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16 août 2017 3 16 /08 /août /2017 19:48

Le patron d'Altice, déjà lourdement endetté, souhaiterait acquérir Charter, le deuxième câblo-opérateur américain. Une opération à 200 milliards d'euros.

Publié le Le Point.fr
 

 

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30 juillet 2017 7 30 /07 /juillet /2017 16:35

 

Chamonix, statue du guide Jacques Balmat indiquant le sommet du mont Blanc à Saussure .

 

Horace-Bénédict de Saussure, né le à Conches, près de Genève, et mort le au même endroit, est un naturaliste et géologue genevois et savoyard considéré comme le fondateur de l’alpinisme. Sa vie et son œuvre scientifique eurent pour cadre les Alpes, et plus particulièrement le massif du Mont-Blanc, où il mena diverses recherches et expériences scientifiques.

Physicien, météorologue, botaniste, alpiniste, professeur d'université

Lac de la Partie /col de Chavière 2503 m

 

 

l'arc en ciel pendant l'orage !!!

 

 le 30 juillet 2017:                             Entrainement 3h47’ 19,7 km à 5,2km/h moyenne et 1250 calories dépensées .1415mD+

                                                             Vitesse moyenne en montée 1415m 9500m :135’x60’= 4,25 km à l’heure .

                                                             Vitesse moyenne en descente 1415m 9500m :90’x60’=6,35 km/h

                                                             St André Col de Chavière ( lac de la partie 2503mD+ ) aller retour

                                                             Parti à 5h30’ il fait nuit et il pleut 15° celsius !!!!

                                                              Quelques photos pendant cet entrainement .

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3 octobre 2016 1 03 /10 /octobre /2016 16:56

EXCLUSIF - A l’occasion du Mondial de l’automobile de Paris, le PDG de Renault-Nissan estime que le groupe, renforcé par Mitsubishi, peut dépasser la barre des 10 millions de véhicules.

Alors que le Mondial de l'Automobile a ouvert ses portes à la presse ce matin à Paris, le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, détaille aux « Echos » sa vision de l'avènement prochain des véhicules électriques, de la voiture autonome et des services de mobilité. Carlos Ghosn ne croit pas à la fin du diesel. Avec Mitsubishi, le nouvel ensemble pourrait dépasser les 10 millions de véhicules au niveau mondial.

Il y a toujours une tendance à présenter les choses de manière un peu caricaturale. La première vérité, c'est qu'aujourd'hui, les grands constructeurs automobiles occupent 99,9 % du terrain. La seconde, c'est qu'il faut moins penser logique de substitution en se disant qu'Apple et Google vont devenir des acteurs de l'auto ou que Tesla va devenir un acteur généraliste, mais plus retenir une logique d'alliances et de contribution. Chaque constructeur va s'allier avec des nouveaux fournisseurs pour proposer des voitures électriques ou largement électriques, connectées, autonomes. L'accord que Renault-Nissan vient de signer avec Microsoft en est une illustration.

Le ticket d'entrée dans l'industrie automobile est très élevé et les rendements bien loin de ceux auxquels ces groupes sont habitués... Les Google et Apple sont des entreprises extrêmement profitables. On ne voit pas quel serait l'intérêt pour eux de passer à une industrie comme la nôtre, très lourde en investissements et dotée de marges relativement faibles. Quelque part, la concurrence acharnée de notre secteur assure une protection.

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On entend des tas de déclarations mais il s'agit d'un joyeux mélange entre concepts, prototypes, tests dans des conditions spécifiques, autorisations limitées et commercialisation. Il y a différents degrés d'autonomie. Nous venons de lancer la conduite autonome sur une voie d'autoroute au Japon. Nous passerons aux multivoies sur autoroute en 2018, et à la conduite autonome en ville en 2020. Pour l'ultime étape, la voiture sans chauffeur, je suis plus sceptique... Je pense plus proche de 2025 que 2020.

Il existe des robots taxis en test à Singapour ou ailleurs, mais je parle commercialisation de masse sans restriction. Ce n'est pas tant la technologie qui bloque, même s'il reste encore des problèmes sérieux, mais l'acceptation par le législateur de voitures autonomes circulant dans toutes les conditions. Le public, lui, est enchanté : dès qu'on apporte un bénéfice palpable au niveau de la voiture, on élargit notre clientèle. C'est ce qui rend l'autonomie et la connectivité très attractifs pour les constructeurs aussi.

Nous étions les premiers à vendre une voiture électrique de masse. Nous avons été suivis par Tesla et General Motors. Le pari est réussi. Il y a quelques années, de doctes savants prédisaient qu'il y aurait des incendies de batterie. Ces alarmes apocalyptiques ont disparu, il n'y a plus de débat. Et la logique que nous voyions à l'époque est en train de se réaliser : la très grande dépendance au pétrole, le problème des émissions, et des prix de plus en plus raisonnables pour la technologie électrique. Nous avons fait la démonstration qu'il s'agit de voitures normales, qui plaisent aux consommateurs et qui peuvent être assemblées en grand volume à un prix abordable.

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Cela restera un souci tant que l'infrastructure de recharge ne sera pas aussi dense que celle des stations essence, même si l'on s'aperçoit que dès qu'on franchit les 300 kilomètres d'autonomie réelle, on désensibilise le sujet. C'est désormais le cas avec la Renault ZOE, actuellement présentée au Mondial de Paris, dont l'autonomie est doublée, disponible dès maintenant. Et je suis confiant sur la rentabilité à court terme de la technologie : avec plus de 50 % du parc électrique mondial et quelque 350.000 modèles vendus, nous avons passé le cap difficile.

Il faut encore améliorer le coût d'usage de la voiture. Là aussi, on progresse. Les véhicules électriques deviennent de plus en plus compétitifs. Certains pays nous aident aussi. Par exemple, la Chine qui est devenue le marché électrique qui connait la plus forte croissance au monde encourage ses constructeurs nationaux à se lancer. Ils produisent désormais en masse des petits modèles pour les flottes de taxis. C'est pour cette raison que l'Alliance veut faire un véhicule électrique à bas coût, essentiellement pour les clients chinois.

Nous dégageons un produit marginal positif sur tous nos modèles, chez Renault comme chez Nissan, y compris sur la Leaf et la Zoé. Cela signifie que le prix de vente de nos véhicules couvre toutes les dépenses directes, pas forcément tous les investissements consentis pour le développement. Mais de ce point de vue, nous sommes en avance sur nos concurrents et nous n'allons pas nous arrêter là. L'amélioration de la rentabilité va se faire par l'augmentation des volumes de production et la réduction du prix des composants, de la batterie, des moteurs, des inverteurs... Beaucoup de ces éléments sont en train d'être produits en très grande quantité. Je suis donc confiant sur la rentabilité à court terme de cette technologie : avec plus de 50% du parc électrique mondial et quelque 350.000 modèles vendus, nous avons passé le cap difficile.

La chute des ventes est déjà mesurable. Pour la première fois, au premier semestre le diesel pèse moins de 50 % des immatriculations en Europe. Personne n'avait prévu cela il y a encore cinq ans. Et cette baisse va se poursuivre. Les normes vont devenir de plus en plus strictes, ce qui va requérir davantage de technologies, et donc de coûts. Or, le diesel est en concurrence avec d'autres motorisations, que ce soit l'essence, l'hybride ou l'électrique.

Je ne pense pas. Pour moi, il est clair que le diesel va disparaître sur les petites voitures. Mais il va perdurer sur les véhicules de grande et moyenne taille. En attendant, nous devons être très vigilants sur l'évolution des régulations et des comportements de nos clients : ils se posent désormais des questions sur la valeur future à la revente de leur véhicule. Les constructeurs devront donc savoir proposer l'ensemble des technologies. Cette évolution favorise mécaniquement les grands groupes, capables de supporter de front plusieurs investissements. C'est clairement le cas de l'alliance Renault-Nissan.

Il y a beaucoup de passion sur ces sujets. Tout a démarré avec l'affaire Volkswagen, qui était de nature tout à fait différente. Aujourd'hui, on parle du décalage entre les émissions réelles et les émissions en test. La question qui se pose, c'est de savoir ce qu'il est permis d'émettre quand on est en dehors des conditions d'homologation officielle. Le sujet est en passe d'être résolu, avec l'adoption de règles européennes plus claires (RDE, WLTP...). Cela va répondre aux préoccupations du public qui juge qu'on ne peut pas tolérer un trop grand écart entre les émissions en laboratoire et sur route.

Il y a une enquête en cours, il faut la laisser se dérouler. Ma réponse est claire : il n'y a pas de logiciel illégal dans nos moteurs, comme ceux trouvés chez un de nos concurrents. Et nous avons renforcé les performances de nos systèmes moteurs pour réduire les émissions en conduite réelle.

L'opération n'est pas encore bouclée, on est encore sur une période de « due diligence » qui devrait se terminer dans les semaines à venir. Le scandale des émissions C02 de Mitsubishi a ouvert une opportunité que nous avons saisie. Certains se demandent pourquoi Renault n'est pas dans l'opération d'entrée au capital de Mitsubishi. Mais la logique de l'Alliance n'est pas une logique capitalistique. C'est une logique de partenariat. L'objectif est de faire rentrer Mitsubishi dans notre alliance industrielle, et de développer ainsi les synergies au bénéfice des trois constructeurs. Il y avait déjà des coopérations de longue date entre Nissan et Mitsubishi, et il y en aura entre Renault et Mitsubishi. On en est aux balbutiements.

Nous ne sommes pas du tout dans une logique de fusion mais dans une logique de convergence, qui s'amplifierait avec Mitsubishi. Notre future Alliance dépasserait les 10 millions de voitures au niveau mondial. L'objectif d'intégrer le Top 3 mondial serait atteint. La place de numéro un mondial n'est pas une priorité. Mais sur le fond, c'est tout à fait atteignable... En 2016 et 2017, cela se jouerait à quelques milliers de voitures. Notre mouvement est offensif. Chacun des acteurs est dans une phase ascendante. Mitsubishi est loin de son potentiel, Nissan continue de progresser, et Renault est en pleine phase de croissance.

Pour la première fois, nous devrions allégrement dépasser les 3 millions de voitures vendues cette année. Renault est en pleine offensive produits, avec beaucoup de réserves, aussi bien au niveau du plan produit (le pick-up Alaskan, Kwid...) que des zones géographiques (Chine...).

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J'ai entendu beaucoup de commentaires sur le fait que la croissance de Nissan était plus forte que celle de Renault, qu'on s'occupait plus d'une entreprise que de l'autre... Nos résultats actuels sont une belle réponse, avec Renault qui affiche des taux de croissance supérieurs à 10 %, bien plus élevés que ceux de Nissan. Malgré l'effondrement des marchés russe et brésilien, où Renault a beaucoup investi. Ce n'est pas un hasard, cela avait été préparé depuis longtemps, c'est le résultat du travail de ces dernières années, et ce n'est pas terminé.

