Français doivent exiger que soit restituée la souveraineté nationale.

L'un des principaux slogans entendus dans les manifestations de Gilets jaunes ou sur les ronds-points est «Macron démission». Dans les conditions actuelles, le renoncement d'un homme demeurerait très insuffisant.

Pour redevenir maîtres de leur destin, les Français (et tous les peuples d'Europe) doivent exiger que les cartes européennes soient rebattues en profondeur et que soit restituée la souveraineté nationale, autre nom du «droit des peuples à disposer d'eux-mêmes».

Et que l'on se rassure: la fin de l'Union européenne, ensemble contingent de règles et d'institutions au service d'intérêts particuliers, ne sera pas la fin de l'Europe, vieux continent, ni des pays qui la composent.

 

 

 

 
Coralie Delaume
 
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7 décembre 2018 5 07 /12 /décembre /2018 12:55

Depuis son arrestation, l'ancien patron de Nissan a passé 22 jours en détention et interrogatoires par le procureur de Tokyo - Ludovic Marin/AFP

Pour le moment, le parquet accuse seulement le patron de Renault d'avoir minoré ses revenus dans un document financier remis aux autorités boursières. Malgré les fuites orchestrées dans la presse nippone, il n'est accusé ni de fraude fiscale, ni d'abus de biens sociaux.

A l'issue de 22 jours de détention et d'interrogatoires par le procureur de Tokyo, Carlos Ghosn, le PDG de Renault, devrait être formellement inculpé lundi prochain dans une procédure qui devrait déboucher sur un procès dans plusieurs trimestres. Greg Kelly, son ancien bras droit chez Nissan , sera, lui aussi, formellement inculpé. Le parquet accuse les deux hommes d'avoir violé la loi FIEL - Financial Instruments and Exchange Act - en minorant sciemment, pendant cinq années fiscales, entre 2010 et 2015, les rémunérations de Carlos Ghosn dans le rapport financier que Nissan doit remettre régulièrement aux autorités boursières

Théoriquement, ce document financier doit, depuis un changement de la loi en 2010, lister les compensations précises de l'ensemble des personnels de l'entreprise gagnant plus de 100 millions de yens par an. Le procureur assure que Carlos Ghosn n'aurait fait inscrire dans ce rapport que la moitié des revenus qu'il devait toucher, à l'époque, en tant que PDG de Nissan.

Il aurait programmé, avec Greg Kelly, un paiement différé de l'autre moitié de sa compensation pour que la somme totale qui lui était due n'apparaisse pas dans un document pouvant devenir public. Le patron franco-brésilien aurait ainsi voulu s'épargner une nouvelle polémique au Japon et en France sur la taille de ses différents salaires perçus dans les deux pays.

Démentis catégoriques

Selon les médias nippons, Carlos Ghosn et Greg Kelly démentent catégoriquement toute malversation financière et assurent que les paiements différés n'avaient pas à être inclus dans le document financier remis aux autorités boursières puisque leurs montants n'étaient pas encore exactement déterminés et qu'ils n'étaient pas effectivement payés par l'entreprise. Des arguments que semble contester l'accusation. Le parquet, qui n'accuse pour l'instant aucunement Carlos Ghosn de fraude fiscale ou autre abus de biens sociaux, estime que cette minoration portait sur un montant total, sur cinq ans, de 5 milliards de yens, soit 39 millions d'euros.

Le procureur, qui joue « gros » dans une affaire très médiatique aux résonances diplomatiques, préparerait une seconde accusation contre Carlos Ghosn et Greg Kelly, en complément de la première mise en examen qui sera confirmée lundi. D'après les informations rapportées mardi par le quotidien « Sankei » et confirmées par le « Nikkei », les deux hommes devraient être « réarrêtés » dès lundi prochain pour avoir, cette fois, minimisé d'environ 4 milliards de yens (31 millions d'euros) la rémunération de Carlos Ghosn entre 2015 et 2017 dans les documents remis aux autorités boursières. La justice les soupçonnant d'avoir usé de méthodes similaires sur cette séquence à celles employées au début des années 2010. Là encore, les deux accusés nieraient avoir commis la moindre inégalité.

Second volet

Dans le cadre de ce second volet, ils pourraient être de nouveau détenus, séparément, pendant 22 jours maximum dans le centre de détention de Kosuge situé au nord de Tokyo. La justice pourrait alors confirmer, aux alentours du 30 décembre, une seconde mise en examen avant de décider de la suite des procédures. Une troisième arrestation, sur d'autres charges, étant toujours possible.

La presse nippone a régulièrement fait état, depuis l'arrestation spectaculaire de Carlos Ghosn le 19 novembre, d'autres délits financiers qui pourraient lui être reprochés. Les médias ont évoqué, tour à tour, des salaires versés à une proche, des résidences de luxe achetées par Nissan dans plusieurs pays et mises à sa disposition ou encore d'autres avantages cachés. Mais ces informations invérifiables n'ont jamais été évoquées dans les rares présentations officielles faites par le parquet de Tokyo.

Lorsqu'ils ont démis Carlos Ghosn de ses titres de président chez Nissan et chez Mitsubishi Motors, les conseils d'administration des deux constructeurs avaient assuré que leur ancien patron avait commis plusieurs fautes graves et qu'il ne pouvait, dès lors, plus conduire leur entreprise. Ils n'ont toutefois jamais concrètement étayé leurs accusations.

Yann Rousseau les Echos
Correspondant à Tokyo
 
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