Le bilan de notre premier accord 2013-2016 est clairement positif. Nous avons montré qu'il était possible de discuter avec les partenaires sociaux, ce qui a permis de faire croître Renault. Alors qu'il y avait beaucoup de scepticisme, nos engagements ont été tenus et dépassés grâce à la croissance de Renault et aux volumes de nos partenaires (Nissan, Daimler, Fiat...). Nos usines doivent être compétitives non seulement pour les voitures Renault, mais aussi pour nos partenaires. Les capacités de production de l'Alliance sont saturées partout, sauf en Russie et au Brésil. Les seules capacités disponibles sont en France. Cela peut être un cercle vertueux, à condition que tout le monde converge vers le même but.

Il faut rétablir les faits. Je décide de tous les salaires du groupe sauf le mien, qui est défini par le conseil d'administration. Il n'y a rien de caché ; il y a un comité des rémunérations et des administrateurs indépendants reconnus, avec des règles précises. Pour l'année prochaine, l'objectif est d'obtenir une majorité de votes positifs de nos actionnaires. Les actionnaires ont demandé plus de transparence, et le conseil d'administration a entendu cette demande. Espérons que cela permettra de mettre cette polémique derrière nous, même si certains continuent peut-être à s'opposer tout simplement au montant même de ma rémunération.

Ma responsabilité est bien sûr de continuer à construire le groupe, à le développer, et d'en faire une force de contribution de croissance au niveau de l'industrie automobile, c'est-à-dire un des trois grands groupes automobiles mondiaux, avec des perspectives fortes pour l'avenir. La pérennité de Renault et de Nissan est entre les mains des deux conseils d'administration et de ses membres. Le jour où je serai parti, eux seront là. C'est pourquoi il est très important que les conseils soient associés aux décisions majeures et adhère à la stratégie.

Brexit : Ghosn souhaite des garanties de la part de Londres

En marge du Mondial de l'automobile, Carlos Ghosn a exprimé, jeudi, son souhait de voir le gouvernement britannique s'engager sur des « compensations » au cas où de nouvelles barrières douanières seraient imposées dans la foulée du Brexit. Un préalable nécessaire selon lui avant de prendre des décisions sur l'avenir de l'usine Nissan de Sunderland.

« Si je dois décider d'un investissement dans les prochains mois, je ne peux pas attendre jusqu'à la fin du [processus du] Brexit. Il va falloir que je conclue un accord avec le gouvernement britannique », a-t-il expliqué. Cet accord garantirait que « si des barrières douanières sont établies sur les voitures, il y aura une forme de compensation pour les constructeurs automobiles qui exportent vers l'Europe » continentale, a développé Carlos Ghosn. L'usine de Sunderland, dans le nord de l'Angleterre, est la plus grosse installation industrielle de Nissan en Europe.

« Nous ne sommes pas du genre à dire que nous voulons partir. Mais nous ne pouvons pas rester si les conditions ne le justifient pas », a-t-il prévenu.

@Maxamiot - @jdupontcalbo - @DavidBarroux Les Echos.fr

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29 août 2016 1 29 /08 /août /2016 11:20

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29 août 2016 1 29 /08 /août /2016 11:02

Pierre-Etienne Fournier

Seniors et records : compatibles ? Modifications physiologiques liées à la baisse des performances des sujets âgés

Rev Med Suisse 2012;1838-1840

Résumé

Les résultats d’athlètes seniors ne cessent d’impressionner dans de nombreuses épreuves sportives. Malgré les diminutions de VO2max, de force, de vitesse, de coordination, de capacité de récupération liées à l’âge, un entraînement régulier à intensité suffisante permet de telles performances. Une activité physique régulière est probablement l’intervention la plus efficace, la moins coûteuse, pour lutter contre le vieillissement, son lot de morbidité et de dépendance. Son efficacité dans des populations de patients est de plus en plus régulièrement démontrée.

Introduction

L’intérêt pour les courses d’endurance, voire d’ultra-endurance, ne cesse d’augmenter. Le nombre de seniors participant à ces épreuves s’accroît, avec à la clé des résultats convaincants. L’augmentation de l’espérance de vie, de la qualité de cette dernière permet à des sujets âgés, voire très âgés, de battre des records (21’’69 pour le record du 100 m chez les plus de 95 ans !). A l’opposé, un mode de vie de plus en plus sédentaire est à l’origine d’une morbidité augmentée : obésité, diabète, maladies cardiovasculaires, qui impliquent urgemment des modifications des habitudes de vie parmi lesquelles l’activité physique joue un rôle prépondérant.

Puissance du moteur ou VO2max, pourcentage de VO2max qui peut être soutenu pour une période donnée, force, vitesse, coordination, économicité du geste sportif, capacités de récupération, consommation de substrats énergétiques et stocks de carburant contribuent à la performance sportive. L’objectif de cette revue est d’apprécier les modifications observées de ces facteurs en fonction de l’âge et de préciser les moyens qui permettent de ralentir cette évolution.

La VO2max et sa fraction d’utilisation sont les facteurs principaux de la diminution de la performance en endurance, observée chez les athlètes masters.

Il existe une corrélation entre le fitness cardiorespiratoire, exprimé par la VO2max, et le fait d’être indépendant. Dans une étude prospective,1 371 personnes âgées de 55 à 86 ans ont été examinées et interrogées. Un test sur tapis roulant a permis de calculer leur VO2max de façon indirecte. Huit ans plus tard, 231 personnes ont été retrouvées et interrogées, 58 étaient décédées. L’âge d’entrée dans l’étude, la présence de maladies intercurrentes et la VO2max étaient les seuls facteurs prédictifs de la perte d’indépendance. Une VO2max au-dessus de la moyenne diminue de 50% le risque de devenir dépendant, le seuil de dépendance était de 15 à 18 ml/kg/min.

La quantification précise de la perte de différents paramètres liée à l’âge est difficile. Un suivi longitudinal est ardu avec de nombreux drop-out, sujets décédés, perdus de vue, ou incapables d’effectuer les tests de contrôle pour raisons somatiques ou cognitives.

Temps de course

Les championnats «Master» permettent d’apprécier les performances en fonction de l’âge. L’analyse de ces résultats comporte de nombreux biais. Les études sont transversales, les sujets sont très bien entraînés et performants dans leur sport spécifique, ceux présentant des maladies chroniques sont écartés. Les masters représentent un modèle de vieillissement avec succès : successfull aging.

Jusqu’à près de 70 ans, les performances pour la course diminuent très progressivement. Entre 45 et 65 ans, cette perte est de l’ordre de 10% par décennie chez l’homme, 14,8% chez la femme par exemple sur un marathon.2 Au-delà de 70 ans, elle est plus importante, devenant significative d’une année à l’autre, prenant un caractère exponentiel.3,4 En pourcentage de perte, elle est plus marquée pour les distances les plus élevées que pour les plus courtes.5 En comparant différents sports, ceux qui impliquent de la force voient leur performance diminuer plus précocement.6

Leyk a répertorié plus de 440 000 temps lors de marathons et semi-marathons. Au contraire des études citées précédemment, il ne s’agissait pas du temps des meilleurs, mais de sportifs de tous niveaux. Les temps de course restent stables de 20 à 50 ans. La diminution des performances, de 50 à 79 ans, est de 0,45% par an chez les hommes et de 0,24% chez les femmes, deux fois moins importante qu’elle ne l’est si on la compare à celle des vainqueurs. Le quart des sujets âgés de 65 à 69 ans finissent leur épreuve avant la moitié de la cohorte 20-54 ans.2,7

Le triathlon permet de comparer différents sports. Il comporte le désavantage de l’enchaînement de différentes activités, avec un possible impact des unes sur les autres. Une diminution significative des performances apparaît plus précocement pour la natation que pour la course à pied ou pour le cyclisme, dès 40, 50 et 59 ans respectivement pour ces trois activités.8 Les effets plus délétères de la course à pied sont expliqués par les dégâts musculaires liés à des activités en concentrique-excentrique alors qu’elles sont concentriques sur un vélo. D’éventuelles lésions orthopédiques, troubles dégénératifs, tendinopathies, peuvent freiner la performance en course. Pour ces motifs, les habitudes d’entraînement peuvent se modifier au profit du vélo, moins délétère, rendant les sujets plus performants dans ce sport.

Le triathlon permet de comparer les distances olympiques à celles, bien plus importantes, d’un Ironman : 1,5 km de natation, 10 de course à pied et 40 de cyclisme, versus 3,8, 42,2 et 180 km afin de juger d’un effet de fatigue. La diminution des performances est plus rapide et plus précoce lors des distances les plus longues pour la course et le cyclisme, au contraire de la natation ; lors de cette épreuve, les sujets les plus âgés pourraient «s’économiser» pour pouvoir supporter la charge de l’épreuve dans son intégralité.9 Lors de trails d’ultra-endurance, les abandons sont plus fréquents parmi les compétiteurs les plus âgés.10

Muscles

Des résultats contradictoires décrivent l’évolution du muscle et de ses propriétés en fonction de l’âge. Le bon fonctionnement d’un muscle dépend de la possibilité de générer puissance, force et endurance.11-13 L’importance de la perte en force varie en fonction du type de mesure (isométrique, isocinétique…). Le suivi longitudinal de sujets âgés met en évidence des modifications plus importantes que celles retenues d’études transversales : la perte de force peut être marquée, 2,56% par an lors de mesure isocinétique pour les extenseurs du genou.13 Avec l’âge, il existe conjointement à l’activation des agonistes une coactivation des antagonistes, dans un but probable de prévention de chute, qui explique en partie une force diminuée. La perte de puissance musculaire est plus importante que celle de la force. Elle est possiblement liée à une baisse de fréquence de décharge des unités motrices à l’origine d’une disparition de fibres rapides. L’appareil contractile serait également altéré, avec une vitesse de raccourcissement moindre.

On décrit classiquement une diminution du pourcentage de fibres rapides ; ceci est discuté. Le résultat de biopsies musculaires peut varier de façon importante, de 32 à 65% pour la répartition des fibres selon le site de prélèvement sur le vaste externe. Le type d’études transversales permettant pour les plus âgés une sélection des meilleurs sujets, le degré d’activité des individus, d’éventuelles affections médicales générales ou locales touchant une articulation de voisinage, influencent grandement les résultats. Des unités motrices sont dénervées par diminution du nombre de motoneurones, celles restantes vont s’hypertrophier, recruter les fibres musculaires dénervées, changeant de la sorte leurs propriétés originelles. A l’intérieur même du muscle, la répartition des fibres selon leur typologie sera modifiée, elle ne sera plus homogène mais par zones de fibres d’un même type.12,13 Cette perte d’innervation est probablement le mécanisme principal de la fonte musculaire liée à l’âge. D’autres éléments y contribuent : diminution de la synthèse protéique, modifications de sécrétions ou de pulsatilités hormonales (testostérone, hormone lutéinisante, hormone de croissance), réponse proliférative amoindrie des cellules satellites à l’insulin-like growth factor-1, cytokines inflammatoires cataboliques telle l’interleukine-6.11,12

VO2

La VO2max est le déterminant principal de la performance en endurance. Elle dépend de facteurs centraux et périphériques. Elle diminue de 10 à 15% par décennie. Cette diminution, si on l’exprime en pour cent des valeurs d’un adulte jeune, est de même ordre que l’on soit sédentaire ou non. Un entraînement physique régulier permet d’atteindre des valeurs de départ plus élevées, reculant le stade de dépendance. L’impact d’une activité ciblée sur le fitness cardiorespiratoire est présent, même à un âge avancé.

Des facteurs centraux (diminution du débit de l’ordre de 20% entre 30 et 60 ans, à la fois par baisse de la fréquence cardiaque maximale et du volume d’éjection (environ 10% pendant la même période pour chacun d’eux)) et périphériques (diminution de l’extraction d’O2 (moins de 10% pendant la même tranche d’âge)) l’expliquent. Des modifications des fonctions mitochondriales, liées entre autres au stress oxydatif secondaire à l’activité physique, pourraient y contribuer.3,14

Économicité du geste

L’économicité de la course est définie comme la consommation d’oxygène à l’état stationnaire (steady state) pour une charge donnée. Si celle-ci est sous-maximale, la relation entre ces deux paramètres est linéaire, elle ne varie pas en fonction de l’âge des sujets. Mobilité articulaire, et par conséquent longueur du pas qui diminue avec l’âge, souplesse ou coordination jouent également un rôle.4,15

Stimulus de l’entraînement

La charge d’entraînement, son intensité sont des facteurs qui ont une influence sur la VO2max. Avec l’âge, en raison d’intérêts familiaux, privés, professionnels, de blessures, de problèmes de santé orthopédiques ou non, les habitudes d’entraînement peuvent se modifier à la baisse. Le sujet plus jeune sera plus à l’affût de records, d’amélioration de performances, alors que chez le sportif plus âgé la notion de sport santé sera possiblement prépondérante. A contrario, dans l’étude de Leyk, la majorité (56%) des marathoniens, âgés de 40-60 ans, s’entraîne depuis moins de sept ans.2

Récupération

Les facultés de récupération sont classiquement décrites comme altérées chez les athlètes âgés. Cette affirmation n’est étayée que par un faible substrat scientifique. Différents paramètres de condition physique, de force, d’économicité de course ont été étudiés avant et après un triathlon.16 Si la plupart des paramètres diminuent dans le contrôle post-effort, la différence n’est pas significative en comparant des sujets d’âges différents. Les auteurs admettent des limites à leur étude, l’âge modeste de leurs masters, 52,4 ans en moyenne, et une durée d’effort, au contraire d’autres études, plus faible ne permettant peut-être pas de mettre en évidence un facteur fatigue significatif et une récupération plus lente.

Les micro-traumatismes répétés générés par certaines activités sportives sont à l’origine de lésions. Il est important de donner au corps des temps de récupération suffisants. Cette affirmation vaut non seulement pour le système musculo-squelettique mais également pour les mécanismes de production énergétique, ainsi que pour le cœur. Une augmentation d’enzymes cardiaques ainsi qu’une dépression de la fonction cardiaque ont été objectivées après des épreuves de longue durée ; ces modifications sont temporaires. Il est possible que la répétition de tels efforts soit néfaste, engendrant à la longue des complications tels une fibrose myocardique ou des troubles du rythme. Nous ne connaissons pas actuellement quelles sont les charges ni la fréquence à laquelle elles peuvent être répétées sans danger à long terme. Des temps de récupération, qui restent à définir, sont indispensables.17

Conclusion

Si l’importance des modifications liées à l’âge n’est pas connue avec précision, l’intérêt d’une activité ciblée permet de contrebalancer les effets délétères de l’âge. Ceci est clairement validé en termes de renforcement musculaire, que l’entraînement vise la force, l’endurance musculaire ou l’explosivité. Une hypertrophie des fibres musculaires, une capillarisation et une capacité oxydative augmentées sont décrites.18,19 Il en va de même pour les capacités d’endurance qui peuvent être maintenues à un bon niveau tard dans la vie. L’intensité de l’entraînement doit être suffisante pour ce maintien. Ces résultats démontrés sur des populations saines pourraient être retrouvés chez des patients après adaptation des protocoles d’activité physique. Une telle approche aurait un impact multisystémique important pour un faible coût.

Implications pratiques

> La diminution des performances liées à l’âge est relativement peu marquée jusqu’à 70 ans

> Un entraînement régulier avec une intensité suffisante permet de rester performant à un âge avancé

> Lors de nombreuses atteintes somatiques, affections respiratoires, cardiaques, rhumatismales ou métaboliques, une activité physique régulière doit faire partie de l’arsenal thérapeutiquea

Bibliographie
  1. Paterson DH, et al. Longitudinal determinants of dependence in an elderly population. JAGS 2004;52: 1632-8.
  2. Leyk D, et al. Performance, training and lifestyle parameters of marathon runners aged 20-80 years : Results of the PACE-study. Int J Sports Med 2009;30: 360-5. [Medline]
  3. Tanaka H, Seals DR. Endurance exercise performance in masters athletes : Age-associated changes and underlying physiological mechanisms. J Physiol 2008;586: 55-63. [Medline]
  4. Wright VJ, et al. Age-related rates of decline in performance among elite senior athletes. Am J Sports Med 2008;36:443-50. [Medline]
  5. Rittweger J, et al. Sprint and endurance power and ageing : An analysis of master athletic world records. Proc R Soc B 2009;276:683-9. [Medline]
  6. Baker AB, et al. Aging performance for masters records in athletics, swimming, rowing, cycling, triathlon and weightlifting. Exp Aging Res 2010;36:453-77. [Medline]
  7. Leyk D, et al. Age-related changes in marathon and half-marathon performances. Int J sports Med 2007;28: 513-7. [Medline]
  8. Bernard TH, et al. Age related decline in olympic triathlon performance : Effect of locomotion mode. Exp Aging Res 2010;36:64-78.
  9. Lepers R, et al. Age-related changes in triathlon performances. Int J Sports Med 2010;31:251-6. [Medline]
  10. Isnardon S. In :.
  11. Deschenes MR. Effects of aging on muscle fibre type and size. Sports Med 2004;34:809-24. [Medline]
  12. Lang T, et al. Sarcopenia : Etiology, clinical consequences, intervention and assessment. Osteoporos Int 2010;21:543-59. [Medline]
  13. Frontera WR, et al. Muscle fiber size and function in elderly humans : A longitudinal study. J Appl Physiol 2008;195:637-42. [Medline]
  14. Millet GY, et al. Physiological factors associated with a 24 h treadmill ultra-marathon performance. Scand J Med Sci Sports 2011;21:54-61. [Medline]
  15. Quinn TJ, et al. Aging and factors related to running economy. J Strength Cond Res 2011;25:2971-9.
  16. Sultana F, et al. Age-related changes in cardio-respiratory responses and muscular performance following an Olympic triathlon in well-trained triathletes. Eur J Appl Physiol 2012;112:1549-56. [Medline]
  17. White PG. Clinical significance of cardiac damage and changes in function after exercise. Med Sci Sports Exerc 2008;40:1416-23.
  18. Williams GN, et al. Aging skeletal muscle : Physiologic changes and the effects of training. Phys Ther 2002;82:62-8. [Medline]
  19. Worbelski AP, et al. Chronic exercise preserves lean muscle mass in master athletes. Phys Sportsmed 2011;39:172-8.

*à lire**à lire absolument

Abstract

Results of masters athletes are more and more impressive. With age, VO2max, strength, speed, coordination, recovery decrease. Regular training with enough intensity is the most appropriate, the less expensive measure to prevent morbidity and dependence. It’s efficacy in patients is regularly demonstrated.

Contact auteur(s)

Pierre-Etienne Fournier

Clinique romande de réadaptation Suva-Care

Swiss Olympic Medical Center

Avenue de Grand-Champsec 90

1951 Sion

pierre-etienne.fournier@crr-suva.ch

© Médecine & Hygiène, 2012

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2 août 2016 2 02 /08 /août /2016 08:34

Recherche et industrialisation : moteurs de l'innovation et clés de la prospérité …

30 juil. 2016

Innovation et industrialisation sont depuis le surgissement de la méthode expérimentale - en Occident à la Renaissance - les deux facteurs permettant le bien-être de l’Humanité. Cela restera vrai tant que l’on produira de l’énergie à bas prix, à condition de limiter le volume des déchets et de trouver des substituts pour les matières premières « non renouvelables ».
La monnaie et ses conséquences (échec des produits non pertinents, investissement, crédit et assurance) y jouent un rôle de facilitateur – certes importan
t.

_________________________

Recherche et innovation :
moteurs depuis deux millions d’années

Le premier qui a conservé la flamme prélevée dans un incendie, le premier qui a taillé un silex, qui a semé une graine avec succès … sont les premiers « chercheurs », héros anonymes de l’Humanité depuis des millions d’années ! Personne ne leur a dit ce qu’il fallait faire, personne ne leur a « offert » un emploi, personne ne les a « aidés ». Ils ont réussi tout seuls – chance, hasard, talent, inspiration divine ? - et ont entrainé l’Humanité présente et future. Ils ont provoqué une série de pas de géant : feu, art, langage, pierre taillée, pierre polie, agriculture et élevage, écriture, monothéisme.

En 1650, dans un village – par exemple en Corse, île bien pauvre … - de 1 500 habitants, l’industrie n’existe pas et les services encore moins. Il y a surtout deux métiers : berger et ouvrier agricole. Ni artisan ni commerçant – à l’exception du meunier et du bûcheron. Chaque famille, en autarcie, tisse ses vêtements, cuit son pain. Un troupeau de 25 chèvres fait vivre (sans doute fort mal selon nos critères) cinq personnes : le père, la mère et les trois enfants survivants, sur sept ou huit grossesses.

La seule énergie disponible est la force musculaire humaine et celle des rares animaux de trait (bœufs, mulets, chevaux). Moins de 2% de la population dépasse 60 ans. Le « niveau de vie » est resté celui de l’Empire Romain (environ 200 dollars US par an, toutes proportions gardées).

Pourtant d’autres formes d’énergie motrice sont connues depuis des millénaires : l’éolipyle d’Héron d’Alexandrie était déjà une machine à vapeur fonctionnelle au Ier siècle de notre ère ! On connaissait aussi la force du vent (navires et moulins) et de l’eau (moulins). Les habiles artisans grecs savaient fabriquer des machines hautement complexes, telles le « mécanisme d’Anticythère ». Mais tout cela était longtemps resté à l’état de curiosité sans application concrète.

La révolution de la méthode expérimentale

Seule, au temps de la Renaissance, l’émergence de la « méthode expérimentale » a permis d'aller au-delà pour commencer la fabuleuse histoire de l’Occident, devenue celle du monde entier. La méthode expérimentale consiste - en très gros - à vérifier systématiquement, à l’aide de dispositifs physiques construits dans ce but si ce que l’on affirme est vrai ou faux. Cela remplace la croyance ou la perception des uns et des autres par des résultats dont chacun peut éprouver la véracité en reproduisant la même expérience, avec le même dispositif. La méthode expérimentale permet dès lors l’explosion des sciences et des technologies, et la fabuleuse accélération du « progrès ».

Autre avantage inédit, méthode expérimentale, sciences et technologie qui en découlent restent aujourd’hui les seuls éléments culturels humains vraiment « universels ». Ils sont partageables par tous en tous lieux, sans aucune distinction religieuse ou ethnique.

Grâce à cette révolution, la prospérité actuelle de l’humanité repose sur deux grands piliers :

  • Une énergie disponible abondante sans commune mesure avec la force musculaire humaine ;
  • Le progrès scientifique et technologique qui permet d’employer utilement cette énergie.

Energie abondante et industrialisation

Une fois mise en oeuvre la méthode expérimentale, l’Humanité découvre - ô miracle - une énergie abondante et facile à utiliser. En clair les hydrocarbones fossiles, eux aussi connus depuis la plus haute Antiquité. Ils sont issus d’une transformation-concentration de la biomasse sur le très long terme et donc in fine un stockage d’énergie solaire. Le chemin est ouvert pour fournir le maximum de biens matériels au plus grand nombre, ce que réussira l’« industrialisation ».

Industrialiser : faire plus avec moins !

L’industrialisation est l’art de produire plus (de biens et de services) avec moins (d’énergie, de matières premières, de travail humain). C’est le travail fondamental de l’ingénieur, en deux volets. D’une part on analyse les constituants physiques d’un bien ou d’un service pour en réduire au maximum (compatible avec le résultat attendu) le nombre d’éléments et leur complexité – ainsi que les consommations et productions de déchets futures induites. Et d’autre part on étudie le procédé de production du bien ou du service pour là aussi réduire au maximum les machines et outillages, les matières premières et le travail humain nécessaires à leur fabrication - ainsi que la production de déchets. Le travail humain physique, directement au contact de la matière, est de plus en plus délégué à des machines de plus en plus performantes et de plus en plus autonomes.

Quelques aspects ralentissent toutefois ce mouvement. D’abord, « innovation » et « industrialisation » sont largement antinomiques : l’innovateur est toujours celui qui vient semer la panique en « ubérisant » les produits, services et procédés de production que les « industrialisateurs » peaufinaient souvent depuis … des décennies ! Ensuite, la diminution de la quantité de travail humain affectée à une tâche effraie ceux l’exécutent, même si à long terme, elle profite à tous - et en particulier à eux ... - en augmentant le volume total de richesses produites. Cela se comprend bien si personne ne propose une autre activité à ceux dont la tâche habituelle disparaît. Il se trouve enfin que les innovateurs sont franchement minoritaires dans la population. Compte tenu des deux points qui précèdent, ils ont souvent du mal à faire valoir leurs innovations.

De plus en plus
de biens et de services pour chacun

Malgré cela, progrès scientifique et technologique comme industrialisation sont de plus en plus rapides et continuent à accélérer. Ils entraînent plusieurs évolutions fondamentales dans « les travaux et les jours » de l’Humanité. La faible minorité de « chercheurs » produit le savoir scientifique et technologique, sous forme d’information stockée. Une autre minorité d’« ingénieurs » produit les informations nécessaires au phénomène d’industrialisation. Elles sont innombrables : description des produits physiques, description de leurs moyens de production (usines, machines et outillages), description de l’ensemble des savoir-faire et des méthodes, issus du savoir scientifique et technologique … qui se traduisent en particulier par de très nombreuses mesures et normes. Mettre en œuvre les découvertes des chercheurs et l'industrialisation des ingénieurs pour produire des biens et des services est le travail des entrepreneurs, dernière minorité indispensable à la production de richesses et à la prospérité de l'Humanité.

Les résultats concrets de ces démarches sont de plusieurs natures. D’abord, le nombre de biens et de services produits explose littéralement, et leur production individuelle nécessite toujours moins de travail humain (mais aussi d’énergie et de matières premières). Cette production abondante permet ensuite un « décollage » numérique jamais vu de la population humaine - par l'hygiène et les soins médicaux. Et enfin on obtint une amélioration tout aussi inédite des conditions de vie de cette population.

La superstructure abstraite :
monnaie, épargne, crédit

Pour rendre tout cela possible, il faut aussi disposer d’un moyen d’évaluer les uns par rapport aux autres les biens et services existants, et de stocker du travail humain pour le réinvestir dans des projets de moyen et long terme (de quelques semaines à quelques décennies). L’humanité a donc inventé la monnaie, seul moyen connu de mesurer avec la même unité une maison et une coupe de cheveux. Elle permet de disqualifier les innovations non pertinentes : si personne ne veut les acheter, elles disparaissent. En outre, la monnaie permet de « stocker » du travail, par le phénomène de l’épargne qui génère investissement (c'est le « métier » des « riches » - en particulier des « Business Angels ») et crédit (c’est le métier du banquier). L’épargne permet également de « mutualiser » les risques supportés par les uns et les autres tout en laissant ses profits à chacun (c’est le métier de l’assureur). Mais la monnaie n’est pas une « richesse » en soi, et gare aux Etats qui succombent à la tentation de créer plus de monnaie que leurs citoyens ne créent de richesses par leur travail !

Et l'avenir est radieux !

Comment continuer demain ?

Pour le moment, la production de biens et de services mondiale a toujours depuis qu’elle augmente consommé AU TOTAL de plus en plus de matières premières, d’énergie et produit de plus en plus de déchets pour satisfaire les besoins d’une population de plus en plus nombreuse. Les grands enjeux du XXIe siècle sont donc dans deux directions : maîtriser d’une part la consommation de matières premières et supprimer la production de déchets, et produire d’autre part massivement de l’énergie, toujours à coût décroissant. Il y a là de quoi faire travailler chercheurs et ingénieurs pendant au moins cent ans, en reconcevant totalement tout ce qui existe : produits, procédés de fabrication, production d’énergie. L'Humanité est lancée dans cette démarche : aujourd'hui environ 13 millions de chercheurs s'y activent. Ils seront 20 millions en 2020.

Et en France ?

Bizarrement, on n'entend presque JAMAIS nos hommes politiques parler de ces sujets, pourtant semble-t-il fondamentaux. Il est vrai que quasiment aucun politicien français n'a de culture scientifique, technologique ni entrepreneuriale. Pourtant, recherche, industrialisation et innovation s'écroulent en France depuis des décennies, pénalisant aujourd'hui gravement notre commerce extérieur. Evidemment, tout cela dépend directement de la formation de la population - et donc de la volonté politique de la faire « bien » évoluer. Cela est aussi - en apparence seulement - contradictoire avec le grand objectif affiché de nos politiques : « aider les pauvres ». Avec deux voies : leur distribuer de l'argent, ou augmenter la formation et l'investissement du pays pour augmenter la production de richesses. C'est avant tout un problème d'affectation de la dépense publique.

Alors, on s’y met tout de suite …

Pierre TARISSI

ingénieur Arts et Métiers, ESSEC

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14 juillet 2016 4 14 /07 /juillet /2016 15:33

Un remède éblouissant vieux de 4,57 milliards d’années


Cher(e) ami(e) de la Santé,

Laquelle de ces deux recommandations officielles a causé le plus de morts au début du 21ème siècle :

  • « Mangez moins gras »
  • « Ne vous exposez pas au soleil »

Justifiez votre réponse. Vous avez 3 heures.

Voilà un sujet sur lequel plancheront probablement les étudiants en médecine dans une cinquantaine d’années, vers 2070.

C’est sans doute le temps qu’il faudra pour que nos autorités sanitaires s’excusent platement de ces deux conseils épouvantables, répétés sur tous les tons depuis 40 ans.

Comme vous le savez, diaboliser les aliments « trop gras » a détourné les gens des aliments les plus sains qui existent (œuf, poissons gras, noix, huiles d’olive/colza, avocat, etc.) et contribué à déclencher l’épidémie actuelle d’obésité et de diabète.

Mais ce qu’on sait moins, c’est que le discours officiel sur le soleil a fait au moins autant de mal.

Eviter le soleil est aussi dangereux que fumer

Des chercheurs viennent de le prouver par a + b : les femmes qui évitent de s’exposer au soleil vivent moins longtemps que les autres ! [1]

Cette étude, publiée en avril 2016 dans le Journal of Internal medicine, montre que les bains de soleil réduisent nettement le risque de mourir d’une maladie cardio-vasculaire (infarctus, accident vasculaire cérébral, etc.).

Encore plus fort : les chercheurs ont observé que les fumeuses qui s’exposent le plus au soleil ont la même espérance de vie que les non-fumeuses qui évitent le soleil.

Traduction : éviter le soleil est aussi dangereux que fumer !!

Ce n’est pas une étude isolée. D’autres recherches récentes montrent que le soleil a aussi de puissants effets anti-cancers.

C’est statistiquement démontré : les personnes qui s’exposent régulièrement au soleil ont moins de risque de contracter les cancers les plus répandus : du sein, de la prostate et cancer colorectal. [2]

Et si vous déclenchez un cancer, fuir le soleil peut avoir des conséquences tragiques.

Une revue d’étude portant sur 4 440 femmes atteintes de cancer du sein l’a montré : celles qui avaient un taux insuffisant de vitamine D, la « vitamine du soleil », avaient deux fois plus de risque de mourir que celles qui avaient un taux élevé. [3]

Et le cancer de la peau, alors ??

Quelle erreur tragique de s’être focalisé sur le seul cancer de la peau !

D’abord parce que vous avez 80 fois plus de chances de mourir d’une maladie cardio-vasculaire que d’un cancer de la peau. [4]

Ce seul chiffre montre que les bienfaits du soleil l’emporteront toujours sur ses dangers, même si vous vous exposez de manière irresponsable [5] – ce qu’il ne faut pas faire, évidemment (je vous dirai plus loin comment profiter des rayonnements en toute sécurité).

Plus important encore : il faut savoir que le cancer de la peau le plus dangereux, le mélanome, est plus rare chez les personnes qui s’exposent au soleil régulièrement.

C’est un fait : ceux qui passent leur journée dans des bureaux ont plus de mélanomes que ceux qui travaillent en extérieur (agriculteurs, ouvriers en bâtiment, etc.). [6]

De même, ceux qui vivent dans des régions moins ensoleillées sont généralement davantage victimes de mélanome. C’est le cas par exemple de la Californie du Nord, qui connaît 25 % de cas de mélanome en plus par rapport à la Californie du Sud, baignée de soleil. [7]

En réalité, ce que vous devez éviter à tout prix, ce sont les coups de soleil.

Mais si vous vous exposez de façon raisonnable, le soleil est un des médicaments les plus précieux au monde, pour votre santé et votre longévité.

Et le pire, c’est que cela fait au moins 2 000 ans qu’on le sait !

Le soleil, guérisseur universel depuis l’Antiquité

Aucune civilisation traditionnelle n’a fait du soleil un meurtrier en puissance, comme nous le faisons aujourd’hui.

Au contraire, le soleil a toujours été considéré comme un remède universel. Les Grecs parlaient d’heliosis, pour thérapie par le soleil. La tradition yogique avait même forgé un terme spécifique pour désigner les vertus thérapeutiques des bains de soleil : Atapa Snana.

Et si vous regardez bien, les dieux du soleil dans l’Antiquité sont souvent des dieux dotés de pouvoirs guérisseurs.

Plus près de nous, à la fin du 19ème siècle, la thérapie par le soleil faisait des merveilles lorsque les antibiotiques n’existaient pas. On s’est empressé de l’oublier… mais on en retrouve encore des traces dans le sud de la France.

Anecdote personnelle sur la thérapie du soleil

Quand j’étais enfant, je passais l’été chez mes grands-parents à Banyuls-sur-Mer, un paisible village de de la Méditerranée, situé à quelques kilomètres de la frontière espagnole.

Nous allions nous baigner en famille à la « plage du sana ». Je n’ai compris que plus tard d’où lui venait ce surnom : cette plage avait appartenu à un « sanatorium » (clinique pour tuberculeux).

Le sanatorium de Banyuls avait été créé en 1875 pour soigner les enfants « débiles, scrofuleux et lymphatiques », selon les termes médicaux de l’époque.

C’était en pleine révolution industrielle. Beaucoup d’enfants souffraient de pollution, de malnutrition et de carence en vitamine D (la vitamine du soleil). Résultat : ils étaient nombreux à être victimes de rachitisme ou « scrofule », une atteinte tuberculeuse sur la peau.

Les sanatoriums apportaient une bonne alimentation, du bon air et de l’activité physique. Mais le pilier de la guérison était… le soleil. Et cela marchait !

En fouillant dans les archives, j’ai retrouvé un document officiel de 1899 présentant les résultats impressionnants du sanatorium de Banyuls : 59,72 % de guérison complète (admirez la précision !) et 23,61 % d’amélioration [8] !

Voyez ce qu’on pouvait réaliser, sans le moindre médicament !

L’héliothérapie redécouverte… dans la viande des grisons !

Mais c’est grâce à deux médecins suisses, au tout début du 20ème siècle que le traitement par le soleil s’est généralisé comme une traînée de poudre.

Tout est parti d’une intuition du Dr Oskar Bernhard, au moment où il désespérait de réussir à soigner la plaie d’un de ses patients :

« Il me vint soudain l'idée d'utiliser la grande chaleur du soleil et de l'air, puisque le paysan des montagnes grisonnes, depuis la nuit des temps, expose des bouts de viande fraîche à l'air sec et les conserve ainsi en tant qu'aliment délicieux et plein d'énergie, bien connu sous le nom de « viande séchée des Grisons ». Je décidai d'essayer également sur du tissu vivant cette action antiseptique et desséchante du soleil et de l'air. » [9]


Et… il réussit ! La plaie de son patient guérit, et c’est ainsi qu’est née « l’héliothérapie » (thérapie par le soleil). Dans la foulée, son confrère le Dr Auguste Rollier, créait en 1903 la « clinique du soleil » pour soigner la tuberculose osseuse.

Cette technique s’est rapidement répandue. En France, pas moins de 250 sanatoriums ont été créés dans la première moitié du 20ème siècle en France, dont beaucoup au bord de la Méditerranée.

Voici en quoi consistait la thérapie principale (des bains de soleils !) :


C’est une image qui doit faire frémir nos autorités de santé actuelles !

Et pourtant, ce sont nos ancêtres qui avaient raison : jusqu’à l’arrivée salvatrice des antibiotiques, l’héliothérapie était l’un des meilleurs traitements possibles !

Cela ne fait plus de doute aujourd'hui, maintenant que les chercheurs ont redécouvert scientifiquement la puissance thérapeutique du soleil contre de très nombreuses maladies : cancer, crise cardiaque, ostéoporose, infections, dépression, insomnie, maladies de peau… c’est bien LE guérisseur universel !

Et son élixir miracle, c’est d’abord la précieuse vitamine D :

L’incroyable puissance de la vitamine du soleil

La vitamine D n’a rien d’une vitamine « ordinaire ». C’est une quasi-hormone qui agit sur plus de 200 gènes différents, avec des effets thérapeutiques spectaculaires.

Je ne peux pas vous détailler ici tous ses bienfaits, mais sachez que :

  • La vitamine D est indispensable à la santé de vos os : c’est l’une des raisons pour laquelle les Scandinaves ont plus de fractures que tous les autres peuples, malgré leur grande consommation de produits laitiers ;
  • La vitamine D protège contre le cancer (comme je l’ai indiqué au début de cette lettre) ;
  • La vitamine D soutient la santé du cerveau [10] : elle réduit le risque de dépression, d’Alzheimer et ralentit la progression de Parkinson ;
  • La vitamine D renforce votre système immunitaire et vous protège des infections comme la grippe ; [11]
  • Et bien sûr, la vitamine D protège votre cœur contre le risque d’infarctus. [12]

N’est-il pas dramatique de savoir que plus de 8 Français sur 10 sont carencés en vitamine D… simplement parce qu’ils ne s’exposent pas suffisamment au soleil ?

Car le soleil est le seul moyen naturel de fabriquer cette vitamine en quantité suffisante. Même si votre alimentation est irréprochable, vous serez forcément carencé si vous évitez le soleil !

La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de remédier rapidement à une carence avec un bon complément alimentaire de vitamine D (4 000 UI par jour).

La mauvaise, c’est que cela ne vous suffira pas à profiter de tous les bienfaits du soleil, qui ne s’arrêtent pas à la vitamine D, loin de là !

Le soleil réchauffe votre cœur… et soigne votre tension

Car un autre effet spectaculaire du soleil est de baisser naturellement votre tension.

Des chercheurs de l’Université d’Edinburgh l’ont montré dans une étude récente : des patients exposés à des rayons ultraviolets (UV) pendant 20 minutes ont vu leur pression sanguine chuter et leur rythme cardiaque augmenter, avec des effets qui ont duré près d’une heure. [13]

Cela confirme les travaux de chercheurs de l’INSERM, qui avaient montré que l’hypertension artérielle était plus fréquente en hiver qu’en été. [14]

A quoi est dû ce prodige ? A une simple réaction chimique au contact du soleil sur votre peau : du monoxyde d’azote est libéré dans vos vaisseaux sanguins, ce qui a pour effet de les dilater… et de réduire la pression artérielle.

Le soleil est donc doublement bon pour le cœur : via la vitamine D et via le monoxyde d’azote qu’il permet de libérer !

Quand on sait que les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde occidental, on mesure la catastrophe sanitaire des recommandations visant à éviter le soleil !

Et ce n’est pas tout :

Somnifère et antidépresseur naturel

La lumière du soleil est aussi le grand chef d’orchestre de nos rythmes biologiques, façonnés par l’alternance du jour et de la nuit.

La lumière régule notamment la production de la mélatonine, surnommée « l’hormone du sommeil ». Quand la lumière est intense, votre cerveau cesse de produire de la mélatonine, pour vous maintenir éveillé, alerte. Quand le soleil se couche, la mélatonine augmente pour vous préparer au sommeil.

Voilà pourquoi vous dormez mieux et plus profondément après une journée à l’extérieur plutôt qu’enfermé dans un bureau.

Capter la lumière du soleil est aussi l’un des meilleurs antidépresseurs qui existe. Dans plusieurs essais cliniques, la luminothérapie fait au moins aussi bien que les médicaments antidépresseurs (qui ont, eux, de sérieux effets indésirables). [15]

Et on commence à comprendre pourquoi. En fait, la lumière du soleil influence directement la production par notre cerveau de la « sérotonine », une hormone responsable de notre humeur. [16]

Voilà pourquoi vous êtes plus morose et vous avez moins d’énergie en hiver : parce que votre cerveau, privé de soleil, produit moins de sérotonine ! [17]

Comment profiter de votre bonne étoile

Alors, comment profiter des bienfaits du soleil sans ses dangers ? Eh bien en le « consommant » de manière raisonnable, comme tout remède.

Pour fabriquer naturellement la dose de vitamine D dont vous avez besoin, il suffit de vous exposer au soleil en maillot de bain 10 à 20 minutes par jour, entre 11h et 16h.

Attention : cela ne marchera pas si vous mettez de la crème solaire, qui bloque les UV bénéfiques.

Et cela ne marche pas non plus, hélas, de novembre à mars, même si vous passez des heures tout nu au soleil. Car à cette période, en Europe, le rayonnement du soleil est insuffisant pour vous permettre de produire la vitamine D.

Voilà pourquoi il est si important de profiter des moments ensoleillés pour s’exposer quelques minutes, sans crème solaire.

Mais il faut savoir s’arrêter à temps, évidemment ! Le critère le plus fiable pour savoir quand se protéger, c’est le rougissement de la peau. Il faut se mettre à l’ombre avant qu’il ne commence à apparaître.

C’est d’ailleurs un défaut supplémentaire des crèmes solaires (en plus de bloquer la vitamine D) : elles vous incitent à prolonger votre bain de soleil au delà de ce qui est raisonnable pour votre corps.

Mieux vaut profiter naturellement du soleil et se fier à ses sensations : quand vous avez trop chaud, que vous commencez à transpirer ou rougir, c’est qu’il est grand temps de vous mettre à l’ombre !

Et voilà comment illuminer votre santé avec la thérapie soleil !

Bonne santé,

Xavier Bazin

Sources :

[1] Avoidance of sun exposure as a risk factor for major causes of death: a competing risk analysis of the Melanoma in Southern Sweden cohort. Lindqvist PG1 , Epstein E2 , Nielsen K3 , Landin-Olsson M4 , Ingvar C5 , Olsson H6 . J Intern Med. 2016 Mar 16. doi: 10.1111/joim.12496

[2] . Is prevention of cancer by sun exposure more than just the effect of vitamin D? A systematic review of epidemiological studies. Van der Rhee H, Coebergh JW, de Vries E, Eur J Cancer. 2013 Apr;49(6):1422-36. doi: 10.1016/j.ejca.2012.11.001. Epub 2012 Dec 10

[3] Meta-analysis of Vitamin D Sufficiency for Improving Survival of Patients with Breast Cancer. Anticancer Res. Mohr SB, Gorham ED, Kim J, Hofflich H, Garland CF. 2014 Mar;34(3):1163-6

[4] UVA lowers blood pressure and vasodilates the systemic arterial vasculature by mobilisation of cutaneous nitric oxide stores D Liu, BO Fernandez, NN Lang, JM Gallagher, DE Newby, M Feelisch3 and RB Weller. UVA. Journal of Investigative Dermatology (2013) 133, S209–S221. 1247.

[5] "Sunshine could benefit health and prolong life, study suggests." University of Edinburgh ScienceDaily. ScienceDaily, 7 May 2013.

[6] Is there more than one road to melanoma? Rivers JK Lancet. 2004 Feb

[7] Centers for Disease Control and Prevention, National Program of Cancer Registries. United States Cancer Statistics. 2003–2007 Melanomas of the skin, United States

[8] Lutte contre la tuberculose, le sanatorium français, sa possibilité, son organisation, par le Dr Henri Grillot,1901, disponible sur http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5773303t

[9]La tuberculose et l'idéal de l'habitat moderne Rev Med Suisse 2003;

[10] Vitamin D Status and Rates of Cognitive Decline in a Multiethnic Cohort of Older Adults, Joshua W. Miller, PhD et al. JAMA Neurology, Nov 2015

[11] The role of vitamin D in prevention and treatment of infection. Gunville CF, Mourani PM, Ginde AA. Inflamm Allergy Drug Targets. 2013 Aug

[12] Effects of six months of vitamin D supplementation in patients with heart failure: a randomized double-blind controlled trial. Dalbeni A, Scaturro G, Degan M, Minuz P, Delva P Nutr Metab Cardiovasc Dis. 2014 Aug

[13] UVA Irradiation of Human Skin Vasodilates Arterial Vasculature and Lowers Blood Pressure Independently of Nitric Oxide Synthase. Liu D, Fernandez BO, Hamilton A, Lang NN, Gallagher JM, Newby DE, Feelisch M, Weller RB J Invest Dermatol. 2014 Jan 20. doi: 10.1038/jid.2014.27.

[14] Relationship between blood pressure and outdoor temperature in a large sample of elderly individuals: the Three-City study. Alpérovitch A1, Lacombe JM, Hanon O, Dartigues JF, Ritchie K, Ducimetière P, Tzourio C. Arch Intern Med. 2009 Jan 12;169(1):75-80

[15] Efficacy of Bright Light Treatment, Fluoxetine, and the Combination in Patients With Nonseasonal Major Depressive DisorderA Randomized Clinical Trial JAMA Psychiatry November 18, 2015. doi:10.1001/jamapsychiatry.2015.2235

[16] Effect of sunlight and season on serotonin turnover in the brain. Lambert, G. W., & Reid, C., Kaye, D. M. Jennings, G. L., & Esler, M. D. (December 2002). The Lancet, 360(9348), 1840-1842

[17] Seasonal Variation in Human Brain Serotonin Transporter Binding. Nicole Praschak-Rieder, Matthaeus Willeit, Alan A. Wilson, and al, Arch Gen Psychiatry. 2008;65(9):1072-1078

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11 juin 2016 6 11 /06 /juin /2016 16:44

Le vrai secret de santé des centenaires


Cher(e) ami(e) de la santé globale,

Saviez-vous qu’une certaine habitude de vie, en apparence inoffensive, est aussi nuisible pour votre santé que de fumer 15 cigarettes par jour ?

Son importance est souvent sous-estimée, notamment par rapport à ces quatre piliers fondamentaux de la santé :

  • Une bonne alimentation, riche en légumes et pauvre en sucres rapides ;
  • Une activité physique régulière, qui stimule votre cœur et maintient votre masse musculaire ;
  • Une gestion efficace de votre stress, avec un sommeil réparateur ;
  • Une protection contre les poisons de la vie moderne (pesticides, perturbateurs endocriniens, médicaments toxiques etc.)

Bien sûr, si vous suivez ces 4 règles, vous diminuez drastiquement le risque d’être touché par la maladie et la dégénérescence liée à l’âge.

Mais ces efforts peuvent être réduits à néant si vous négligez le 5ème pilier de la santé et de la longévité.

Pour vous le faire découvrir, je vous invite à un petit voyage dans les « zones bleues », ces fascinantes régions du monde où l’on compte le plus de centenaires.

L’île mystérieuse où les hommes vivent aussi longtemps que les femmes

Notre parcours commence par la Sardaigne centrale. Ici, dans les villages de montagne, la longévité des habitants est impressionnante, comparable à celles des habitants d’Icarie en Grèce, l’autre île des centenaires de la Méditerranée.

Mais le plus frappant, c’est que cette région de Sardaigne est l’un des seuls endroits au monde où les hommes vivent quasiment aussi vieux que les femmes ! On compte 10 fois plus d’hommes de plus de 100 ans qu’ailleurs.

Pourquoi ? L’explication la plus vraisemblable risque de vous étonner : parce que ces hommes ont des relations particulièrement riches et étroites avec autrui.

Partout ailleurs dans le monde, on observe que les femmes, comparé aux hommes, ont des contacts beaucoup plus fréquents avec les membres de leurs familles, leurs amies ou leur voisinage. Et c’est sans doute ce qui explique en partie pourquoi elles vivent plus longtemps.

Car dans les villages sardes, où les hommes vivent si vieux, ils ont des relations humaines tout aussi intenses que les femmes.

Quand la chercheuse Susan Pinker s’est rendue sur place pour connaître le secret de leur longévité, elle s’est heurtée à un petit problème logistique : les centenaires qu’elle voulait interroger n’étaient jamais seuls !

Déjà, ils vivaient souvent sous le même toit que leurs enfants.

Là-bas, les maisons de retraite n’existent pas. Et pour cause : voici ce qu’a répondu une femme de 60 ans à Susan Pinker, lorsqu’elle lui a demandé si cela ne lui pesait pas trop d’héberger son oncle de 102 ans, presque sourd et un peu bourru :

« Non, non ! Vous, les Américains ne comprenez pas cela. C’est un plaisir que de m’occuper de lui. Il représente mes racines. Les seniors de ce village sont notre trésor » [1].


Et même lorsqu’ils vivent seuls, ils ne sont jamais isolés.

Prenez l’exemple d’un de ces anciens, Salvatore Pina (94 ans). Lui et ses 3 amis, âgés de 88 à 90 ans [2], passent presque toute la journée ensemble. Ils se voient le matin pour prendre le café. Puis l’après-midi pour jouer aux dominos. Et enfin, ils se retrouvent à nouveau le soir, pour boire le vin local, le Cannonau.

On retrouve cette intense proximité sociale dans toutes les « zones bleues », à commencer par la fameuse « île des centenaires » à Okinawa (Japon).

D’Okinawa à Abkazhan, une même solidarité humaine

A Okinawa aussi, les liens familiaux sont primordiaux, et les personnes âgées sont respectées et honorées.

Mais là-bas, la vie sociale est aussi enrichie par une institution typique, le « moai ». C’est une sorte de « club » dans lequel on est inscrit pour toute la vie, dès le plus jeune âge.

Les membres se rencontrent chaque semaine pour être ensemble, rigoler, chanter ou partager le thé. L’objectif, à l’origine, était de régler des problèmes pratiques de la vie en communauté. Mais rapidement, les « moai » sont devenus des familles étendues, dans lesquelles chaque membre sait qu’il pourra s’appuyer sur les autres en cas de difficulté.

Le chercheur Dan Buettner mentionne le cas de deux femmes qui faisaient partie du même « moai » depuis 98 ans. A 102 ans, elles continuent à se voir, à boire du saké. Il leur arrive de se disputer, comme un vieux couple, mais elles savent qu’à la moindre difficulté, elles pourront compter l’une sur l’autre.

Le « yuimaru », la solidarité, est une valeur clé à Okinawa. Lorsque vous construisez une maison, tout le village est là pour vous apporter de l’aide. Chacun sait qu’il peut compter sur son voisin s’il a besoin d’un coup de main ou s’il tombe malade.

Un bel exemple est cette femme âgée qui tenait une petite boutique familiale. Lorsque son mari est mort et qu’elle n’avait plus grand chose à vendre, les habitants du quartier continuaient à passer la voir, pour faire quelques achats et surtout lui tenir compagnie.

On retrouve la même convivialité et solidarité dans toutes les « zones bleues » où vivent le plus de centenaires. Dans la république d’Abkazhie, dans le Caucase, on trouve souvent 3 ou 4 générations sous le même toit. La vieillesse est perçue comme source de respect et de sagesse, et non comme un fardeau. Même chose à Vilcabamba, au Pérou.

Et quand on regarde ce qui se passe dans nos pays occidentaux, on s’aperçoit que la richesse des relations sociales y est aussi un facteur clé de santé et de longévité.

Les relations humaines, le vrai secret de la longévité

C’est notamment la conclusion de l’extraordinaire « étude d’Harvard », commencée en 1938 et encore poursuivie aujourd’hui.

Depuis près de 80 ans, des chercheurs ont observé minutieusement le parcours de vie de centaines d’Américains. Sur les 724 du départ, 60 sont encore en vie.

Chaque année, ces hommes sont interrogés en détail sur leurs habitudes de vie. Les chercheurs ont aussi accès à leurs dossiers médicaux, leurs analyses sanguines. Ils savent à peu près tout de leur vie, depuis leur adolescence avant la seconde guerre mondiale !

Ils ont pu analyser les habitudes de vie protectrices : celles qui permettent de vieillir en bonne santé… et celles qui menaient à la maladie ou la mort prématurée.

Sans surprise, les chercheurs ont observé que l’alcoolisme, le tabac et l’absence d’activité physique étaient délétères pour la santé.

Mais lorsque le directeur actuel, le Dr Waldinger, a cherché à synthétiser les innombrables enseignements de cette étude, il a eu cette phrase :

« La conclusion la plus nette que nous pouvons tirer de cette étude de 75 ans est celle-ci : de bonnes relations nous maintiennent heureux et en bonne santé. C’est tout. » [3]

La qualité compte au moins autant que la quantité

S’il est aussi affirmatif, c’est que les données qu’il a recueillies vont toutes dans le même sens.

Les hommes qui étaient davantage liés socialement à leur famille, à leurs amis et à leur voisinage étaient plus heureux et vivaient plus longtemps que les autres. Avoir un cercle élargi de relations sociales est bénéfique, alors que l’isolement tue.

Mais la quantité ne fait pas tout. Les chercheurs ont aussi constaté qu’il était aussi primordial d’avoir dans sa vie une ou plusieurs personnes très proches, sur qui vous savez que vous pouvez compter.

De fait, on peut se sentir seul et isolé affectivement au milieu d’une foule… voire au sein de son propre couple. Dans l’étude d’Harvard, par exemple, les mariages très conflictuels avaient des conséquences désastreuses pour la santé mentale et la longévité des conjoints.

En revanche, il apparaît clairement que les mariages stables sont l’un des meilleurs gardiens de la santé qui existe. Plus la relation qui unissait les conjoints était étroite, moins ils subissaient de maladies chroniques, de maladies mentales ou de déclin cognitif.

Cela ne veut pas dire qu’une bonne relation de couple doit être un long fleuve tranquille. Selon le Dr Waldinger, les disputes n’avaient pas d’impact majeur sur la santé, du moment que les époux sentaient qu’ils pouvaient compter l’un sur l’autre en cas de difficulté.

Sceptique ? Une rafale d’études qui le confirment

Depuis l’étude d’Harvard, l’impact des relations sociales sur la santé suscite la passion des scientifiques.

En 2010, les chercheurs de l’Université de Birmingham ont étudié statistiquement le mode de vie de 309 000 britanniques [4]. Ils ont découvert que ceux qui avaient de fortes attaches familiales et amicales avaient presque deux fois moins de chance de mourir prématurément que les personnes isolées.

Avoir de bonnes relations humaines était nettement plus protecteur que de faire de l’activité physique ou de ne pas être en hypertension.

Plus étonnant encore : d’après cette étude, être isolé était plus délétère pour la santé que de fumer 15 cigarettes par jour !

Bien sûr, il n’est pas toujours facile de démêler les causes et les effets. Etre heureux et en bonne santé facilite les relations avec les autres, alors que la maladie peut conduire mécaniquement à se couper d’autrui.

Mais les recherches récentes sont unanimes à conclure qu’il y a bien un lien direct de cause à effet entre l’isolement et la santé :

  • En 2014, des psychologues de l’Université de Michigan ont découvert que les personnes ayant peu de relations humaines avaient plus de risques de faire une crise cardiaque que celles qui sont bien entourées [5] ;
  • En 2015, une revue d’étude a montré que l’isolement social augmentait le risque de mortalité de 30 %, un chiffre comparable aux autres grands facteurs connus de mortalité [6] ;
  • En 2016, des chercheurs de l’Université de Caroline du Nord ont montré que les personnes bien entourées avaient une meilleure tension artérielle que les autres, ainsi qu’un niveau moins élevé d’inflammation.

Une dernière étude américaine a montré que les personnes âgées isolées souffrent deux fois plus de déclin cognitif que celles qui ont des liens étroits avec leur famille, leurs amis et leur voisinage [7].

La puissance thérapeutique des relations humaines ne fait plus de doute. Ce qui reste à comprendre, c’est la façon dont cette magie opère.

Mais d’où vient ce prodige ?

Une des raisons de cet effet thérapeutique n’a rien de mystérieux : lorsque vous êtes entouré, vous avez tout simplement plus tendance à faire attention à vous, à votre alimentation et à votre activité physique.

Ma tante de 88 ans vit seule et a perdu la vue il y a quelques années. Les jours où personne ne vient la voir, elle se nourrit à peine… alors qu’elle mange de bon cœur lorsqu’elle est entourée.

Mais l’isolement impacte aussi directement le fonctionnement même de nos cellules.

Subir un déficit affectif a les mêmes effets sur l’organisme qu’un stress chronique : notre tension est plus élevée, nos hormones sont aux aguets, notre cœur est sur le qui-vive… toutes choses qui épuisent nos cellules et nous rendent plus vulnérables aux maladies chroniques.

A l’inverse, lorsque nous sommes aimés et entourés, nos fonctions physiologiques sont harmonisées… et notre santé est protégée.

Le seul fait de prendre quelqu’un dans ses bras déclenche les hormones d’ocytocine et de vasopressine qui réduisent le stress, la douleur et favorisent la guérison des cellules.

Des chercheurs de l’Université de Californie vont plus loin encore. Ils pensent que les contacts sociaux ont un effet direct sur nos gènes, et en particulier ceux qui régulent notre système immunitaire… et combattent le cancer [8].

Et le fait est que, parmi des femmes touchées par un cancer du sein, celles qui ont un réseau social actif et de nombreuses interactions avec autrui ont quatre fois plus de chances de survivre que les femmes les moins entourées [9].

Alors quelle que soit la raison exacte de ce petit prodige, ce qui compte, c’est de s’y mettre !

Et si l’on faisait des efforts ?

Le problème est qu’il est plus facile de mettre des brocolis dans son assiette que d’entretenir des relations riches et agréables avec sa famille, ses amis et son voisinage.

C’est un travail de toute une vie, qui ne s’arrête jamais. Et il est vrai que ce qui est facile et inné pour certaines personnes est beaucoup plus compliqué pour ceux qui sont moins à l’aise socialement.

Mais la vérité, dans ce domaine comme dans d’autres, c’est qu’avoir de bonnes relations demande d’abord des efforts, tout simplement.

Et il serait temps d’attacher au moins autant d’importance à ces efforts-là qu’à ceux visant à arrêter de fumer ou se mettre au jogging.

Voici quelques pistes pour élargir votre cercle social. Vous les connaissez aussi bien de moi, mais une piqûre de rappel ne fait pas de mal :

  • Rejoignez ou créez un groupe autour d’une même passion. Que ce soit pour faire de la randonnée, jouer aux cartes ou faire de la photo, essayez d’imiter les anciens d’Okinawa en vous créant votre « moai » bien soudé.
  • Essayez des activités qui vous feront rencontrer de nouvelles personnes. Si vous vous mettez à des activités bénéfiques comme le yoga, la danse ou le tai chi, vous ferez même d’une pierre deux coups pour votre santé !
  • Résistez à l’envie de dire « non » aux invitations : on a toujours une bonne raison de rester tranquillement chez soi, mais cela vaut la peine de faire l’effort de sortir de son petit confort !
  • N’hésitez pas à participer à une activité associative d’aide aux autres. Non seulement vous y rencontrerez d’autres personnes, mais le simple fait de « donner » de son temps pour d’autres a des effets bénéfiques pour la santé.
  • Essayez d’enrichir votre relation avec les personnes que vous croisez régulièrement (voisins, commerçants, etc.). Apprenez à mieux les connaître.
  • Passez du temps avec les membres de votre famille. Organisez des repas ou des sorties pour les rassembler. Contactez ceux avec qui vous n’avez pas parlé depuis des années. Faites la paix, oubliez les vieilles rancunes.
  • Ne laissez pas vos amis s’éloigner. Montrez-leur qu’ils peuvent compter sur vous. Et n’hésitez pas à montrer vos points de vulnérabilité ou à partager vos secrets : c’est une des clés pour cimenter une relation de confiance réciproque.

Et bien sûr, si vous êtes en couple, prenez le plus grand soin de votre relation. Efforcez-vous de faire davantage de choses ensemble au quotidien (marcher, manger, parler, etc.). Essayez de nouvelles activités à deux. Et ne passez pas une seule journée sans contact physique affectueux.

Le (regretté) Dr David Servan-Schreiber le résumait à sa façon [10] :

Ce qui importe, c’est le sentiment de pouvoir être soi, complètement, avec quelqu’un d’autre. De pouvoir se montrer faible et vulnérable autant que fort et radieux. De pouvoir rire mais aussi pleurer. De se sentir compris dans ses émotions. De se savoir utile et important pour quelqu’un. Et d’avoir un minimum de contact physique chaleureux. D’être aimé, tout simplement.


Le paradis, c’est les autres.

Bonne santé,

Xavier Bazin
Fondateur de Santé Corps Esprit

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3 mars 2016 4 03 /03 /mars /2016 11:27

Miguel de Unamuno

Romancier, poète, dramaturge, critique littéraire et philosophe

Œuvres principales

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Miguel de Unamuno, né le 29 septembre 1864 à Bilbao et mort le 31 décembre 1936 (à 72 ans) à Salamanque, est un poète, romancier, dramaturge, critique littéraire et philosophe espagnol appartenant à la génération de 98.

Miguel de Unamuno figure parmi les plus grands écrivains de l'Espagne de son époque, dont il est particulièrement représentatif : il est décrit comme un homme de passions animé par de multiples contradictions, ce qui en fait un personnage assez typique de l'Espagne de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

Sommaire

Biographie

En 1888, à l’âge de 24 ans, Miguel de Unamuno postule au poste de professeur de basque (langue qu'il parlait) qui est octroyé à Bilbao par la députation forale de Biscaye. Mais, se trouvant en concurrence avec Sabino Arana (23 ans), fondateur du parti nationaliste basque démocratique, et Resurreccion Maria Azkue (24 ans), qui deviendra président de l’académie de la langue basque en 1919, Unamuno n’obtient pas le poste. Il part ensuite pour Salamanque et, entre 1891 et 1901, il devient professeur de grec à l’université de Salamanque.

En 1897, il traverse une crise religieuse provoquée par une maladie cardiaque dont son Journal intime porte le témoignage. La perte de Cuba lui apparaît comme le symbole du déclin de l’Espagne et devient le point de départ de la Génération de 98, mouvement d’écrivains qui se donnaient pour mission la régénérescence culturelle de leur peuple et qui réunit à côté d’Unamuno, Valle-Inclán, Antonio Machado ou encore Juan Ramón Jiménez. Ils participent dans beaucoup de journaux et de publications collectives littéraires ou culturelles, comme La Esfera, Nuevo Mundo, Mundo Gráfico, La Ilustración Española y Americana, Alma Española, España, Faro, La España Moderna, où Miguel de Unamuno écrit sur le Pays basque1, évoque les prémices d'une guerre civile à venir2, celles de l'européanisation de l'Espagne3 et dans lesquelles il aborde beaucoup les différents thèmes culturels de son pays4,5,6.

Il occupe les fonctions de recteur de l’université de Salamanque à partir de 1900, mais se voit destitué de sa charge en 1914 en raison de son hostilité envers la monarchie. Ses articles virulents lui valent d’être contraint de s’exiler aux îles Canaries en 1924. La chute de Primo de Rivera provoque son retour six ans plus tard, en 1930. Il retrouve alors son poste de recteur lors de la proclamation de la République. Élu député, il livre un dernier combat contre tout pouvoir dictatorial lors d’une grande cérémonie franquiste (le jour de la fête de la Race espagnole) où il prononce un discours resté célèbre. Il répond au professeur Francisco Maldonado qui attaque les nationalismes basque et catalan et s’en prend à l’évêque de Salamanque et au général Millán-Astray (fondateur de la légion étrangère espagnole). Il manque d’être lynché. Il ne devra son salut qu’à l’épouse de Franco, Doña Carmen Polo, qui le prit par le bras et le raccompagna jusque chez lui. Il sera destitué de son poste de recteur.

Il meurt assigné à résidence alors qu’il avait initialement accueilli favorablement le soulèvement de Franco contre la république espagnole.

Sa philosophie

Principal représentant espagnol de l’existentialisme chrétien, il est surtout connu pour son œuvre Le sentiment tragique de la vie , qui lui valut la condamnation du Saint-Office. Il représente assez fidèlement les tourments de l’âme espagnole quant à l’idée de la possibilité donnée à tous d’être mystique. Dans Le Christ de Vélasquez, poème inspiré du tableau du maître du Siècle d'or, il expose sous une forme poétique sa christologie, dans la tradition de Luis de León.

Miguel de Unamuno fait reposer sa philosophie sur l’idée d’un sentiment premier et spontané que nous avons du monde ; sentiment qui détermine ce que nous appelons idées, raison et tout le registre des sentiments ; l’opposition du cœur et de la raison n’étant que circonstancielle. Ce sentiment est en effet pour l’essentiel constitué par une sensibilité à la finitude, s’exprimant particulièrement par une soif d’immortalité que rien d’extérieur ne peut étancher. Ce sentiment premier impose donc la réconciliation du cœur et de la raison, condition d’un rapprochement subjectif avec l’éternité et avec Dieu.

Du point de vue de la religion, Miguel de Unamuno met l’accent sur la dimension de lutte : lutte qu’il considère comme au cœur de la foi chrétienne ; lutte qu’il pose comme dimension essentielle de la vie « La lutte pour la vie est la vie elle-même ». Ainsi, la vérité est-elle dans la vie ainsi conçue, c’est-à-dire loin d’un donné auquel il faudrait se soumettre ; ce qui en fait un précurseur de l’existentialisme.

Œuvres

  • Autour de la caste, 1895.
  • Trois essais, 1900.
  • La Vie de Don Quichotte et de Sancho Pança, 1905.
  • Le Sentiment tragique de la vie chez les hommes et chez les peuples, trad. par Marcel Faure Beaulieu, 1912.
  • « Abel Sánchez. Une histoire de passion », 1917, trad. par Emma H. Clouard, 1939.
  • L’Essence de l’Espagne, cinq essais trad. par Marcel Bataillon, 1923.
  • L’Agonie du christianisme, trad. par Jean Cassou, 1925.
  • Comment se fait un roman, où il justifie le recours à la forme romanesque comme mode d’exposition philosophique.
  • Le Christ de Velazquez, trad. de Mathilde Pomès, 1938; et nouvelle trad. de Jacques Munier, 1990.
  • Le Roman de Don Sandalio, joueur d’échecs, trad. d’Yves Roullière, 1997.
  • La Tía Tula, écrite en 1907, publiée en 1921
  • Trois nouvelles exemplaires et un prologue
  • Journal intime, trad de Paul Drochon, 1989.

Quelques citations de l’auteur

« Ce que l’homme cherche dans la religion, c’est de sauver sa propre individualité, de l’éterniser, ce qu’on n’obtient ni avec la science, ni avec l’art, ni avec la morale. »

« Dire que Dieu existe, sans dire ce qu’est Dieu et comment il est, équivaut à ne rien dire. »

« Ni le sentiment n'arrive à faire de la consolation une vérité, ni la raison n'arrive à faire de la vérité une consolation. »

« Il n’est pire intolérance que celle de la raison. »

« Il n’y a pas d’opinions, mais des gens qui donnent la leur. »

« Cette université est le temple de l’intelligence et je suis son grand prêtre. Vous profanez son enceinte sacrée. Malgré ce qu’affirme le proverbe, j’ai toujours été prophète dans mon pays. Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas. Vous vaincrez parce que vous possédez une surabondance de force brutale, vous ne convaincrez pas parce que convaincre signifie persuader. Et pour persuader il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la raison et le droit dans votre combat. Il me semble inutile de vous exhorter à penser à l’Espagne. J’ai dit... »

— Miguel de Unamuno lors de sa dispute avec Millán-Astray

« La véritable science enseigne, par-dessus tout, à douter et à être ignorant. »

« Quelle surabondance de philosophie inconsciente dans les replis du langage ! L’avenir cherchera le rajeunissement de la métaphysique dans une métalinguistique. »

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1 mars 2016 2 01 /03 /mars /2016 12:36

J'ai osé emprunter à notre illustre académicien son dernier paragraphe de son livre au titre pris à un poème de Louis Aragon 1897/1982.

" Je dirai malgré tout que cette vie fut belle qu'à qui voudra m'entendre à qui je parle ici n'ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci Je dirai malgré tout que cette vie fut belle "

Le Chemin la vérité et la vie,

Franchement il n'y avait pas de quoi monter au mât et rameuter tout le quartier. Il m'est arrivé une aventure assez banale qu'ont connue pas mal de garçons et de filles autour de moi ou ailleurs et dont j'ai peut-être eu tort de parler si longuement--mais je ne parviens pas à m'y faire : je suis né. Je me suis glissé quelque part dans l'espace et le temps .C'est une expérience très étrange . Je ne suis pas près de l'oublier .

Il me semble parfois que les choses se sont faites presque toutes seules et que je n'y suis pour rien . Je n'ai pas choisi de naître . Je ne suis pas arrivé n'importe quand . On ne m'a pas déposé n'importe ou .Je n'ai pas débarqué hier devant Troie, entre Achille et Ulysse. Ni avant-hier pour la guerre du feu. Ni demain ou après-demain parmi des robots distingués et de plus en plus savants.Non. Je me suis retrouvé sans le savoir entre deux guerres mondiales, au temps de Staline et d'Hitler, dans un corps qui, bon gré ,mal gré, a été le mien pour toujours--c'est à dire pour un éclair.

Je suis tombé comme de la lune dans un vieux pays qui vient de loin, chargé de gloire et de souvenirs, couvert de plaies et de bosses, perclus de querelles et de divisions, sûr de lui et de son charme, au bord de la suffisance, et déjà sur son déclin. Il a été pendant des siècles le plus fort, le plus riche, le plus séduisant. Il se retrouve appauvri et bougon. Tous semble se déglinguer de partout. Sa langue surtout, son bien le plus précieux,qui brillait de mille feux et régnait sur l'Europe qui régnait sur le monde, se défait de jour en jour. Confucius le savait déjà à l'époque de Platon et de Sophocle : il faut prendre garde aux mots. Une langue qui faiblit, c'est un pays qui vacille .

Nous nous imaginons toujours être le centre du monde. Mais la Chine, l'Inde, le Brésil,l'Afrique du Sud, des Emirats improbables, hier encore regardés de très haut, se mettent avec férocité à nous manger des pâtés sur la tête. L'histoire se détourne de la terre des grands rois et des grands capitaines, de tant de peintres et de poètes, aux confiseurs de génie et aux femmes de légendes. La fête est finie. On ferme. Les salons, les jardins, les calembours, la gaieté, la puissance et l'élégance, la hauteur et la grandeur sont tombés dans l'oubli. Il n'y a plu que l'argent pour faire encore le malin et tenir le haut du pavé. La crainte de l'avenir a remplacé l'insouciance et un air de chagrin se respire dans les rues.

Ah! je vous entend d'ici. La fameuse ritournelle. Une sorte de long gémissement :"C'était mieux avant." Non, ce n'était pas mieux avant. Avant, il y avait des guerres, tout le monde mourrait plus tôt, les pauvres étaient plus pauvres encore, tous souffraient davantage. La vie était plus difficile. Personne ne supporterait de revenir en arrière. Les gens sont plus heureux aujourd'hui qu'ils ne l'étaient hier. Mais ils ne le savent pas. Ce n'est jamais mieux avant. Ni pire. C'est sans fin la même chose.

Le monde est rude autour de nous. Il l'a toujours été. Depuis le jardin d'Eden et la fin de Néandertal détruit par Cro-Magnon, il n'a jamais été paisible. Tout va le plus souvent assez mal--c'est à dire plutôt assez bien. Avec des catastrophes et des bonheurs. Tout oscille toujours entre ascension et déclin. L'histoire ne cesse jamais d'être un désastre et une fête. Le progrès frappe comme un sourd à coups redoublés. Et il entraine avec lui un cortège de souffrances toujours mêlées d'espérance. La clef de l'affaire, c'est que le monde est en train de changer. Il a toujours changé. Mais--sauf tout au début ou les choses m'assure-on, se bousculent à une allure effarante--Il changeait très lentement. On pouvait compter sur l'avenir. Avec quelques coups de théâtre qui vous laissant pantois--la conquête du feu, l'invention de la roue, de l'agriculture, de la ville ou de l'écriture ..., demain ressemblait plus ou moins hier . Voilà que le manège s'est soudain emballé. Tout s'est mis sous nos yeux à changer de plus en plus vite. Et peut-être un peu trop vite.

Dans ce tohu bohu, je n'ai que trois convictions.

La première est la plus simple et la plus lumineuse : rien n'est plus beau que ce monde passager, si cruel et si gai, éclairé et réchauffé-- quelle chance!--par une étoile que nous appelons le soleil et ou--quelle chance ! il y a de l'eau, des chèvres, des montagnes, des histoires de guerre et des chagrins d'amour, des chiffres, des livres, des secrets, ces oliviers et ces éléphants dont j'ai déjà parlé, des ambitions, des passions,des idées soudain nouvelles qui éclatent comme des grenades et des rêves de jeunes filles. En dépit de tant de malheurs et de tant de chagrins,c'est un bonheur d'être né .

Apparemment opposé à la première, la deuxième a quelque chose de plus sombre : naître, c'est commencer à mourir et la vie que j'ai tant aimée est une espèce d'illusion appelée avec évidence à se dissiper au plus vite et à périr à jamais. Cette deuxième conviction l'emporte de loin sur la première. Avec ses bonheurs et sa tristesse, avec ces drames et ces enchantements, l'existance sur cette terre m'apparaît comme un sas, une sorte de stage, une épreuve, un examen de passage-- mais vers quoi, et vers ou ?

Ma troisième conviction est la moins assurée et la plus contestable. Elle prend la forme d'un pari :je ne crois pas à un hasard qui aurait organisé, avec une rigueur et un génie surprenants, le monde autour de moi, et moi-même par dessus le marché. Malgré tous mes doutes, je mets mon espérance dans une nécessité obscure et dans une puissance inconnue ou je vois la source de cette vérité, de cette justice et de cette beauté dont nous ne connaissons que les reflets et qu'il est convenu d'appeler Dieu .

Il n'est pas sur que Dieu soit mort ni que le monde soit absurde. je penche plutôt pour un secret, une énigme, un mystère qui ne dépende pas de moi, qui renvoient à autre chose et qui me reste obscurs.

Il n'y a , en fin de compte, qu'une seule chose de certaine: je vais mourir. La vie a été pour moi une aventure plutôt plaisante. J'attends, sans impatience, une autre espèce d'aventure, aussi banale et aussi excitante que mon arrivée sur les planches de cet illustre théâtre : l'heure de ma retraite et de mes adieux à la scène. J'imagine déjà le tableau, dans le genre, par exemple,de ces vignettes naïves ou une famille effondrée s'abandonne au chagrin. Un peu d'exaltation. De la sobriété. De l'émotion. Beaucoup de dignité. Quelques larmes. Peut-être des dames en noir. Le défunt était si charmant. Et Je me désole de mon absence à mes propres funérailles. Un peu de gaieté fera défaut .

Le temps va venir très vite ou je vais me trouver devant Dieu. Ou je vais me trouver devant Dieu... Pour nous, pauvres vivants, tous est sujet à caution et à doute dans ces mots incertains. Quand je me trouverai devant Dieu, il n'y aura peut-être plus rien du tout. Il n'y aura plus de temps. Je ne serai plus là pour comprendre qu'il n'y a plus rien. Et il n'y aura peut-être pas de Dieu.

Je ne sais pas si Dieu existe. Dieu, ou la nature, m'a refusé le don de la foi. Qui suis-je pour répondre par oui ou non à une question qui nous dépasse? Dieu, ou la nature, ne m'a pas permis de décider d'un secret et d'un mystère si loin au dessus de moi. Dans le doute qui me harcèle et souvent m'envahit brille portant l'espérance. Unamuno dit quelque part que croire à Dieu consiste peut-être a espérer qu'il existe. Alors, oui, je crois à Dieu. Parce que j'espère qu'il existe.

Quand le paraîtrai devant ce Dieu à qui je dois tout--ma vie, mes bonheurs, mes chagrins, ma gaieté qui était vive et mes doutes qui étaient cruels--,je me jetterai à ses pieds et je lui dirai:---Seigneur,pardonnez moi.je vous ai beaucoup trahi. J'ai été indigne de la grandeur et de la confiance qui vous m'aviez accordées puisque, dans votre bonté, vous m'avez donné le jour et laissé libre de mes choix. Ma médiocrité, je la vomis avec force, mais hélas ! un peu tard. Je n'ai été ni un héros, ni un martyr, ni un saint. Je me suis occupé de moi beaucoup plus que de ceux que vous m'aviez confiés comme frères. J'ai été indigne des promesses dont vous m'aviez comblé. J'ai reçu beaucoup plus que que je n'ai jamais donné. La paresse, la vanité, l'indifférence aux autres, le goût de gagner, le délire de vouloir être toujours au premier rang des premiers, je leur ai trop sacrifié. j'ai vécu dans le tumulte et dans l'agitation. J'ai recherché le bonheur,et trop souvent le plaisir.

Vous le savez mon Dieu. J'ai aimés les baies, votre mer toujours recommencée, votre soleil qui était devenu le mien, plusieurs de vos créatures, les mots, les livres, les ânes, le miel, les applaudissements dont j'avais honte, mais que je cultivais. J'ai aimé tout ce qui passe. Mais ce que j'ai aimé surtout, c'est vous qui ne passez pas. J'ai toujours su que j'étais moins que rien sous le regard de votre éternité et que le jour viendrait ou je paraîtrais devant vous pour être enfin jugé.
Et j'ai toujours espéré que votre éternité,de mystère et d'angoisse était aussi et surtout une éternité de pardon et d'amour.

"Je n'ai presque rien fait de ce temps que vous m'avez prêté avant de me le reprendre. Mais, avec maladresse et ignorance, je n'ai jamais cessé, du fond de mon abîme, de chercher le chemin, la vérité et la vie."

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